Depuis plusieurs années, les Éditions de la BnF, publient des livres-posters composés de 22 planches détachables en couleurs. Voici une belle idée pour découvrir ou de redécouvrir un artiste qui se spécialiste dans l’affiche comme Alphonse Mucha. Cet album, mais aussi les textes d’introduction et les notices des œuvres ont été rédigés par Sandrine Maillet, chargée de la collection d’affiches modernes et contemporaines au département des Estampes et de la Photographie de la BnF.

Un artiste emblématique de la Belle Epoque

Nous sommes à la belle époque de l’affiche ou plutôt des affiches de la Belle Époque. Alors que le peintre, Alphonse Mucha (1860-1939) se rêve peintre de la grande histoire ou de l’histoire mythologique, il accède à la notoriété avec des œuvres légères et éphémères dans la frivolité des spectacles du temps. Inspiré par les estampes japonaises, l’artiste trouve son idéal graphique dans une femme idéalisée aux cheveux virevoltants entremêlés de motifs floraux empruntés à l’art nouveau, sur fond doré à la manière byzantine. Idéalisée, pas toujours ! Car le peintre est sollicité pour représenter la belle Sarah Bernhardt qui incarne Gismonda puis la dame aux camélias au théâtre de la Renaissance.

L’œuvre en partie inachevée, est reçue avec enthousiasme par la diva. L’artiste voit dans ce  personnage en pied, auréolé et paré de tons pastels, rehaussés de bronze et d’argent, vêtu d’un somptueux costume dont les motifs mêlent une calligraphie subtile, l’image idéalisée qu’elle veut donner d’elle-même.

La muse Bernhardt

C’est le début d’une alliance entre Mucha et Sarah Bernhardt par un contrat de six ans. De cette fructueuse collaboration, naitra notamment l’affiche de Gismonda tirée à 4 000 exemplaires avec trois variantes suivant les tournées à l’étranger. Cette œuvre suscite l’admiration du grand public comme celle des critiques : « Il a prouvé que la débauche des tons, l’exubérance de gestes, …, étaient parfaitement inutiles. Au charivari des couleurs, il a opposé l’affiche claire et blanche comme un lis ». Le succès est tel que Mucha fait l’objet d’une exposition à la galerie de la Bodinière en 1897 et au Salon des Cent, vitrine de la revue artistique et littéraire, la Plume.

En feuilletant ce beau livre-posters, on perçoit toutes les subtilités de la palette de l’artiste en fonction des commandes pour le spectacle, la publicité ou un calendrier affiche. Alphonse Mucha a su allier le sensualité de la silhouette féminine, l’emploi de teintes claires et la stylisation des ornements géométriques ou floraux. Nulle doute que ces femmes aux allures allégoriques enchanteront les amateurs d’art graphique en attendant de partir admirer les forts belles pièces du musée Mucha de Prague quand l’époque le permettra.