S’il est bien un terme associé à l’histoire, c’est l’événement. Pourtant, son statut a changé au sein de la recherche historique. Au cœur de l’histoire méthodique du XIXe, rejeté ensuite par les Annales et leurs héritiers, l’événement a connu un retour en grâce ces dernières décennies. Pour autant, il n’est plus question de prendre l’événement de façon isolée, mais de l’utiliser comme révélateur d’un contexte et d’une époque. La nouvelle collection « Les 50 dates historiques » nous propose donc, par ce biais, de mieux connaître la Grèce antique.
50 dates : Comment les choisir ?
Patrice Brun, dès l’introduction, explique les enjeux de l’ouvrage. Il s’agit avant tout d’un ouvrage de « vulgarisation », qui remet la chronologie au centre du propos. L’objectif est alors de « comprendre le fil du temps et ses inflexions ». Cela implique alors que les différents événements retenus sont mis en lien les uns les autres et réinscrits dans leur contexte.
Pour choisir les dates de l’ouvrage, l’auteur affirme une part de subjectivité, mais insiste tout de même sur un certain nombre de facteurs. Le premier est la mémoire de l’événement, par les populations antiques mais aussi de nos jours. Le second est sa portée, à la fois réelle (Pourquoi constitue-t-il un bouleversement majeur immédiat ou sur le long terme?) et symbolique (Pourquoi est-il représentatif d’un espace et d’une époque ?). Certains événements sont alors des dates bien connues, comme la victoire de Marathon en -490. D’autres le sont beaucoup moins comme l’acmè de Sappho ou la fin de la révolte d’Aristonicos.
Par ailleurs, les sources anciennes ne permettent pas toujours une précision suffisante dans les dates et Patrice Brun a fait le choix de dates approximatives : 1250 av. J-C pour l’apogée du monde mycénien, 1200 av. J-C avec les invasions doriennes, … Il s’explique en précisant que ces dates ont pour objectif de présenter plutôt les civilisations dont on conserve des traces imprécises, comme les Mycéniens, ou de remettre en cause certains mythes comme les invasions doriennes. L’auteur n’hésite pas également à nous préciser que certaines dates plus précises sont en réalité sujettes à caution comme la première olympiade datée de -776.
Enfin, il est intéressant de constater que les dates retenues ne se limitent à des bornes chronologiques qui placeraient la fin du monde grec à la conquête de Rome. En effet, la dernière date retenue est 529 avec la fermeture des écoles philosophiques d’Athènes. La culture grecque s’est maintenue sous l’occupation romaine et c’est finalement le renforcement de la christianisation sous Justiniens qui provoque véritablement la fin de cet héritage.
Un ouvrage simple mais complet
Ces 50 dates historiques sont présentées dans un ordre chronologique, sous forme de petits articles de 5 pages environ. Chacun de ces articles permet un récit de l’événement, mais aussi un commentaire sur le contexte, les causes et les conséquences de l’événement. Par ailleurs, une dimension critique est également présente. Patrice Brun n’hésite pas à nous préciser ce qui est de l’ordre du fait avéré, plausible ou de la pure légende dans chacun de ces événements. Lorsque la recherche historique ne permet pas de trancher, il le précise également.
Nous avons mentionné l’objectif affirmé de vulgarisation plus haut, et celui-ci est nettement visible dans la construction des articles. Ceux-ci sont volontairement courts, agrémentés parfois de cartes relativement simples et d’illustrations. Dans ce format, l’essentiel de ce qui est à retenir est clairement énoncé et les liens entre articles (précisés sous forme de renvois) permettent une vision finalement large de la Grèce antique, en abordant avant tout des thématiques politiques, mais aussi sociales et culturelles. Chaque article est accompagné d’une courte bibliographie comprenant à la fois les sources utilisées mais aussi des ouvrages de référence. Enfin un glossaire final permet une bonne compréhension du vocabulaire utilisé.
En définitive, ce livre remplit parfaitement sa fonction. La rigueur historique est respectée mais, dans le même temps, l’organisation en courts articles indépendants les uns des autres permet une lecture fragmentée qui, au-delà des étudiants, pourra attirer un lectorat de curieux. Enfin ces 50 dates historiques nous montrent toute l’utilité de l’événement en histoire, comme révélateur d’une époque. Un ouvrage donc bien utile !