« Je devais avoir une douzaine d’années lorsque mon père m’a mis Papillon dans les mains. Je me souviens encore de cette première claque littéraire en suivant les aventures d’Henri Charrière. […] J’allais prendre une seconde claque quelques mois plus tard, mais cette fois cinématographique. Le film Papillon passait à la télévision et nous le regardions avec mon frère et mes parents. » (Sylvère Denné).

Papillon a été un livre écrit par Henri Charrière, un ancien bagnard devenu célèbre en racontant sa vie. Condamné à perpétuité au bagne de Guyane, il s’évade au bout de 13 longues années d’enfer. Installé à Caracas, il vit de combines tout en racontant à qui veut l’entendre le récit fantasmé de cette évasion. Suite au tremblement de terre de 1967, dans lequel il perd tout, il se lance dans la rédaction de Papillon.

Édité par Robert Laffont, l’ouvrage devient un best-seller avec plus de 15 millions d’exemplaires vendus dans le monde. Son livre est adapté au cinéma avec Steve McQueen et Dustin Hoffman en têtes d’affiche. Le film sort à New York le lendemain de sa mort…

La vie rêvée d’un papillon est l’adaptation en roman graphique de la vie d’Henri Charrière.

Sylvère Denné a choisi un angle narratif original en racontant l’homme derrière le mythe qu’il s’est lui-même construit. Le récit est élaboré autour de sa vie, de son œuvre et de ce qu’il en a raconté, créant ainsi une histoire ressemblant à Henri Charrière, un personnage controversé déjà de son vivant, et à sa façon de se mettre en scène : polémique, rythmé, clivant, parfois drôle, parfois dérangeant, et ne se concentrant que sur certaines parties de sa vie, mêlant réalité et fiction.

La BD suit une double temporalité, l’évasion et la vie d’après des années 1950 à la mort d’Henri, marquée par un changement graphique intelligent de la part de Sophie Ladame. Le « présent » est représenté par d’élégantes planches en noir et blanc. Le récit de l’évasion est marqué par de superbes dessins crayonnés en couleur, en teintes majoritairement blanches, bleues et vertes sur un fond taupe.

Si j’ai beaucoup apprécié les choix graphiques, ma méconnaissance de la vie d’Henri Charrière ne m’a pas permis d’apprécier pleinement ce roman graphique qui aurait, selon moi, gagné à être complété par une courte biographie de l’homme en avant-propos.