Charles Masson donne à voir la réalité cruelle des migrants sans-papiers, non pas à Paris ou Calais mais dans une île qui fait rêver : Mayotte.
Dès la première double page, le décor des bateaux en provenance d’Anjouan, les Kwassa-Kwassa, montre la situation, le désir de vie meilleure, de faire naître ses enfants sur le sol français et la cruauté des passeurs.
C’est ensuite une véritable galerie de portraits de ces « expats », fonctionnaires, médecins, commerçants qui jouent les riches face à la grande misère et une situation politique qui se tend avec les expulsions commandées par le pouvoir métropolitain sous le mandat SarkozySur cette situation actualisée puisque Droit du sol est paru pour la première fois en 2009 : un dossier de 2014 Mayotte, la fin d’un territoire d’exception ?, et plus récent Mayotte : la lutte contre l’immigration irrégulière toujours en toile de fond – Pour une étude en classe de 4e (programme adapté local) Un monde de migrants .
On va suivre la découverte de ces réalités avec Danièle, une sage-femme qui débarque à Mamoudzou pour trois ans. Alternent ainsi les aventures des médecins de l’hôpital, d’un commerçant en téléphonie particulièrement crédule, mais aussi le parcours de survie des migrantes et des habitantes mahoraises.
On sent bien la colère de Masson face à des situations injustes. Droit du sol exprime l’idéalisme de ceux qui sont venus pour oublier Paris mais aussi l’indécence de ceux qui profitent de leur situation de nantis, de protégés de la République, des portraits plutôt caricaturaux. Les médecins, collègues de l’auteur ne sont pas épargnés. Dommage que la très longue descriptionElle peut même dissuader le lecteur. Il faut en effet attendre le seconde moitié de ce roman graphique pour en comprendre le véritable sujet. de la société de Mayotte soit faite de descriptions des turpitudes de ces Blancs qui ne pensent qu’à profiter des jeunes femmes qui n’ont guère d’autre choix pour survivre que la prostitution. Le dessin, sans nuances, plutôt violent, ne permet pas de discerner facilement les différents protagonistes du récit.
La post-face de l’auteur permet de mieux comprendre son propos et vient en écho à la réflexion de Danièle : « C’est bien d’être humain » Page 418.