Les Arènes ont publié la suite (et fin) d’A mains Nues, la bande dessinée de Leïla Slimani et de Clément Oubrerie, qui retrace la vie de Suzanne Noël. Toujours aussi intrépide, Suzanne Noël, étant elle-même si tenace, si infatigable, paraît être un personnage de roman . Les deux auteurs parviennent magnifiquement à clore cette histoire haletante dans ce second tome.

 

 

Leila Slimani résume ici le premier tome d’A mains Nues. Cette vidéo présente également quelques planches.

 

La vie de Suzanne Noël au cœur de l’Histoire

Le premier tome d’A mains nues s’achevait sur la fin de la première guerre mondiale et l’apparition de la grippe espagnole qui frappe la famille de Suzanne Noël. Le second tome retrace la période d’après-guerre jusqu’à la mort de Suzanne Noel en 1954. A nouveau, la vie du médecin féministe côtoie les grands événements du XXè siècle : montée du nazisme, seconde guerre mondiale,  sans oublier le combat pour l’égalité femme-homme ! Sans lourdeur, sans pesanteur, les auteurs parviennent à entremêler les aspects de la vie personnelle et professionnelle de Suzanne avec «  la grande histoire ».

Suzanne après avoir passé sa thèse en médecine pour pouvoir exercer en son nom (et non plus sous le nom de son mari)

Une médecin militante qui parcourt le monde

En dépit des disparitions familiales, Suzanne Noël ne perd en rien sa combativité et sa force. C’est ce qui lui permet de mener de front ses deux combats : le combat pour l’égalité femme-homme et celui de la chirurgie réparatrice en plein essor dans les années 1920 avec le retour des Gueules Cassées.

Elle poursuit ainsi sa lutte pour l’émancipation des femmes à travers son activité au sein des Soroptimists. Sorte d’ONG avant l’heure, les Soroptimists recrutent des femmes qui travaillent et qui militent pour faire reconnaître une juste place et le travail des femmes au sein de la société. Suzanne Noël fonde l’antenne française puis elle parcourt l’Europe et le monde pour y fonder d’autres antennes, tout en tenant des conférences.  A travers ses voyages, elle rencontre  non seulement d’autres féministes mais également des chirurgiens, ce qui luir permet d’affiner ses connaissances scientifiques et techniques.

Une bande dessinée tout en couleurs

On appréciera les dessins de Clément Oubrerie et la couleur de Sandra Desmazières, particulièrement les planches qui retranscrivent les problèmes de vue de Suzanne Noel lorsque la cataracte l’empêche de distinguer les formes et jette un voile sur ce qui l’entoure.  De même, le souci des détails est scrupuleusement respecté avec des dessins qui ne sont jamais anachroniques ; des salles d’opération aux coupes et couleurs des robes des années folles, en passant par les locomotives diesel-électrique Trans Europe Express, chaque dessin de chaque case est à lui seul une histoire de ce premier XXe siècle.

Ne pouvant plus exercer la médecine du fait de sa cataracte, Suzanne poursuit inlassablement ses conférences et ses voyages pour le club des Soroptimists.