Au fil des années, n’importe quel professeur d’histoire de géographie du second degré a pu se rendre compte de la coïncidence presque parfaite entre les différents numéros de la revue questions internationales et les programmes scolaires. Quelques centres de documentation, quelques cabinets d’histoire géographie, et bien entendu des enseignants en activité sont de gros utilisateurs de cette publication.

Ce numéro consacré à l’un des Brics ne fait évidemment pas exception, surtout lorsque la question du « réveil de l’Afrique » est régulièrement posée. On connaissait déjà les effets de mode entre les tigres asiatiques, les jaguars latino-américains, et maintenant les lions africains. Dans ce bestiaire, l’Afrique du Sud occupe une place singulière, mise en avant en ouverture du dossier par le rédacteur en chef de la revue, Serge Sur qui évoque la métamorphose de ce pays qui a su assurer la transition avec le régime de l’apartheid, et qui peut prétendre représenter la locomotive du continent, même si cela est loin d’être le cas.
L’Afrique du Sud est un acteur africain plus qu’elle n’est le leader de l’Afrique. Sans doute parce qu’il est difficilement envisageable que les états africains tardivement constitués après la décolonisation renoncent très facilement à leur souveraineté. C’est pourtant la clé de la réussite d’une intégration africaine qui pourrait être conduite par une coalition d’états. L’Afrique du Sud en ferait partie mais encore faudrait-il trouver un partenaire de taille équivalente et avec un minimum de stabilité politique. Les deux autres géants du continent, le Nigéria et la République Démocratique du Congo sont loin de présenter ces garanties minimum.
L’auteur évoque, et nous pouvons reprendre très largement cette énumération pour construire une réflexion sur la place de l’Afrique dans la mondialisation, une question du programme de géographie des classes terminales, les sept plaies de l’Afrique. Elles méritent d’être rappelées ici.
La violence, politique, terroriste civile ou sociétale, et rajoutons le interethnique, requiert régulièrement des interventions extérieures et souligne l’incapacité du continent à régler par lui-même ses problèmes de sécurité. Cela se vérifie depuis plusieurs décennies et reste malheureusement d’actualité.
La faiblesse des institutions publiques avec la corruption et les dysfonctionnements chroniques des services publics, amène les populations à se replier sur leurs groupes originels, et bien entendu favorise l’instabilité politique.
Les inégalités sociales se renforcent, et si dans certains pays commence à émerger une classe moyenne, les catégories les plus pauvres de la population s’enfoncent dans la misère.
La fuite des élites se poursuit toujours, même si quelques exemples de réussites individuelles peuvent exister, le fonctionnement des sociétés africaines incite les plus doués et les mieux formés à quitter leur pays d’origine.
Les limites des intégrations nationales remettent en cause la stabilité du continent avec le phénomène des états défaillants. Ces territoires constituent des pôles de fixation de groupes terroristes qui peuvent agir au-delà de leurs frontières à des fins de déstabilisation. C’est le cas à partir du Nigéria avec Boko Haram qui est capable de mener des initiatives militaires vers le Cameroun, le sud du Niger et même le Tchad, pourtant doté d’une armée solide.
Le pillage des ressources naturelles conduit de l’extérieur avec la complicité de milieux locaux prive ses états des instruments de leur développement.
Enfin le sous-développement semble consubstantiel à l’ensemble puisque les phénomènes énumérés précédemment forment un cercle vicieux.

L’Afrique du Sud peut en partie résumer à elle seule les différentes plaies de l’Afrique, même si proportionnellement elle y échappe. Tous les phénomènes cités plus haut existent mais avec une intensité moindre que dans les autres pays du continent.
C’est la raison pour laquelle le pays demeure chargé d’une forte image positive, parce qu’il a su réaliser de façon à peu près pacifique la transition vers la nation arc-en-ciel, parce qu’il participe au G20, et il est le seul pays africain, et parce qu’il est un candidat crédible comme membre permanent du conseil de sécurité. Mais comme la réforme de fond des Nations unies que cela implique est sans cesse repoussée, il y a encore un long chemin à parcourir.

