Cet ouvrage est issu de la thèse de Cédric Marty soutenue en 2014 à l’Université de Toulouse II – Jean Jaurès, professeur d’histoire-géographie et depuis septembre 2013, chargé de mission académique pour le centenaire de la Première Guerre mondiale. Il porte sur les représentations et les pratiques d’une arme emblématique de la Première Guerre mondiale, une « histoire à hauteur d’hommes »1 pour comprendre la place de cette arme blanche dans la guerre de tranchées marquée par les pluies d’obus.
A hauteur d’hommes
Dans les récits militaires l’assaut baïonnette au canon est assez rare. L’auteur part de ces récits pour montrer l’étonnement des soldats face aux armes modernes plus meurtrières dès 1914, la peur, la mort dans cette guerre qui rapidement fut celle des tranchées. Beaucoup de courts extraits de lettres, de récits reprennent les nombreux témoignages déjà publiés.
La guerre c’est surtout l’assaut et la combat
Ce second chapitre est consacré aux représentations de la guerre traditionnelle qui s’opposent à la réalité vécue : figure du chef, héroïsme, la baïonnette comme incarnation à la fois du courage et de la nation en marche. L’auteur traite des représentations artistiques du XIXe siècle et de leur place dans la presse et les manuels scolaires. Il rappelle que l’instruction des jeunes recrues faisait une large place à l’apprentissage de l’usage de la baïonnette.
Un mythe militaire paradoxal
L’auteur montre, dans les années qui précèdent la guerre, les réflexions de la hiérarchie militaire sur cette arme. On a même envisagé d’en doter la cavalerie alors même que la Guerre de 70 avait déjà montré l’importance de l’artillerie et le recul des combats corps-à-corps. Certains défendent la formation à son usage comme attitude à développer pour faire des soldats agressifs sous le feu ennemi. Elle serait donc une arme psychologique et base de l’imaginaire national.
Rosalie, figure-clé dès l’entrée en guerre
Rosalie est le nom donné dans la presse à la baïonnette, le récit de son usage émane de la presse, elle est héroïque quand les Français montent à l’assaut, sauvage pour les Allemands qui l’utiliseraient contre les civils. L’auteur présente le rôle de la presse, parole de l’armée , outil de propagande.
Le haut-commandement dans l’impasse
Face à l’enlisement et à la guerre de tranchées, l’auteur décrit l’évolution de la tactique au cours des quatre années de guerre. Mais malgré l’usage intensif de l’artillerie, à l’arrière les combattants continuent à s’entraîner au combat à la baïonnette.
Une image discréditée mais tenace
Une première critique est publiée dans la presse en 1916, la baïonnette disparaît peu à peu des récits des journaux pour plus de réalisme. L’auteur analyse la presse (texte et photographies2), les romans, les objets de propagande. L’image de l’assaut à la baïonnette n’a plus vocation à dire le réel.
L’ambivalence des combattants
A partir des nombreux récits l’auteur montre que les combattants sont pris entre deux sentiments : être trahi par les images que la presse donne de leur vécu mais en même temps d’être présentés comme des héros.
D’un siècle à l’autre
Sont évoqués ici très rapidement les monuments aux morts. Le fantassin chargeant baïonnette au canon est très présent dans les catalogues proposés aux mairies mais l’auteur n’évoque pas les autres types de monument. Il présente le discours au cours du XXe siècle sur les représentations de la guerre et notamment les doutes sur la véracité des scènes d’assaut, les formes de représentation dans les films évoquant 14-18 et la difficulté à rendre compte de la guerre vécue par les soldats.
1Pour reprendre le titre du premier chapitre.
2L’auteur reprend les travaux de Joëlle Beurier.