Les Champs-Elysées : un nom qui apparait magique et auquel, tout à chacun, associe des images. Claude Maggiori, rédacteur en chef des magazines « L’écho des savanes » et « Palascope », entreprend d’en retracer l’histoire dans un livre qui fait la part belle à l’illustration. 

87 dates

L’auteur envisage les Champs-Elysées comme un lieu où se cristallise l’histoire. Structuré en deux parties, avec d’abord l’évocation de 87 dates réparties sur une trentaine de pages, le livre propose ensuite une approche par l’image de la plus célèbre avenue du monde.

Avant la Révolution

L’auteur choisit de débuter son récit en 1615 pour le terminer en 2021. Il rappelle d’abord qu’il a fallu assainir les lieux avant de les aménager. Ce n’est qu’en 1709 que le nom de Champs-Elysées est attesté dans les compte royaux. Plusieurs anecdotes ponctuent l’énumération des dates, comme celle de 1780 qui voit la police interdire les jeux de cerfs-volants sur l’avenue parce qu’ils s’accrochent trop souvent aux arbres.

Au temps de la révolution

Plusieurs évènements sont évoqués comme le 5 octobre 1789 lorsque plus de 7 000 femmes empruntèrent l’avenue pour se rendre à Versailles. Entre 1795 et 1799, les Champs deviennent une élégante promenade. Les chevaux de Marly y sont installés avant d’être retirés bien plus tard face à la pollution qui les ronge. En 1806, on assiste à la pose de la première pierre de l’Arc de Triomphe. 

Les Champs au XIX ème siècle 

Les travaux de l’Arc sont achevés trente ans plus tard. Claude Maggiori évoque ensuite les aménagements réalisés sous le Second Empire. C’est à cette époque que sont construits la majorité des hôtels particuliers. En 1885 eurent lieux les funérailles nationales de Victor Hugo qui rassemblèrent peut-être deux millions de personnes. En 1899, le Fouquet’s est créé qui demeure aujourd’hui encore une des images fortes des lieux. 

1900-1945

L’ouvrage propose un étonnant cliché de l’avion de Charles Godefroy qui passa sous la voute de l’Arc de triomphe en 1919. On sait moins peut-être que ce coup d’éclat avait pour but de laver l’affront fait aux pilotes qui avaient dû défiler à pied lors de la cérémonie du 14 juillet. En plus des grands évènements, on apprendra peut-être que jusqu’aux années 1940 des chaises étaient installées pour que les promeneurs puissent de reposer. L’ouvrage déroule ensuite la période de la Seconde Guerre mondiale avec les images iconiques de 1940 avec la Wehrmacht et celles de 1944 avec le général de Gaulle. 

Les Champs-Elysées depuis 1960

Claude Maggiori évoque 1968 mais aussi les cinémas des Champs Elysées qui, de vingt à l’époque, se réduisent aujourd’hui à quatre. En 1974, le film « Emmanuelle » sort sur les écrans et restera durant treize ans à l’affiche d’un des cinémas des Champs- Elysées ! La célèbre avenue voit défiler les vainqueurs et les presque vainqueurs : l’équipe de Saint-Etienne en 1976, Alain Prost ou l’équipe de France de football à deux reprises, mais pas à la même vitesse comme l’explique l’auteur. 

Place aux images 

Le livre propose ensuite de repartir de 1789 et offre cent-cinquante pages d’images sur les Champs-Elysées. Cela permet donc d’évoquer d’autres évènements que ceux précédemment décrits. Certains faits sont repris et, même si l’image est quasiment pleine page, des textes les accompagnent. C’est parfois curieux puisque le texte ainsi proposé reprend des éléments précédemment traités. On aurait pu imaginer une complémentarité plutôt qu’une redite. Plus intéressant en revanche, c’est une approche parfois par décennie pour faire saisir les transformations à l’oeuvre.

Il faut souligner que la taille de l’ouvrage permet d’afficher de grandes images agréables à observer. On glane, par-ci par là, d’autres anecdotes : Paris a connu des pavés de bois et cette solution a été un temps envisagée pour l’avenue. Si le revêtement était peu sonore, il était en revanche redoutablement glissant et pourrissait en dégageant des odeurs incommodantes. On voit aussi en 1964 les Beatles jouer aux touristes sur la célèbre avenue. Joe Dassin n’est pas oublié mais on apprendra, peut-être, que le titre qu’il consacra aux Champs-Elysées était une face B d’un disque. 

Ce livre plaira aux amateurs de Paris qui pourront feuilleter les images d’une avenue qui est davantage que cela. La liste des évènements que l’on peut y attacher en témoigne. 

Jean-Pierre Costille