Laurent Fourchard, directeur de publication de la revue politique africaine présente en historien les caractéristiques de ce pays qui a connu une trajectoire décalée par rapport aux autres territoires du continent. L’Afrique du Sud a été colonisée au XVIIe siècle, deux siècles avant le reste de l’Afrique, et après la Seconde guerre mondiale a mis en place une forme institutionnalisée de discrimination raciale, l’apartheid.
L’histoire de la mise en place de cet apartheid est d’ailleurs largement développée par l’auteur. La ségrégation serait, pour les historiens libéraux, un héritage de « l’esprit de frontière » et des républiques blanches fondées par des colons au nord de la colonie du Cap. Pour les marxistes le développement de la ségrégation est dans le prolongement de celui du capitalisme consécutif à la découverte des mines d’or et de diamants et de la mise en place des politiques de contrôle de la main-d’œuvre noire à partir du XIXe siècle.

L’histoire du pays s’inscrit donc dans une durée longue, cumulative et non consensuelle qui rend compte d’une discrimination raciale qui ne se limiterait pas à une opposition entre noirs et blancs.

Une historiographie nationaliste afrikaner a présenté le mythe d’un peuplement européen antérieur à celui des populations africaines. Selon l’auteur, plus personne n’y croit vraiment de nos jours, l’archéologie montre une antériorité du peuplement qui remonte à près de 100 000 ans par des hominidés, par des peuples d’éleveurs cueilleurs depuis le deuxième siècle, et par des populations de langue bantoue entre le IIIe et le XVe siècle. (Les Xhosas, les Zoulous, les Sothos, les Tswanas.)

L’Afrique du sud connaît depuis le XVIIe siècle une longue histoire de discrimination et de dépossession commises à l’encontre des populations noires par les premiers colons, par les républiques blanches, par l’empire britannique au XIXe siècle et reprise de façon systématisée par l’État sud-africain à partir de 1910. L’annexion de la colonie du Cap par les Anglais en 1806 et l’anglicisation de l’administration et surtout l’abolition de l’esclavage par le gouverneur de la colonie en 1834 ont été perçues par les premiers colons, les Boers, comme une menace contre leur mode de vie. Cela explique le grand trek vers le nord et la mise en place des républiques indépendantes du Transvaal et de l’État libre d’Orange.

La guerre des Boers entre 1899 et 1902 s’est terminée en concédant aux différentes provinces de l’union sud-africaine créée en 1910 la possibilité de gérer eux-mêmes les droits qui seraient accordés au noir. La ségrégation n’a cessé de se perfectionner d’ailleurs avec la création de documents attestant de la résidence, l’organisation de la ségrégation spatiale notamment dans les zones urbaines, les fameux townships.

La création des bantoustans a été réalisée à partir de la loi foncière de 1913 qui a retiré leurs terres à des millions d’Africains en transformant 13 % du territoire national en réserve constituées en dix bantoustans autonomes puis indépendants à la fin des années 1970. Ces territoires étaient destinés à évacuer le surplus de populations noires indésirables, une opération de déplacement intérieur de population qui a peu d’équivalent dans l’histoire. Elle concerne près de 500 000 personnes par an pendant la période 1960-1970, par exemple.
La spirale de la violence a commencé au début des années 60 à partir du massacre de Sharpeville. Les organisations antiapartheid passent alors à la lutte armée, les partis comme le congrès national africain, le parti communiste d’Afrique du Sud, rentrent dans la clandestinité.

La fin de l’apartheid a favorisé les divisions sociales entre les migrants venus des bantoustans et les résidents des townships. Dans le même temps, l’Afrique du Sud est passée d’une économie minière, industrielle et agricole fortement consommatrice de main-d’œuvre non qualifiée jusqu’aux années 70 à une économie de services et une agriculture mécanisée depuis lors. L’Afrique du Sud de l’apartheid a mis en place un État-providence racialisé, protégeant la minorité blanche avec un réseau scolaire gratuit et obligatoire, et un système de retraite. Les gouvernements sud-africains à partir de 1994 ont cherché à déracialiser l’État-providence mais les populations issues des anciens bantoustans restent toujours parmi les plus fragiles. La violence et l’insécurité demeurent dans le pays qui est sans doute l’un des plus violents au monde.

