Chercheur, amateur, enseignant….
Cet ouvrage est clairement centré sur un espace local précis. On saluera le travail effectué qui peut s’avérer très utile par exemple dans le cadre des nouvelles questions de collège et lycée consacrées au Moyen Age. L’avantage est que l’on a accès rapidement à une information autrement dispersée. Il peut donc constituer un outil de travail pour l’enseignant qui pourra y puiser des anecdotes pour agrémenter son cours. On sait combien l’exemple local est parfois plus parlant pour les élèves. Les notices permettent de pénétrer au cœur du quotidien de l’époque. Le livre pourra servir également à l’étudiant qui mène des recherches ou à l’amateur d’histoire locale. Le travail de collecte est en tout cas énorme comme l’indique le titre de l’ouvrage.
Une approche par paroisse
Le plan a le mérite de la clarté car il égrène dans l’ordre alphabétique les paroisses. Cette subdivision de base dans la chrétienté, constitue une sorte d’atome de la vie sociale. Chacune est donc brièvement présentée avec les curés qui l’ont desservie. On peut retrouver plusieurs fois un même individu, l’entrée choisie étant géographique. Sur fond blanc, on trouve la présentation du lieu, et en grisé, la destinée des curés. Les limites administratives ayant changé depuis l’époque, l’auteur a choisi d’étudier celles du Moyen Age. Elle précise néanmoins la localisation actuelle pour plus de facilité de repérage. L’information est forcément plus abondante pour les villes, comme Montbéliard ou Pontarlier.
Cette suite de notices sur les paroisses permet donc de mieux percevoir l’encadrement quotidien que représentaient de telles structures au Moyen Age. L’accumulation des notices permet de s’en rendre compte. On pourrait d’ailleurs se livrer à cet exercice avec des élèves sur une zone définie.
Les curés : des hommes dans le siècle
Comme le rappelle l’auteur dans son introduction, les curés interviennent comme « témoins, arbitres dans des affaires propres à leur milieu, elles concernent le château, l’abbaye ». En glanant des informations à travers le livre, on peut voir en transparence la société de l’époque médiévale et ses préoccupations, à savoir la question de la propriété, de la résidence des curés ou encore des moeurs.
Un curé d’Orchamps est par exemple témoin « de l’accord passé entre l’abbaye Saint Paul et le curé de saint Donat au sujet des droits paroissiaux. Il échange un bien avec Guyot d’Orchamps ». Jean Lambelin fonde une chapelle dédiée à Notre Dame du Rosaire dans son église et exige que le chapelain de cette chapelle réside sur place. Il lui interdit de prendre la charge de vicaire ou de recteur de l’église paroissiale. Simon de Fraisans prêtre cité en 1460-1468 comparait en juillet de cette année-là devant les gouverneurs de Besançon parce que le feu a pris dans sa maison. Quelques mois plus tard, le chapitre lui demande d’expulser de son domicile une femme suspecte. Celui-ci refuse car il affirme que c’est sa fille. On croise parfois des personnages de plus d’envergure dans la présentation des paroisses: le lignage des Montfaucon est ainsi l’un des plus importants du comté de Bourgogne au XII e siècle. Beaucoup de ses membres ont participé aux Croisades et au XIVe siècle, ils possèdent un territoire s’étendant grosso modo de Besançon à Montbéliard avec plus de trois cents vassaux.
Il s’agit clairement d’un ouvrage pour amateur de la période, à feuilleter au gré de ses envies. Il trouvera toute sa place alors dans sa bibliothèque, comme un repère, une aide et un outil de découverte.
Jean-Pierre Costille © Clionautes