« Ce nouveau Monde appelle un effort de synthèse pour être compris. Le grand défi des sciences humaines du XXIème siècle sera de penser globalement ses mutations. L’enjeu n’est rien de moins que d’infléchir sa trajectoire vers le meilleur, de léguer à nos enfants un futur qui devra prolonger et améliorer les acquis sans précédents dont nous jouissons aujourd’hui. » Ainsi s’achève l’éditorial de Laurent Testot, journaliste au magazine Sciences Humaines, qui a coordonné ce dossier fort intéressant sur la mondialisation et notre société en général.
Les contributions ou interviews de géographes (Sylvie Brunel, Michel Lussault), de géopoliticiens (René-Eric Dagorn), d’économistes (Jeremy Rifkin), de sociologues (Julien Damon), de philosophes (Marcel Gauchet) sont rassemblées ici pour nous aider à penser le monde qui nous entoure. Un Monde avec une majuscule comme nous invite à le considérer Michel Lussault qui veut rompre avec une « vision continuiste de la mondialité » et insiste sur « la radicale nouveauté du Monde comme espace social à l’échelle globale », innovation qui justifie selon lui l’emploi de la majuscule. La clé de lecture de notre Monde n’est pas la mondialisation mais l’urbanisation qui a modifié profondément nos sociétés. La mobilité a, elle aussi, changé en profondeur les sociétés. L’hyperspatialité (la capacité à se connecter en tout lieu à tout lieu) n’a pas encore révélé tous ses ressorts. « Songez qu’il y a encore dix ans, les Smartphones, les tablettes et tous les autres outils numériques dont nous ne pouvons plus nous passer n’existaient pas encore ! » Michel Lussault estime qu’il faut cesser de penser le Monde d’aujourd’hui avec des outils conceptuels d’hier (ceux du XIXème siècle). Le Monde d’aujourd’hui doit être lu à travers trois paradigmes : l’urbanité, la mobilité et la vulnérabilité. Pour lui, l’échelle étatique a vécu et il faut inventer autre chose : « « un parlement urbain » qui donnerait une voix à des représentants de ces aires urbaines qui comptent tant aujourd’hui, et un parlement de la Terre » qui pourrait être le lieu où les questions de nature mondiale seraient traitées. » Cette analyse décoiffante, accompagnée de propositions, montre, s’il en était besoin, que les géographes ont beaucoup à apporter à la lecture de notre Monde.
Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes