« Population & Avenir, revue indépendante alliant rigueur et pédagogie, vous présente une analyse originale des enjeux actuels. Vous y trouverez une source d’informations, de réflexions et d’argumentaires amplement illustrés par des cartes, des graphiques, des tableaux, des schémas… »

EDITORIAL par Gérard-François DUMONT
FRANCE : LA FIN DE L’URBANISATION ?
Le taux d’urbanisation a fortement augmenté en France depuis le début du XIXème siècle. Il est passé de moins de 10% à 77,5% en 2007 selon l’INSEE. Les raisons sont bien connues : développement de centres industriels attirant l’émigration rurale, puis développement des activités tertiaires et enfin métropolisation en lien avec la mondialisation. Toutefois, on constate une stagnation depuis le début des années 2010. A Paris, le solde migratoire est négatif d’environ 50000 personnes par an. Parallèlement plusieurs départements touchés par une fort exode rural comptent maintenant un solde migratoire positif : la Creuse, l’Aveyron ou le Cantal. « Tout se passe comme si l’urbain était devenu globalement répulsif et le rural globalement attractif ». D’ailleurs, certaines études européennes (EUROSTAT) contestent la méthode utilisée par l’INSEE pour fixer les territoires urbains et estiment le taux d’urbanisation de la France métropolitaine à seulement 41,7%.

DOSSIER par Jean-Marc ZANINETTI
VILLES DE FRANCE : EN PLEINE RECOMPOSITION
A l’aide de multiples indicateurs regroupés dans plusieurs tableaux, l’auteur distingue 5 catégories de villes mettant en évidence de multiples recompositions urbaines sur les 30 dernières années : 1. les villes championnes de la croissance : 22 aires urbaines qui connaissent une forte croissance économique et démographique. Ce sont les aires urbaines les plus dynamiques et les plus attractives, situées majoritairement à l’ouest. 2. des villes au développement tiré par l’économie présentielle : ces 85 aires urbaines possèdent une part élevée de résidences secondaires et dont le tourisme est une composante essentielle. Elles sont situées à l’ouest et dans le sud. 3. Paris, métropole mondialisée forme une catégorie à part. Elle concentre l’encadrement des fonctions métropolitaines et son économie est la plus ouverte au monde. 4. Les villes aux résultats intermédiaires : ces 77 aires urbaines ne sont pas très attractives. 5. Les villes en difficulté : ces 170 aires urbaines du nord et de l’est rencontrent des difficultés économiques et leur taux d’accroissement migratoire est négatif. Elles connaissent un vieillissement « par le bas » de la pyramide des âges causé par l’émigration des jeunes adultes.
Depuis 30 ans, on assiste donc bien à une recomposition de l’armature urbaine de la France. Les emplois et les populations se déplacent du nord-est vers le sud-ouest et de l’intérieur vers le littoral. L’auteur estime nécessaire de se préoccuper davantage des villes en difficulté du nord, de l’est et du centre de la France. Il parle d’un « déménagement du territoire » et prédit l’apparition de véritables « villes qui rétrécissent » comme dans d’autres pays d’Europe.

DOCUMENT PEDAGOGIQUE (libre de droits) :
30 ANS DE RECOMPOSITION DES AIRES URBAINES FRANCAISES

EXERCICE PEDAGOGIQUE par Alexandre DUCHESNE
UN TERRITOIRE DE L’INNOVATION : LYONBIOPÔLE
L’exercice proposé s’insère dans le thème 2 de Géographie de Première : « aménager et développer le territoire français ». Le sous-thème « Les dynamiques des espaces productifs dans la mondialisation » doit être traité en 6-7h et doit débuter par une étude de cas d’un « territoire de l’innovation » qui peut être réalisée en 2-3h. Il peut aussi trouver sa place dans le nouveau programme de Géographie de 3ème dans le sous-thème « les espaces productifs et leurs évolutions ».
Le travail peut être mené en 2 temps autour du pôle de compétitivité Lyonbiopôle, centré sur la recherche médicale. Les élèves peuvent d’abord effectuer une recherche sur internet pour réaliser une fiche de présentation. Le modèle proposé est très intéressant car il met en valeur les différents acteurs et les liens entre recherche et développement. A partir de cette fiche, les élèves peuvent ensuite rédiger un texte. Les principaux éléments qu’il doit comporter sont précisés. Une proposition de mise en perspective est également proposée à partir de la carte des pôles de compétitivité en France, aboutissant à une réflexion sur les nouvelles logiques d’implantation des activités.

LE POINT SUR…par Raymond WOESSNER
TERRITOIRES EUROPEENS ET TRANSPORT FERROVIAIRE
Dès 1994, l’Union Européenne a lancé des programmes de grands travaux dans le but de favoriser l’intégration régionale européenne. Puis, les projets européens de grandes infrastructures ont été régulièrement réactivés et élargis. Dans le Réseau de transport transeuropéen (RTE-T), neuf corridors sont prévus. Le corridor rhénan est le plus fréquenté avec 56% du trafic de fret ferroviaire de l’UE en 2010. Il dispose de nombreuses infrastructures et de solutions intermodales. Mais il est souvent congestionné. La concurrence des différents acteurs n’empêche pourtant pas la coopération autour de projets communs. A ce jour, le « chef d’œuvre » du corridor est la ligne de la Betuwe Betuweroute – ouverte en 2007 entre le port de Rotterdam et la frontière germano-néerlandaise. Le projet « Alp Transit » est un autre exemple. Et la France ? Comme l’avaient déjà remarqué Etienne JULLIARD et Roger BRUNET, elle ne se situe pas sur la dorsale européenne à proprement parler. Elle est en position de plus en plus marginale à cause d’infrastructures insuffisantes.

ANALYSE par Jean-Albert GUIEYSSE
TERRITOIRES PERIURBAINS ET VILLE DURABLE
A partir de l’exemple d’un projet de grand centre commercial envisagé à l’est d’Orléans, l’auteur propose une solution alternative plus durable au développement d’un territoire périurbain. A l’aide de cartes, de plans et de photographies, il localise et situe le projet à Saint-Jean-de-Braye. L’offre commerciale dans l’agglomération orléanaise semble suffisante et la question se pose de l’artificialisation de 16,5 hectares de bois et de champs. Des solutions existent pourtant pour maintenir les zones agricoles et naturelles, tout en aménageant et en densifiant le tissu bâti existant. L’auteur propose d’appliquer le principe de « ville compacte » en pérennisant un centre-ville attractif, aux fonctions multiples, tout en sauvegardant des « coupures vertes ». Le tissu urbain et commercial peut se structurer autour de la ligne de tramway, avec un pôle autour de la gare SNCF. Une ville « contenue » et « cohérente » peut alors se déployer en préservant l’urbanité, la diversité sociale, l’emploi, la qualité de vie, l’environnement et les paysages.