Un manuel de concours pour le Capes et Cafep-Capes

La question de géographie régionale du CAPES externe et du Cafep-CAPES traitera de l’Amérique latine en 2023. Comme à l’accoutumée, les éditions Atlande proposent un manuel sur la question, généralement attendu par les candidats pour accélérer la préparation des épreuves écrites.

L’écriture a été confiée à Marie-Françoise Fleury (maître de conférences à l’Université de Lorraine) et à Hervé Théry (professeur à l’Université de Sao Paulo). Les candidats, désormais en Master 2 depuis la dernière réforme de 2021, disposeront ainsi d’une synthèse de 350 pages pour dresser un panorama de la question.

Le manuel alterne entre les sujets classiques (population, environnement, métropolisation, risques, tourisme) et des zooms plus originaux (criminalité, autochtonie, front pionnier, frontières dans les Guyanes, Patagonie chilienne et argentine). Le livre s’avère particulièrement pertinent pour traiter des transports en Amérique Latine. Le traitement des mobilités aériennes dans l’ouvrage rappelle ce qu’avait proposé Yves Boquet à propos de l’Asie du Sud-Est, dans son petit livre sur l’Asie du Sud-Est paru aux Editions Universitaires de Dijon.

Ce manuel a l’intérêt de mettre en avant des sujets traditionnellement peu abordés dans les questions de géographie régionale. A la page 97, la carte présentant « le travail esclave et les assassinats dans des conflits fonciers », laisse apparaître une diagonale des assassinats de 1962 à 2013 allant de la ville de Belem jusqu’à San José de Xingu (Mato Grosso). Le nombre d’esclaves libérés est particulièrement important dans cette même diagonale, allant jusqu’à 1400 personnes libérées à Confresa dans le Mato Grosso de 1995 à 2012.

Outre les candidats aux concours, les enseignants pourront également mettre à profit cet ouvrage pour enrichir une étude de cas ou mettre à jour les données statistiques d’une leçon. Le chapitre sur l’Amazonie (pages 51-55) sera particulièrement utile pour traiter de la région comme un exemple « d’environnement fragile soumis aux pressions et aux risques » (Seconde) et des enjeux de l’exploitation et de la protection en classe de terminale HGGSP. De nombreux textes se prêtent également à une transposition didactique pour aborder les migrations, les risques et les ressources en collège et lycée.

Au Brésil, l’exploitation du pétrole a débuté dans les années 1950 dans le nord-est du pays, aux environs de la ville de Salvador de Bahia, mais la production est restée modeste, ce qui a justifié le lancement de plusieurs programmes pour l’utilisation des biocombustibles, c’est-à-dire de l’éthanol tiré de la canne à sucre. La situation change radicalement au début du siècle avec les découvertes de plusieurs gisements au large de l’État de Rio de Janeiro, dont le très grand gisement de Lula. La ville de Rio de Janeiro devient un centre important de l’exploitation pétrolière off-shore, dans la zone du Pre Sal car les gisements se trouvent sous une couche de sel. Du gaz a également été découvert à l’intérieur de l’Amazonie et il existe probablement des gisements au large, dans une zone qui se prolonge vers la Guyane française, où l’exploration a pourtant été abandonnée en 2019.

L’Amérique Latine, Atlande, 2022, pages 141-142

De rares regrets apparaissent lors de la lecture de l’ouvrage. De façon surprenante, les espaces ruraux ne sont pas abordés dans un chapitre distinct. La qualité des cartes, relativement nombreuses, n’est pas uniforme. Certains choix, comme celui de mettre l’Europe de l’Ouest à proximité des Antilles alors que la mise en page le permettait, peuvent interroger. L’impression en noir et blanc ne permet pas toujours de distinguer clairement les différentes teintes. Pour les 12 figurés linéaires de la carte représentant les axes de communication en Amérique du Sud (page 38), il est pratiquement impossible de les distinguer. La mise à disposition des cartes en couleur, via un code présent dans le livre, serait une manière de s’affranchir de cette contrainte technique, à l’instar de l’Atlas historique mondial de Christian Grataloup aux Arènes. Quelques coquilles ont été repérées, notamment aux pages 41 (« transnationaux »), 176 (« Tenochtitlan »), 227 (sur la carte) et 273 (enchainement des paragraphes).

Notons que l’un des sites des Clionautes, nommé Clio-Photos, est indiqué dans la webographie constituée par Hervé Théry, aux côtés de Géoimage et de la plateforme CNRS Images.

Ce site rassemble des images libres de droits pour l’utilisation dans les activités enseignantes. Photos en géographie (3453 photos), par lieu (dont 152 d’Amérique du Sud et 37 d’Amérique centrale et Caraïbes) et par notions (2382).

L’Amérique Latine, Atlande, 2022, page 330

En conclusion, ce manuel deviendra vraisemblablement l’un des supports les plus utilisés par les candidats. Relativement court, les étudiants préparant les concours du Capes et du Cafep-Capes pourront se plonger dans la lecture de ce manuel de qualité qui se démarque par la précision et l’originalité des exemples retenus. Ils pourront ainsi compléter « l’Atlas de l’Amérique latine » d’Olivier Dabène, récemment réédité aux éditions Autrement. 

Pour aller plus loin :

  • Présentation de l’éditeur -> Lien

Antoine BARONNET @ Clionautes