Cette bande dessinée suit Sandra qui pendant un an a animé des ateliers culturels en prison. Elle rend compte de façon réaliste d’un quotidien, par définition caché.

Intervenir en prison

La bande dessinée commence avec Sandra qui confie que, souvent, les gens ont du mal à comprendre ce qu’elle fait. Désormais âgée de 30 ans, elle a créé des ateliers et projets artistiques et culturels pour des prisonniers.

Le parcours de Sandra

Comme elle se définit elle-même, Sandra est noire et précise qu’elle est née du bon côté, à la fois de la Méditerranée et du périphérique. Elle s’est toujours sentie illégitime. Elle a vécu à l’étranger pendant plusieurs années avant de revenir en France. Elle pense que ces expériences ont peut-être éveillé en elle une conscience sociale plus forte. Mais elle ne s’épargne dans la bande dessinée, montrant un moment où elle sort de ses gonds. Elle expose aussi franchement les a priori qu’elle avait sur ce monde de la prison.

Des ateliers pour ouvrir à la culture

Sandra a carte blanche pour faire entrer la culture en prison. Les activités sont une manière pour les prisonniers de ne pas être oubliés. Le terme d’atelier recouvre des réalités très diverses : il peut s’agir de concert de musique classique, d’atelier de calligraphie arabe ou de cours de yoga. Certains détenus s’investissent pleinement dans les ateliers et les portent véritablement à bout de bras. D’autres ont tendance à les déserter progressivement.

Les freins à la culture

Faire fonctionner les ateliers n’est pas toujours facile. Un détenu peut faire craquer un intervenant et remettre en question le travail mené. Un détenu se voit refuser le droit d’aller au musée, car faisant l’objet d’un mandat d’arrêt européen, le risque est trop grand par rapport à une éventuelle évasion.  Certains s’inscrivent puis oublient d’y aller. D’autres changent d’avis si l’activité proposée a lieu tôt le matin. Parfois, certains ne peuvent s’y rendre car il n’y a personne pour les accompagner.

La prison

La prison reste le lieu de privation de la liberté. La réalité, c’est vivre à trois dans 9m2 avec parfois des caractères très différents. La privation de liberté s’apparente à une privation d’autonomie, à un retrait de responsabilité. Sandra raconte aussi le choc qu’a représenté pour elle la lecture du livre de Didier Fassin «  L’ombre du monde : une anthropologie de la condition carcérale ». Les crimes ne représentent que 2 % des condamnations à l’emprisonnement et l’auteur montre aussi que depuis que les prisons existent, ce sont les milieux populaires qui les ont peuplées. Elle se rend compte aussi que le traitement n’est pas le même pour usage de drogue selon sa catégorie sociale.

Des rencontres ….

Tout au long de l’album, Sandra raconte plusieurs de ses rencontres. Elle ne sait pas pourquoi les détenus sont en prison et elle considère que c’est mieux même si cela peut parfois aussi être dérangeant. Il y a ceux qu’on appelle les AICS ou auteurs d’infraction à caractère sexuel. Sandra raconte aussi parfois que les quelques fois où elle sait pourquoi la personne est détenue, ce qu’il dégage ne correspond pas vraiment à l’image qu’elle s’en faisait.

… et quelques moments magiques

Il y a malgré tout quelques moments magiques. Cela peut être quand les détenus la félicitent pour sa grossesse. Cela peut être aussi à l’occasion d’un atelier avec un regard, une parole ou un sourire. Sandra note aussi que dans ce monde de la prison, tout est très codifié et que chacun semble jouer la partition qu’on attend de lui.

Enceinte de sept mois, elle finit par quitter le travail qu’elle menait en prison de façon définitive. Cet album retrace avec une grande sensibilité cette expérience des ateliers culturels en prison en n’en dissimulant pas les échecs mais en montrant aussi combien ils participent à offrir un peu d’humanité dans cet espace clos.