Philippe Gervais-Lambony est professeur de géographie. Il présente une société fragmentée selon des clivages qui relèvent des différences « raciales », héritage majeur de l’apartheid, mais également des inégalités entre classes sociales. Ces différences ont des traductions spatiales très visibles. Les catégorisations raciales et ethniques sont toujours maintenues, et dans cet article on peut trouver les derniers chiffres de répartition des populations selon leur appartenance « raciale », c’est-à-dire les catégories créées par le régime de l’apartheid.

En 2013, sur les 53 millions de personnes résidentes en Afrique du Sud, le pays compte 79,8 % de noirs, 8,7 % de blancs, 2,5 % « d’Asiatiques », c’est-à-dire d’Indiens, et 9 % de Coloureds, c’est-à-dire non classés dans les groupes précédents.

La société sud-africaine reste largement communautaire, et la déségragation est loin de représenter la priorité du pays. Selon l’auteur il n’existe plus de quartiers résidentiels exclusivement blancs dans les grandes villes, et on a bien assisté à l’émergence d’une nouvelle élite et classe moyenne noire. Mais du côté des plus pauvres la ségrégation raciale persiste car il y a concordance entre appartenance raciale et sociale.

L’article est enrichi de cartes extrêmement précieuses qui montrent la fragmentation socio-économique du pays du point de vue des taux de chômage, du produit intérieur brut par habitant, et même de la densité de population. Les zones les plus pauvres, les plus touchés par le chômage sont également les plus densément peuplées tandis que la province du Cap de l’Ouest et le district de Pretoria font très largement la course en tête.

Raphaël Botiveau, professeur à l’IEP d’Aix-en-Provence, présente les particularités de la vie politique post apartheid en Afrique du Sud. Le congrès national africain, le parti de Nelson Mandela disparu en 2013, dispose toujours de la majorité absolue au parlement national et aux assemblées provinciales, avec le soutien de 62 % des électeurs. La province du Cap de l’Ouest est dominée pourtant par l’alliance démocratique qui a presque doublé le nombre de ses électeurs depuis les dernières élections.. L’ANC est toujours minée par des conflits d’intérêts et des scandales de corruption mais maintient sa domination sur le pays. En réalité c’est à l’intérieur de l’ANC que les oppositions entre les différents courants se structurent et l’actuel président Jacob Zuma malgré son implication dans différents scandales a pu maintenir son autorité. C’est la faiblesse de l’opposition et l’absence d’alternative crédible au mécanisme de l’ANC qui fait tenir ce système négocié au moment de la fin de l’apartheid. La question est de savoir pour combien de temps ?

L’encadré « pour aller plus loin » à propos des trois métropoles du Cap, de Durban et de Johannesburg, face aux défis de la mondialisation sera extrêmement précieux. Son auteur Céline Vacchiani – Marcuzzo présente les trois histoires du peuplement de chacune de ces villes, leur constitution en aires métropolitaines et leur insertion dans la mondialisation par le développement du secteur des services. La coupe du monde de football en 2010 n’a pas été non plus dénuée de de conséquences dans ce domaine avec une amélioration des infrastructures, notamment de transport.

Nicolas Pons – Vignon, présente un bilan économique décevant pour le pays, même s’il représente en termes de PIB le quart de celui de la totalité du continent africain. C’est pourtant le Nigéria, grâce au pétrole, qui détient le statut de première puissance économique du continent. Reste à savoir si ce rang pourra être maintenu avec l’effondrement des cours actuels des prix du baril.

