« Population & Avenir, revue indépendante alliant rigueur et pédagogie, vous présente une analyse originale des enjeux actuels. Vous y trouverez une source d’informations, de réflexions et d’argumentaires amplement illustrés par des cartes, des graphiques, des tableaux, des schémas… »
ÉDITORIAL par Gérard-François DUMONT
LE DÉVELOPPEMENT LOCAL DES TERRITOIRES : DES TECHNIQUES OU DES VALEURS ?

Au fil des décennies, on constate une multiplication des appels à projets. Les instances, à de multiples échelles, invitent de plus en plus souvent les territoires à présenter des dossiers entrant dans leurs cadres prédéterminés afin d’obtenir des financements. L’objectif est louable : il s’agit non de verser une dotation au territoire en pensant que celui-ci saura l’utiliser au mieux de ses intérêts, mais que le territoire utilise cette subvention sur la problématique choisie par le financeur. Toutefois, dans la pratique, on remarque une grande inégalité entre les territoires, selon leurs capacités en ingénierie permettant de répondre à des exigences administratives souvent lourdes et complexes.

A l’échelle de la France, les financements obtenus apportent aux territoires retenus des moyens pouvant avoir un impact réel. Mais engendrent-ils automatiquement du développement local ?

De nombreux territoires français présentent ainsi des réussites en termes de développement local sans avoir multiplié les réponses aux appels à projets et obtenu des financements en conséquence. Ils ont préféré utiliser leurs moyens humains selon des logiques de développement local « interne ». Ils ont alors su s’appuyer sur des valeurs essentielles : un fort sentiment d’appartenance; un esprit d’équipe réel et pérenne pour promouvoir des actions favorables au développement local; un esprit d’entreprenariat et d’innovation quelle que soit la nature de la dominante de telle ou telle action, soit économique, sociale, environnementale ou culturelle.

Le rôle des pouvoirs publics est donc moins de multiplier les appels à projets que de libérer les territoires de la complexité des textes règlementaires et des procédures qui peuvent obérer l’émergence et l’épanouissement des valeurs portant le développement local.

 

DOSSIER par Jean-Marc ZANINETTI
LE PEUPLEMENT DE LA FRANCE – UNE DOUBLE RÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE

En un siècle et demi, le peuplement de la France vient de connaître une double révolution géographique : un maelström de migrations internes et une évolution de la place de la région capitale, auparavant « pompe aspirante » devenue « pompe répulsive ».

Du milieu du XIXème siècle à aujourd’hui, les systèmes de transport mécanisés et la révolution industrielle ont unifié progressivement le territoire de la France métropolitaine en favorisant le brassage de sa population. Depuis 150 ans, la part de ceux qui sont recensés dans leur département de naissance recule inexorablement : 85% de la population recensée en France métropolitaine au recensement de 1872, 80% à celui de 1921, 61% à celui de 1968 et 50% en 2017. A cette dernière date, les départements attractifs se trouvent en Ile-de-France et dans la moitié sud de la France (à l’exception de la Loire et du Cantal). Dans la moitié nord, les transformations sont moins marquées, avec toutefois un contraste entre l’Ouest et l’Est. Attractifs, les départements de la façade atlantique ont connu une évolution assez forte. En Vendée, on est passé de 84% de la population sédentaire au recensement de 1968 à 51% en 2017. L’Arc Septentrional qui s’étend de la Manche à l’Alsace a mieux résisté. Que ce soit du fait d’une attractivité moindre ou d’un plus grand attachement de ses natifs à leur terre natale, le département du Nord est devenu celui qui compte la plus grande part de sa population née sur place au recensement 2017 (75%).

Pendant longtemps, la région capitale a « vampirisé » certaines régions, notamment celles du Bassin Parisien et au-delà. Le dénominateur commun à ces régions périphériques était alors d’être restées plus rurales que la moyenne et d’offrir moins d’opportunités d’emploi pour les jeunes diplômés dans les services du fait de leur spécialisation économique relative. Aujourd’hui, l’attractivité francilienne sur les autres régions s’est globalement affaiblie entre les recensements de 1968 et 2017. L’attraction de l’Ile-de-France reste certes plus sensible dans le Bassin Parisien, dans le Grand Ouest, de la Normandie à la Bretagne et dans le Massif Central. Inversement, les régions du sud et de la façade orientale sont les moins attirées par la capitale. C’est particulièrement net dans les départements alpins et de la vallée du Rhône, mais aussi en Alsace et dans les départements du sud-ouest, notamment en Haute-Garonne, où l’attraction de Toulouse concurrence désormais fortement celle de la région capitale.

