Les jeunes en Afrique représentent plus de 60% de la population, c’est un défi et une richesse qu’analyse le journaliste mais aussi historien et sociologue Jean-Célestin Edjangué. La préface d’Abdou Diouf est un hommage au dynamisme d’une jeunesse moderne et enracinée dans la vie communautaire, il rappelle l’émergence d’une classe moyenne africaine.
Le prologue de Rachad Farah, ambassadeur de Djibouti en France pose les bases de la réflexion: une jeunesse nombreuse, de mieux en mieux formée, un continent riche en ressources, une croissance économique depuis 20 ans et pourtant une zone de pauvreté et une jeunesse qui désespère. La structure des sociétés où l’aîné a un poids considérable est-elle un frein au développement, empêche-t-elle un renouvellement des élites?
Jean-Célestin Edjangué tente une réponse à partir des rencontres avec ces jeunes instruits de l’Institut des relations internationales du Cameroun (mai 2011) et de l’université Mahatma Ganghi de Guinée Conakry (décembre 2012).
L’Afrique des paradoxes
Un continent riche en ressources naturelles mais une population pauvre.
Après une très rapide histoire du continent berceau de l’humanité, l’auteur met en regard quelques chiffres: bilan des ressources minières, évocation d’un secteur agricole peu valorisé, une main d’œuvre disponible mais sans emploi et une jeunesse créative ouverte aux nouvelles technologies.
Les enjeux du développement
Il nous présente les attentes des jeunes en matière de santé, d’emploi et de lutte contre la pauvreté et développe ce qu’il appelle l’indispensable révolution culturelle. Il explique comment la sacralisation du droit d’ainesse, de la parole des anciens est remise en cause par la jeunesse instruite des réalités du monde grâce notamment à Internet. Il montre le paradoxe d’une revendication de rupture avec la toute puissance des aînés et à la fois la glorification de la culture africaine.
le second point développé dans cette seconde partie est celui d’un défi: l’emploi des jeunes, diplômés ou non. Malgré la croissance économique et partant des conclusions de l’assemblée de la banque Africaine de Développement (mai 2012 – Arusha, Tanzanie) et du Sommet de l’Union africaine ( juillet 2011 – Malabo, Guinée équatoriale) l’auteur analyse les données du problème et évoque brièvement quelques pistes notamment les relations avec les migrants (politique française du co-développement).
Il rappelle les objectifs des OMD adoptés par l’ONU en 2000 à l’horizon 2015. Malgré quelques progrès enregistrés en Afrique il met l’accent sur la faible scolarisation des adolescents, le problème de la corruption et la question de la gouvernance.
Les clés de la « Renaissance »
Les jeunes voient dans les nouvelles technologies une porte vers la modernité et les exemples donnés ici invitent à un relatif optimisme, le développement de la téléphonie mobile comme de l’accès à l’internet sont des réalités .
Les jeunes aspirent aussi à une redéfinition des termes de l’aide publique au développement: coopération Sud-sud, microcrédit.
L’auteur dresse un tableau des initiatives pour mieux exploiter le potentiel de la jeunesse offrant notamment des lieux d’expression comme le Forum des Jeunes de Guinée créé en 2006.
Un essai réfléchi mais optimiste qui donne de façon salutaire une autre image de l’Afrique et de sa jeunesse.