Afrikakorps T3. Olivier Speltens revient une dernière fois avec ses héros, Bruno Nolte, Paul Schmidt, Johannes Sobek, Otto Muler qui, menés par le leutnant Joachim Von Richter, s’enfoncent dans les sables égyptiens, aux abords de El-Alamein, engoncés dans leur Panzer III pour tenter de porter le coup de grâce aux alliés.

 

Un travail de recherche toujours aussi remarquable

 

Comme les tomes précédents, le travail d’Olivier Speltens s’appuie sur une solide recherche. Les matériels sont superbement dessinés, détaillés et un long texte permet de remettre en perspective les faits, sous la plume alerte de Didier Bouvy. À eux seuls le préambule et l’épilogue offrent de précieux moments de lecture.

Il n’en reste pas moins que c’est bien la bande dessinée qui éclabousse nos rétines. La maîtrise technique est au summum et Olivier Speltens nous propose non seulement des planches de haute volée d’un point de vue graphique, mais aussi des mises en scène admirables.

 

Des généraux et des hommes

 

Ce dernier tome repose sur la dialectique de la grande histoire, celle de Rommel, des grandes offensives de Montgomery, mais aussi et surtout sur la vie quotidienne des soldats, allemands, mais aussi italiens ou alliés. Au cœur des tranchées, à travers les champs de mine, dans les airs, sous un nuage de poussière, c’est tout un univers aride et chaotique qui accueille ces vies fracassées. Après trois premières planches qui permettent de découvrir comment le système nazi enrôle et broie les âmes des jeunes enfants, avides de rejoindre la lutte en Russie pour écraser les sous-hommes, le reste de l’album suit les préparatifs de l’offensive de Rommel, jusqu’à la prise de Tobrouk, avant de voir l’épuisement des forces de l’Axe et la furieuse contre offensive alliée de El Alamein.

 

L’art de laver les jeunes cerveaux

 

Quel plaisir de voir ainsi traitée la résistance acharnée des hommes de Koenig à Bir Hakeim. Mais Olivier Speltens offre aussi à réfléchir au destin tragique de ces hommes, quelques soient les camps, broyés dans leur chair et dans leur âme. Les tankistes sont en effet bien souvent offerts, à peine protégés, aux flammes infernales qu’un coup au but ne manque pas de déclencher dans ces boîtes de sardines, pour l’essentiel cercueils sur chenille ne laissant que peu de chance de survie une fois touché.

Bir Hakeim … la France combattante existe

 

Plus encore que dans les précédents albums j’ai été marqué par la violence ce certaines séquences. Le dessin est juste, rien n’est gratuit, tout est juste. Les scènes quotidiennes, les repas, le repos, sont autant de moments précieux, justement mis en scène.

 

Le repos, dans les entrailles d’un Panzer III, avant l’enfer

 

Une oeuvre qui reste dans les esprits

 

La clé de la défaite de l’Axe est fort bien analysée et mise en perspective. Trop peu de moyens, trop peu d’essence, face à des alliés assurément tactiquement inférieurs, mais équipés et rééquipés de façon régulière. Sans la voir, Malte est aussi là et son ombre pèse de façon fort juste sur ce ravitaillement qui n’arrive pas, ces chars qui gisent au fond de la Méditerranée, avant même d’avoir pu connaître le souffle ardent du désert saharien.

Nécessairement le lecteur s’est attaché à Joachim Von Richter et ses hommes. Il faudra se plonger dans ce dernier tome pour connaître le destin de ces soldats. Une chose est certaine : Olivier Speltens est au sommet de son art et une fois la BD refermée, l’espoir de lire une prochaine œuvre, de relire L’Armée de l’ombre, occupent durablement l’esprit du lecteur.