Quand il entend parler d’une grande course de l’Alaska à l’isthme de Panama pour la paix et la dignité organisée par des communautés amérindiennes, Noé Álvarez, fils de parents immigrés mexicains travaillant dans les vergers de de Yakima dans l’État de Washington, abandonne ses études et va rejoindre à caravane qui va cheminer sur 10 000 km.

L’auteur Noé Álvarez a étudié la philosophie, la littérature et la géopolitique à l’université. Il vit aujourd’hui à Boston. Dans cet ouvrage autobiographique il raconte cette expérience particulière, vécue en 2014 : participer à la course Peace and Dignity qui s’inscrit dans un mouvement général de revendication des peuples autochtones pour le respect de leurs droits et de leur dignité

Des autochtones du nord et du sud des États-Unis et du Canada, des immigrés mexicains se réunissent pour une grande course pour la paix et la dignité. Au départ dans les années 1990 de grands rassemblements des anciens Indigènes ont eu lieu basés sur les prophéties Maya : « Laissez l’aube venir. Laissez tous les peuples et toutes les créatures avoir la paix, laissez toutes (les) choses vivre dans le bonheur ».

Bella, Chula, Zyamya, Ipana, Cheeto, Andrec…. Jeunes et vieux courent, marchent, prient, se disputent aussi au long de cette si longue route à la recherche de la dignité.

 

Ce livre est une galerie de portraits, de témoignages sur la réalité de la vie de ces héritiers des premiers habitants du continent américain. On y découvre la vie des ouvriers mexicains dans les plantations de pommiers de l’État de Washington, l’univers déshumanisé des entrepôts de conditionnement vécus par l’auteur et sa famille, la difficulté pour un fils de migrants de s’intégrer à l’université malgré sa bourse et son envie de réussir. C’est ce choc culturel pour le jeune étudiant latino ignorant des codes qui le conduit à tenter de retrouver une identité en participant à la course.

C’est physiquement et psychiquement une épreuve douloureuse qui l’amène à rencontrer d’autres vies cabossées : la trace des pensionnats autochtones, l’alcoolisme, les disparitions de femmes autochtones au Canada, l’expérience de la faim, la violence des gangs, les femmes mexicaines abandonnées avec leurs enfants par un mari parti aux États-Unis sans donner de nouvelles.

Il découvre aussi les rituels et les formes de spiritualités des différents peuples amérindiens, un nouveau rapport à la nature. Cette course est une prière individuelle et collective, en chemin, il se connecte à la terre, il y trouve une identité nouvelle : il comprend d’où il vient et où il veut aller. Comme le dit Cheeto, un des coureurs : « Nous sommes tous responsables les uns des autres. Guérir par la culture, une guérison ancrée dans l’identité. Citation p. 272».

 

Pour se faire une idée de ce qu’est cette course même si la qualité des images est médiocre

 

Un ouvrage sensible qui témoigne de la difficulté des communautés autochtones à vivre selon leurs croyances dans le monde occidental.