« Population & Avenir, revue indépendante alliant rigueur et pédagogie, vous présente une analyse originale des enjeux actuels. Vous y trouverez une source d’informations, de réflexions et d’argumentaires amplement illustrés par des cartes, des graphiques, des tableaux, des schémas… »

ÉDITORIAL par Gérard-François DUMONT
PROCHE-ORIENT : Le facteur démographique du conflit israélo-arabe

Les ressorts de la discorde au Proche-Orient ne sont pas seulement géopolitiques ou religieux. L’histoire démographique offre aussi une clé de lecture et de compréhension des conflits dans cette région du monde.

L’histoire démographique du Proche-Orient est effectivement intimement liée à sa géopolitique conflictuelle. Les migrations et la mortalité sont à la fois conséquences et sources des conflits, tandis que la natalité soutenue des Juifs et des Arabes peut être appréhendée sous l’angle d’une compétition. Les guerres au Proche-Orient rappellent avec force les enjeux politiques des phénomènes démographiques.

 

DOSSIER par Alain PARANT

Politique familiale et vitalité démographique – Les cas singuliers de la Suède, de l’Allemagne et de la France

Dans le monde, la natalité diminue du fait, notamment de la baisse de la fécondité. En Europe, des pays comme la Suède et l’Allemagne, cherchent à y répondre en rénovant leurs politiques familiales. Mais d’autres, comme la France, ne tardent-ils pas à réagir ?

La Suède s’est progressivement dotée depuis les années 1930 d’une politique familiale extrêmement développée, en facilitant par exemple l’accès au logement des jeunes ménages et en leur garantissant un meilleur niveau de vie. La politique familiale suédoise cherche aussi à rendre compatibles travail féminin et vie familiale avec l’instauration d’un congé parental en 1974. En parallèle, l’accueil de la petite enfance s’est très nettement développée.

En Allemagne, en raison du passé très explicitement nataliste du Troisième Reich, envisager des dispositifs public de relance de la fécondité est longtemps demeuré tabou et l’objet de virulentes attaques. Dans les années 1990, plusieurs mesures concernant les familles furent bien prises. Mais elles préservaient le modèle traditionnel en incitant plutôt les mères de jeunes enfants à ne pas travailler. Relancer la natalité, créer un environnement à méme de favoriser les libres choix de vie individuels et, indirectement, soutenir la compétitivité économique de l’Allemagne sont les objectifs alors visés à partir de 2005. Deux mesures ressortent plus particulièrement : la réforme de l’allocation parentale et le développement des infrastructures d’accueil des jeunes enfants. Mais leur impact sur le niveau de la fécondité s’est avéré mitigé. L’essentiel de sa hausse incombe aux femmes de nationalité étrangère, le pic de 2016 étant à relier à l’entrée massive, l’année précédente, de plusieurs centaines de milliers de femmes réfugiées syriennes, irakiennes, érythréennes et afghanes. Dans le même temps, la fécondité des femmes de nationalité allemande s’est maintenue entre 1,4 et 1,5 enfant par femme, la hausse de 2021 tenant à une récupération post-covid.

En France, depuis la moitié des années 2010, la fécondité n’est plus exceptionnelle en Europe, non plus que sa politique familiale. C’est l’ordonnance du 4 octobre 1945, qui établit le nouveau régime de sécurité sociale et intègre les caisses d’allocations familiales dans sa structure, ce qui constitue véritablement l’acte de naissance de la politique familiale en France. Pendant cet « âge d’or » de la politique familiale, la France enregistre une spectaculaire remontée de la natalité qui contraste avec la première moitié du XXème siècle. Mais la politique familiale française a peu à peu perdu son caractère universaliste et a pris un tour social de plus en plus marqué. Entreprendre de la rénover serait « une preuve de confiance collective dans l’avenir, une opportunité de réenchanter les jeunes générations adultes, quand bien même l’incidence sur la fécondité et la natalité futures serait limitée ».

