Connaissez-vous les hors-séries de la collection Découvertes Gallimard ?

Ce volume édité avec le soutien de la Fondation EDF Diversiterre et celui de l’Institut de la Ville en Mouvement, est le premier publié. Ce Hors Série a un concept intéressant au-delà du thème traité. C’est un livre aux pages épaisses, quasi cartonnées qui se déplient : à mi-chemin entre le livre pour enfant et le livre « sérieux » d’adulte. La photographie y tient une place centrale et c’est pour pouvoir les admirer que le livre propose de les déplier. L’alternance entre pages épaisses et pages d’une épaisseur plus habituelle est assez déconcertante. Le lecteur cherche à tourner des pages plus fines alors que la suivante est cartonnée.

Qu’en est-il du fond ?

On a ici affaire au catalogue de l’exposition « Villes rêvées, villes durables ». Cette exposition gratuite se tient à la Fondation EDF jusqu’au 7 mars 2010 et développe une problématique d’un grand intérêt : celle de la ville au défi du développement durable. Eric Charmes et Taoufik Souami en sont les commissaires et par là même les auteurs du catalogue. Ils sont tous deux maîtres de conférences à l’Institut français d’urbanisme et membres du laboratoire CNRS « Théorie des mutations urbaines ». Le volume rend hommage à François Ascher récemment disparu.

Tout le paradoxe de la question exposée dans ce volume et dans l’exposition est de concilier le désir de maison individuelle des Français (80%) et leur volonté d’avoir accès rapidement aux services, aux emplois, aux commerces. C’est ce double souhait qui a alimenté l’étalement urbain. Désormais, la question des émissions de gaz à effets de serre (par le biais de l’usage individuel de l’automobile), comme la consommation excessive d’espaces (qui peut être éventuellement responsables d’inondations) remet en question ce modèle urbain.

Pour remédier à tout cela, la densité semble être la solution. Non pas de fortes densités mais une densité suffisante pour mettre en place des transports en commun. Pour que la densité soit acceptée par les habitants, il faut que ceux-ci y trouvent un intérêt : transports en commun, animation culturelle et commerciale… sans oublier de verdir la ville-centre (toits végétaux, parcs, squares, plates-bandes fleuries entretenues, y compris par les guérilleros du jardinage). Le télétravail n’est pas une alternative aux déplacements. Il peut permettre de les limiter mais pas de les supprimer. Le contact humain reste nécessaire. Seule 7,4% de la population française est concernée par ce mode de travail car seule une petite partie du territoire est équipée de fibres optiques. Enfin les alternatives que sont les écoquartiers sont plus des vitrines que des modèles généralisables à la ville entière.

Au final, cet opus, comme l’exposition elle-même, apporte beaucoup de matières à réflexion même si il ne donne pas des solutions toutes faites. La ville est un objet complexe, les désirs de ces habitants et leurs besoins aussi. Cela fait tout l’intérêt son étude par la géographie et les sciences sociales.

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