Histoire et perspectives des recherches sur l’âge des métaux aurait pu être le titre de cet ouvrage collectif qui s’appuie sur des fouilles récentes mais aussi sur l’histoire des objets dans les collections des musées. Les auteurs font ainsi un point sur ce que l’on connaît des pratiques funéraires gauloises dans les Alpes du Sud. Depuis la seconde moitié du XIXe siècle les recherches à propos du passage d’Hannibal dans les Alpes ont permis la mise au jour de nombreux sites, fourni de nombreuses traces à étudier. Les conservateurs de neuf musées se penchent sur l’histoire de leurs collections.

Béatrice Vigié aborde la muséographie des sépultures celtiques au XIXe siècle. Elle décrit les maquettes et moulages destinés à mettre en relief les trouvailles de l’époque, elle le mannequin d’un guerrier gaulois du Musée Dechelette (Roanne). Elle présente les travaux du Dr. Ollivier (1823-1907) dans la vallée de l’Ubaye, sur les déplacements des guerriers celtes. Elle montre les raisonnements de l’époque et le devenir de sa collection.

Jean-pascal Jospin et Magali Wunderle présentent les grands collectionneurs alpins. C’est une galerie de portraits : Paul Plat, autodidacte qui s’est fait une collection autour d’Orpierre (Hautes-Alpes) ; Eugène Chaper, grenoblois et Paul Bisch, médecin.

Outre le portrait de chacun les auteurs tentent d’évaluer leur apport à la connaissance des sépultures gauloises.

Catherine Bodet se penche sur les sources relatives au préhistorien lyonnais Ernest Chantre (1843-1924). L’étude permet de reconsidérer son rôle dans le développement de l’archéologie préhistorique, notamment celle de l’âge du bronze.

Claudine Jacquet et Marie-Laure Le Brazidec s’intéressent aux parures de Panacelle et à leur, si non « découvreur », du moins collectionneur Edward Barry.

C’est au conservateur du musée d’Annecy, Louis Revon que Mélanie Auvray consacre son article. Elle relate comment des objets issus des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence sont arrivés dans les collections du musée haut-savoyard avant le rattachement à la France. Elle dresse le portrait du conservateur, ses contacts avec les collectionneurs Antoine Ollivier et Julien Girard de Rialle.

Hélène Homps-Brousse présente François Arnaud, érudit et collectionneur de l’Ubaye. Ce montagnard infatigable, en relation avec un réseau de scientifiques et notamment Hippolyte Müller, est à l’origine les collections du musée de Barcelonnette.

Hélène Homps-Brousse est partie sur les traces de la collection du docteur Antoine Ollivier, déjà évoqué par Béatrice Vigié. Cette collection fut dispersée en 1943, une enquête à poursuivre.

C’est à une autre collection voyageuse que s’intéresse Séverine Leclerq. Comment des objets identifiés de Barcelonnette se sont-ils retrouvés au musée de Boulogne-sur-mer, en 1864 ? Pourquoi le qualificatif de « puniques » ? Cet article montre à la fois le travail, aujourd’hui, des conservateurs pour identifier leurs fonds, le rôle d’un collectionneur Charles Chappuis et celui d’un érudit de Boulogne Charles Marmin.

Béatrice Vigié et Isabelle Wangler présente une famille au service de l’archéologie : les Cotte. Charles Cotet, avocat à Marseille est aussi un passionné d’archéologie, auteur de plusieurs fouilles (caverne de l’Adaouste, Nécropole Saint-Roch à Ventavon…). Azvec Ernest chantre il fonde, en 1919, une association de préhistoriens, Rhodania, à lequelle collabore sa mère Vanda, ses frères. Ses collections ont été cédées au musée archéologique de Marseille.

Nicolas Rouzeau propose une synthèse sur les nécropoles du premier âge du fer dans le Buëch. Il présente les fouilles de Ventavon (2017) et Monclar (2011) en relation avec celles du début et du milieu du XXe siècle. D’autres sites apportent des informations : Lagrand, Saix, Oze, Jausiers, Guillestre. L’auteur tente de qualifier des ensembles définis par des traits chronologiques et culturels malgré une grande vigilance quant aux données de datation des tombes multiples sous tumulus. Il conclut sur un lien à réinterroger entre les habitants de la vallées de l’Ubaye et les armées des fils d’Hamilcar Barca.

Alejandra Balboa-Pont présente les travaux d’analyse des alliages des parures de Panacelle qui révèlent un travail expérimenté du métal.

Sylvaine Campolo dresse un inventaire précis des parures funéraires corporelles et vestimentaires, de quelques accessoires de toilette et ustensiles culinaires.

L’ouvrage est complété d’une liste commentée des archéologues du Buëch (p. 134-135).