 

Document pédagogique (libre de droits)

La France, championne d’Europe des naissances hors mariage

Exercice pédagogique par Eric GACHET

Comprendre un territoire transfrontalier, entre tensions et coopérations

Cette proposition s’insère dans le thème 3 du programme de Troisième de Géographie intitulé « La France et l’Union Européenne« .

Dans la 1ère étape, les élèves analysent un corpus documentaire composé de cartes, textes et graphiques toujours en lien avec des processus transfrontaliers concernant la France. Puis, dans une deuxième étape, ils réalisent un schéma d’organisation et de dynamique transfrontalière à partir d’un texte.

 

Analyse par Jean-Marc ZANINETTI
ÉTATS-UNIS : au Sud, la ségrégation en aggravation ou en recul ?

Les États-Unis ont connu une longue histoire de ségrégation imposée à la minorité noire. Cette ségrégation est restée plus forte dans le sud. Mais, depuis le début du XXIème siècle, cette ségrégation dans le Sud américain s’est-elle aggravée ou est-elle en recul ?

Le recensement décennal permet de faire le point sur la ségrégation résidentielle des 40 millions d’Afro-Américains résidant aux États-Unis, dont 97% habitent dans une aire métropolitaine en 2020. Il s’agit ici d’examiner 13 métropoles des États du Sud de 750 000 habitants ou plus et comptant au moins 20% de population afro-américaine pour illustrer les évolutions de la ségrégation.

La dualité urbaine « ville chocolat » et « banlieue vanille » est-elle toujours d’actualité ? La ségrégation résidentielle des 2 communautés baisse de manière tendancielle de recensement en recensement et, au XXIème siècle, l’enfermement de la communauté afro-américaine dans des quartiers spécifiques recule de manière mesurable. Le déclin de la ségrégation dans les métropoles du Sud à forte minorité afro-américaine est donc incontestable.

 

Le point sur… par John F.MAY et Jack Z. SIMPSON
AMÉRIQUE LATINE : bouleversement démographique et évolution des politiques de population

En quelques décennies, l’Amérique Latine a connu un bouleversement démographique de très grande ampleur : baisse considérable du taux de mortalité, fécondité divisée par 3, entrée dans une période de fort vieillissement de sa population.

La transition démographique extrêmement rapide a modifié la structure par âge de la population d’Amérique Latine. Le nombre de personnes en âge de travailler s’abaisse et le nombre de personnes âgées de 65 ans ou plus augmente. Au cours de leur transition démographique, les pays d’Amérique latine ont également connu une importante urbanisation.

L’efficacité du soutien états-unien aux activités de planification familiale en Amérique latine sur la baisse de la fécondité dans la région fait l’objet de débat. Certaines études ont montré que cette baisse en Amérique latine était endogène et qu’elle aurait eu lieu indépendamment de l’aide extérieure et/ou de la croissance économique. D’autres études confirment que la baisse de la fécondité résultait principalement de choix reproductifs des classes moyennes et inférieures. En tout cas, la fécondité moyenne de l’Amérique latine est depuis le milieu des années 2000 inférieure au niveau de simple remplacement de 2,1 enfants par femme.

L’opportunité potentielle était la possibilité de capturer ce que l’on appelle le « dividende démographique », c’est-à-dire un surplus économique déclenché par un changement relatif dans la composition par âge de la population. Il pourrait ainsi contribuer à l’amélioration des résultats économiques et à  la réduction de la pauvreté.

Mais la population d’Amérique latine pourrait diminuer à l’avenir si les tendances actuelles se poursuivent, avec une première année de croissance négative de la population de la région projetée vers 2060. Par conséquent, une nouvelle question politique se pose aux pays de la région : comment se préparer à une ère de fort vieillissement de la population ? Confrontés à ce nouveau défi, les pays d’Amérique latine explorent différent politiques concernant essentiellement les systèmes de retraite et de santé.