785 pages, un format 16 x 23 cm, 1500 grammes, voici la bible de l’urbaniste, de l’architecte et du géographe de la ville comme celui des mobilités. Les Editions PUF ont l’habitude de publier un riche catalogue en sciences sociales. Ici, elles se sont associées avec les Entreprises sociales pour l’Habitat (cet acteur opérationnel des politiques publiques de l’habitat depuis 1850 porte désormais ce nom depuis 2002 en remplacement du terme sociétés anonymes HLM) et la PUCA (Plan, Urbanisme, Construction, Architecture).
Seize auteurs, des sociologues, des géographes, des architectes se sont attelés à la tâche afin de réaliser ce vaste « Traité sur la ville ». Il faut dire que la ville est un objet sociologique et géographique essentiel dans le monde actuel. 50% de la population mondiale vit dans le monde urbain. Les problématiques qui touchent cet objet sont nombreuses (fragmentation sociale et territoriale, gouvernance, construction des identités, développement durable) et dépassent le cadre strict de l’espace urbain.
L’approche pluridisciplinaire apporte beaucoup au traitement de l’objet ville et permet de mieux cerner son épaisseur historique, matérielle, culturelle, sociale, politique et économique. La diversité des champs explorés dans ce volume mérite d’être soulignée. Au-delà de classiques chapitres sur l’histoire, de la distinction rural / urbain, des politiques urbaines, on trouve des chapitres plus conceptuels : mobilités, réseaux et flux ; théories, urbain mondialisé ainsi qu’un traitement du sujet qui retiendra l’attention des professeurs d’histoire des arts de terminale puisque deux chapitres sont consacrés à l’art (dans la ville et de la ville) et aux utopies urbaines. Les questions environnementales soulevées par l’étalement urbain ne sont pas oubliées.
Au-delà de la taille difficilement transportable du volume, la lecture de l’ensemble est globalement aisée. La plume des auteurs alliée à la variété des thèmes traités jouent pour beaucoup. Certains chapitres sont toutefois d’une lecture plus difficile par leur approche conceptuelle. L’usage de ce volume se prête à la fois à une lecture linéaire et plus ponctuelle. Il offre de très bonnes mises au point sur des sujets centraux de la question urbaine. On a donc affaire à un beau livre même si l’absence d’illustrations est à souligner. Elle se fait particulièrement remarquer dans le chapitre Utopies où les projets évoqués manquent de corps sans le recours à quelques illustrations (des plans, notamment). Il apparaît qu’à vouloir tout placer dans un seul volume, cela s’est fait aux dépens de l’illustration, à l’exception du chapitre Ségrégations qui s’avère être quasi le seul à être illustré.
L’ensemble aurait beaucoup à gagner à paraître en deux volumes illustrés mais à l’heure des netbooks et de l’internet mobile, il faut se féliciter, malgré les contraintes éditoriales imposées, de la parution de cet ouvrage bilan sur l’objet complexe qu’est la ville.
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