Camille, Jeannette, Jean-Baptiste : voici quelques-unes des figures que suivent Hervé Pauvert et Cecile Chicault pour raconter le début de la Révolution française. Ils ont choisi de suivre huit personnages de différentes conditions sociales dont les histoires s’entremêlent.

 

Jeannette monte à Paris

Le premier personnage que l’on suit est Jeannette, une jeune fille qui monte à la capitale. Elle a obtenu une place de servante auprès du comte de Solages. Son oncle l’accompagne jusqu’aux portes de la ville, ce qui est l’occasion d’évoquer le contexte de l’époque avec la mention de la réunion des Etats généraux. Il s’arrête aux portes de la ville où l’on devait payer une taxe pour entrer. On retrouve Jeannette à plusieurs reprises dans l’album.

Camille et Lucie à Paris

C’est l’époque où le Tiers Etat se transforme en Assemblée nationale. Camille, on apprendra plus tard que son nom de famille est Desmoulins, est un jeune avocat sans le sou qui fréquente Lucie, une jeune fille de bonne famille. Celle-ci est contre la         « tyrannie des rois sur le peuple ». 

Du côté du faubourg Saint-Antoine

On se retrouve ensuite dans le faubourg Saint-Antoine dans la famille Jacquet. Jean-Baptiste est marié à Suzanne. Licencié après les « émeutes » contre Réveillon auxquelles il a participé, ses relations sont tendues avec son frère Pierre qui appartient aux forces de l’ordre. La famille se trouve donc en difficulté financière et, en plus, un de leurs enfants est malade. On retrouve alors Jeannette qui est en fait leur cousine. Elle arrive chez eux pensant être hébergée mais la lettre qui annonçait sa venue s’est perdue. Les Jacquet la recueillent néanmoins pour quelques jours. Ils se rendent à l’hospice de la Charité pour tenter de sauver leur enfant malade. Un peu plus tard, on les voit en train de chercher du pain.

Hubert et la Bastille

On change ensuite d’ambiance pour rencontrer Monsieur de Solages, prisonnier à la Bastille à la suite d’une lettre de cachet. Ce dernier discute avec le directeur de la prison des évènements récents. On rencontre aussi au passage le marquis de Sade, emprisonné dans le même lieu. 

Le vent de l’histoire

L’action change encore de lieu avec la reine Marie Antoinette au Petit Trianon. C’est l’occasion de mesurer à la fois les hésitations de Louis XVI mais aussi l’influence de Necker. On retrouve alors Camille Desmoulins lors de la réunion qui se tient à la salle du jeu de paume. L’histoire s’accélère et la colère gronde comme le montrent ces caricatures du couple royal brandies dans les rues. Début juillet, la reine se préoccupe de théâtre alors que la révolte gronde. Quant à Louis XVI, il pense avoir calmé les mécontentements. 

Le 14 juillet

On se situe d’abord aux Invalides le matin de cette journée appelée à devenir historique. La jeune Lucie a été enfermée à la maison par sa mère pour qu’elle ne puisse pas suivre son amoureux Camille. La petite et la grande histoire s’entremêlent  : la prise de la Bastille et la douleur de perdre un enfant pour Jean-Baptiste et Suzanne. On se déplace aussi dans plusieurs lieux comme à Versailles. 

Epilogue

L’album perd alors ses couleurs pour passer en noir et blanc. La bande dessinée parle des lendemains à savoir ce qu’il advint de Jean-Baptiste, Suzanne, Lucie ou encore Camille Desmoulins. Elle rappelle enfin qu’il faut attendre 1880 pour que cet évènement trouve son sens dans le cadre d’une IIIe République naissante.

Cet album propose donc une vision très intéressante de l’évènement « 14 juillet ». D’abord, il le réinsère dans un temps plus long, puis il multiplie les points de vue de personnages de différentes catégories sociales. Il glisse aussi, ça et là, des références à d’autres faits qui précédèrent cette journée. 

Jean-Pierre Costille