L’immigration internationale fournit de plus en plus de jeunes actifs à la métropole parisienne, qui, comme les autres villes mondiales, se déconnecte relativement du reste de la France pour mieux se connecter au reste du monde. Parmi les facteurs explicatifs de cette déconnexion « Paris-province », on peut avancer aussi le rôle de certaines métropoles. La généralisation de l’urbanisation et le besoin d’emplois de services sur tous les territoires offre des alternatives à l’installation dans une région capitale dont le prestige est sérieusement écorné. Quant à la part des étudiants qui viennent à Paris, elle a diminué avec le développement de l’enseignement supérieur en région. Mais l’explication démographique semble la plus pertinente. Tandis que les provinciaux venaient travailler en région parisienne au XXème siècle, nombre d’entre eux quittent cette région à l’heure de la retraire, et même assez souvent avant cet âge pour jouir de meilleurs aménités environnementales et d’un rythme de vie plus détendu dans un deuxième temps de carrière. La région capitale n’est plus la « pompe aspirante » qu’elle a été dans le passé, mais elle contribue à l’accroissement des autres régions métropolitaines par le déficit continu des migrations internes. Des départements très éloignés de Paris se sont révélés être des destinations électives, comme la Charente-Maritime ou le Lot qui comptent, en 2017, plus de 10% de leur population native de la région Ile-de-France. Ce phénomène pourrait prendre une nouvelle importance après la pandémie Covid-19.

 

DOCUMENT PÉDAGOGIQUE (libre de droits)
LA GÉOGRAPHIE DU PEUPLEMENT DE LA FRANCE SELON LES DÉPARTEMENTS DE NAISSANCE ET DE RÉSIDENCE

 

EXERCICE PÉDAGOGIQUE par Alexandre DUCHESNE
LA FRANCE : DYNAMIQUES DÉMOGRAPHIQUES, INÉGALITÉS SOCIO-ÉCONOMIQUES

Cette étude de cas s’insère dans le thème 2 du programme de Géographie de la classe de Seconde : « territoires, population et développement : quels défis ? ». La partie spécifique sur la France est étudiée à l’échelle du département, plus pertinente pour s’interroger sur les dynamiques démographiques d’un territoire et les inégalités socio-économiques.

En introduction, les élèves étudient des affiches de marketing territorial (du département de l’Indre). Le premier temps consiste en un travail de recherche sur le site de l’INSEE pour dresser le portrait démographique d’un département. Ils doivent ensuite le présenter à l’oral. Le deuxième temps permet de faire réfléchir les élèves sur une typologie des départements français.

 

LE POINT SUR… par Jean-Paul SARDON
LA POPULATION DES CONTINENTS ET DES ÉTATS EN 2021 : QUELS EFFETS DE LA PANDÉMIE COVID-19 ?

L’histoire des épidémies montre évidemment leurs conséquences sur la mortalité. Mais elles exercent également des effets sur la natalité et les migrations.

En effet, la pandémie Covid-19 a affecté la natalité de manière directe. Dans la plupart des 22 pays développés étudiés, le nombre mensuel de naissances a fortement chuté en octobre 2020. Toutefois, la pandémie n’a pas eu des effets similaires dans tous les pays sans doute sous l’effet de son calendrier de diffusion. Dans l’Union Européenne, la baisse du nombre de naissances sur un an s’est accentuée à partir de novembre : -4,1% en novembre 2020 par rapport à novembre 2019, -5,5% en décembre 2020 par rapport à décembre 2019, pour culminer en janvier 2021 (-9,6% par rapport à janvier 2020). L’Espagne a subi le plus fort recul du nombre de naissances.

Cette baisse de natalité, associée à une forte augmentation du nombre de décès, entraîne une chute de l’accroissement naturel dans un nombre important de pays. Effectivement, la population dans le monde, avec la pandémie Covid-19, aurait progressé de seulement 64 millions d’habitants entre les 1er juillet 2020 et 2021, soit 18 millions de moins que les 12 mois précédents. Au cours de cette même période de 12 mois mi-2020-mi-2021, la population de l’Europe décroît de 3 millions, et celle de l’Union européenne de 2 millions, en dépit de l’effet positif des migrations.

La population mondiale projetée pour 2050 (9 688 milliards) a été révisée à la baisse de 188 millions, ce qui s’explique principalement par 2 raisons : d’une part, la prise en compte des effets de la pandémie; d’autre part, une révision à la baisse de 100 millions au compte de la seule Chine, probablement suite aux résultats du dernier recensement de ce pays qui laisse apparaître des indicateurs démographiques accentuant le dépeuplement déjà projeté. Alors que la population mondiale serait multipliée par 1,2 d’ici 2050, celle de l’Afrique le serait par 1,87 (2,2 en Afrique centrale et jusqu’à 2,7 au Niger).