L’Afrique du Sud dispose de ressources minières extrêmement importantes comme l’or, le charbon et surtout le platine dont il concentre plus de 70 % des réserves mondiales. Le pays dispose d’une base fiscale importante consolidée par un marché financier très développé. Pourtant, le bilan économique est assez peu flatteur. La croissance reste faible avec de période de récession en 1995 et à la faim des années 2000. Les inégalités ont augmenté et les mouvements sociaux sont devenus particulièrement violents. Le chômage structurel reste extrêmement élevés plus de 25,2 % selon les statistiques officielles et 33 % si les demandeurs d’emploi découragé sont pris en compte. La consommation a pu être dopée pendant la période 2003–2007 par des achats à crédit massifs, mais la crise financière mondiale entre 2008 et 2010 lui a fait perdre 1 million d’emplois dans le secteur manufacturier.
Les entreprises, et particulièrement le secteur minier, ont de plus en plus recours au travail précaire. Le nombre de travailleurs pauvres considérablement augmentés et près de 6 millions de salariés sur 13 n’ont pas d’assurance chômage.
Les inégalités semblent s’être creusées, loin devant le coefficient de Gini du Brésil par exemple et se situe à 0.65.
L’indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique d’inégalités de salaires (de revenus, de niveaux de vie…). Il varie entre 0 et 1. Il est égal à 0 dans une situation d’égalité parfaite où tous les salaires, les revenus, les niveaux de vie… seraient égaux. A l’autre extrême, il est égal à 1 dans une situation la plus inégalitaire possible

http://www.statistiques-mondiales.com/gini_croissant.htm

l’Afrique du Sud reste toujours un pays dépendant de ses exportations des matières premières et traduit surtout l’absence de diversification du secteur manufacturier. La hausse entre 2010 et 2014 du cours des matières premières ne semble pas devoir se poursuivre, ce qui aura forcément des conséquences. Le pays est fortement consommateur de biens d’équipement importés et son secteur manufacturier souffre de la concurrence d’autres pays, d’autant plus que les entreprises qui produisent des biens de consommation se sont souvent délocalisées. S’il existe une élite économique noire qui a pu émerger, celle-ci est très liée aux élites traditionnelles blanches du secteur minier et financier. La corruption endémique dans l’accès aux marchés publics ne favorise pas non plus l’initiative.

Le SIDA

L’Afrique du Sud a découvert l’épidémie du sida assez tardivement, début 1990. Le problème a longtemps été considéré comme marginal mais après 1994, le taux de séroprévalence atteint 25 % en 2000. Le successeur de Nelson Mandela le président Mbeki a refusé de mettre en avant une politique de diffusion des rétroviraux. C’est seulement en 2008, après sa démission, que le programme de lutte contre le sida est véritablement lancé. L’Afrique du Sud est devenue un pays pionnier dans ce domaine, et le taux de prévalence des adultes de 15 à 49 ans est passé en dessous de 20 %. Pourtant 3 millions de personnes aujourd’hui encore ne bénéficient pas de traitement antirétroviral, et le nombre de nouvelles infections parents reste encore très élevé, en particulier chez les femmes noires. À cette épidémie de VIH se rajoute une épidémie latente et importante de tuberculoses multirésistantes.

François Laforgue revient sur la posture diplomatique de l’Afrique du Sud, qu’il caractérise d’ambivalente. Le pays se positionne comme médiateur dans plusieurs types de conflits sur le continent, notamment par son soutien à la république arabe sahraouie démocratique, et soutient les anciens mouvements de libération nationale d’Afrique australe.
Mais au-delà des postures morales, le pays n’hésite pas à ajouter sa voix à celle de la Chine de la Russie pour mener des mesures coercitives contre le Zimbabwe, et en matière de droits de l’homme, l’actuel président Zuma s’est montré très discret lors de ses déplacements à Cuba comme en Chine.

En matière de capacités militaires le pays ne dépense que 1,3 % de son PIB, et en valeur absolue cela ne représente que 4,6 milliards de dollars. Si le niveau d’équipement dépasse largement celui des états voisins, le pays peut difficilement envisager des opérations extérieures de maintien de la paix de grande ampleur.
Pourtant sur le marché des mercenaires ( Que l’on qualifie maintenant de personnel des sociétés militaires privées) l’ancien militaire sud africain est fortement apprécié. La tradition militaire du pays, surtout chez les blancs, est assez marquée et la possession d’armes à feu dans la population très importante.

Dans les relations avec l’Europe l’Afrique du Sud semble avoir compris l’intérêt de nouer des relations régulières, et a pu jouer un rôle important en matière
d’investissement à l’étranger, particulièrement en Afrique francophone. À l’égard des États-Unis le souvenir de la complaisance à l’égard du régime de l’apartheid semble avoir laissé des traces. Depuis avril 2008 pourtant l’Afrique du Sud s’est associée au régime de sanctions contre l’Iran et elle s’est dissociée de la Russie et de la Chine lors du vote des résolutions du conseil de sécurité contre le régime de Damas.
Dans les relations avec la Russie, les échanges économiques sont extrêmement limités, d’autant que les deux pays sont des producteurs de matières premières et par voie de conséquence concurrents.

Les relations sont beaucoup plus importantes notamment avec l’Inde depuis la fin de l’apartheid. Ici aussi l’histoire et l’engagement de Gandhi au début de sa carrière politique en Afrique du Sud expliquent cette proximité. L’Afrique du Sud est le premier client de l’Inde en Afrique et lui offre aussi un débouché commercial pour ses produits pharmaceutiques ou les engins agricoles.

Avec la Chine, même si l’amitié peut apparaître encombrante avec les tentatives chinoises de s’imposer dans le pays, notamment dans le secteur du textile, les relations deviennent plus équilibrées par l’importance des investissements chinois en Afrique du Sud mais également sud-africain en Chine, avec un net avantage pour les investissements directs étrangers sud-africains en Chine pour 12 milliards de dollars en 2011. En fait il s’agit là de délocalisations au détriment de l’emploi en Afrique du Sud.

Avec le Brésil la coopération semble croissante d’autant que les deux pays sont membres du groupe de Cairns, la coalition de vingt États de l’organisation mondiale du commerce qui assure 25 % des exportations agricoles mondiales. Ces participants défendent la libéralisation des échanges commerciaux agricoles et la diminution des subventions accordées par certains états, l’Europe et les États-Unis, aux agriculteurs.
Au-delà de leur coopération économique, l’Afrique du Sud partage avec le Brésil, la Chine et l’Inde plusieurs préoccupations politiques communes comme participer à la stabilité politique de l’Afrique et surtout contribuer à la création d’un monde multipolaire dans lequel l’influence de l’Occident serait diluée.

Le Nigéria et Boko Haram

Pour rester dans les géants africains, l’article de Marc-Antoine Pérouse de Montclos, professeur à l’institut français de géopolitique, présente le Nigéria au défi de Boko Haram.
La croissance économique du pays est extrêmement contrastée, avec une forte croissance dans le sud du pays, mais une croissance fragile car très largement liée au cours du pétrole brut, et un nord du pays qui subit l’épreuve du terrorisme de la secte apparue au début des années 2000. C’est à partir de 2009 que la secte Boko Haram s’est engagée dans la lutte armée sur fond de différences ethniques et face à une armée profondément corrompue en raison des détournements massifs des fonds qui leur sont alloués.
Depuis la parution de cet article, la situation semble s’être profondément dégradée dans le nord-est du pays, la secte Boko Haram ayant été capable d’essaimer au-delà des frontières, vers le Niger, le Cameroun et même très récemment, il y a seulement deux jours, en direction du Tchad.

La situation est donc particulièrement tendue dans ce pays, qui dispose pourtant d’atouts considérables mais qui souffre d’une mal gouvernance endémique. Longtemps bénéficiaire d’une économie de rente, grâce au pétrole, ce pays de plus de 170 millions d’habitants peut parfaitement s’engager dans un cycle de violence malgré des résultats économiques théoriquement flatteurs, mais qui ne concernent que la partie sud du pays. Pour autant l’auteur n’envisage pas de partition, en raison de la nécessité pour les populations du Nord de continuer à accéder aux ressources de l’économie pétrolière du sud. Reste à éradiquer ce qui constitue une menace majeure en termes de sécurité à l’échelle de l’Afrique occidentale, et ce n’est pas la qualité, très relative, pour ne pas dire nulle, de l’armée nigériane, corrompue et mal commandée, qui permet de l’envisager à court terme.

Bruno Modica