De sa longue carrière de chercheur Michel Lorblanchet tire une synthèse de son interprétation de l’art pariétal. Les hommes ont fréquenté les grottes comme des sanctuaires. De sa longue fréquentation des cavités du Quercy il a développé un système d’interprétation. Ce livre en est une synthèse.

Les très nombreuses représentations analysées dans ce petit volume permettent d’approcher, peut-être de loin, ce que les hommes de l’Aurignacien au Magdalénien ont voulu exprimer.

Michel Lorblanchet est directeur de recherches honoraire au CNRS. Il est un spécialiste mondialement reconnu pour l’étude des grottes ornées et l’art préhistorique, il a étudié sur le terrain les grottes ornées du sud de la France, mais aussi l’art rupestre en Australie et en Inde. En 1972 il a consacré sa thèse à « l’art pariétal en Quercy : Sainte-Eulalie, Les Merveilles, Recherche d’une méthode d’analyse des grottes ornées » (sous la direction de A. Leroy-Gourhanet A.Laming Emperaire). Il a publié de nombreux livres dont L’art préhistorique en Quercy, la grotte des Escabasses, Themines, Lot, Éditions P.G.P.(1974), La naissance de l’art, Éditions Errances (1999), L’art préhistorique du Quercy, Éditions Loubatières (2004) ou L’art pariétal : grottes ornées du Quercy, Éditions du Rouergue (2010, réédition augmentée en 2018).

Cadre de l’étude

Ce ne sont pas moins de trente grottes ornées paléolithique du Quercy, de Lascaux, au nord, largement étudié à la vallée jusqu’aux très nombreux sites des vallées de la Sagne et du Célé (carte p. 15) : Cougnac, Les Merveilles (Rocamadour), Les Fieux, Pergousset, Pech-Merle qui sont scrutées à la loupe.

La frise chronologique (p. 16-17) détermine deux époques à plus de 10 000 ans d’intervalle. Une seule, Cougnac, est utilisées à la fois au Gravétien (panneau des mégacéros) et au Magalénien (signes ponctués).

Marques et traces rituelles

L’auteur aborde ces marques ténues, lignes gravées ou peintes, mains frottées, souvent en périphérie de scènes. Elles sont le produit d’une action volontaire sans intention figurative.

Ces marques fréquentes en Quercy se retrouvent aussi en Espagne (Peña de Candamo). Leur étude permet de rapprocher certaines grottes. Certaines sont une « rénovation » des peintures ce qui confirme l’hypothèse de sanctuaires utilisés sur de longues périodes. Au paléolithique, l’art un art sacré serait une forme de « religion des grottes ».« les grottes ornées les plus riches sont les grottes naturelles les plus impressionnantes par leurs dimensions et leur beauté. Pech-Merle est à la fois la grotte ornée la plus importante présentant les plus somptueuses compositions pariétales, et la cavité naturelle la plus vaste et la plus belle de toutes les grottes de la région »1

Symbolisme de la grotte

Pour cette étude Michel Lorblanchet s’appuie sur deux grottes : celle de Roucadour, au nord du Causse de Gramat, et celle de Pergousset. On a relevé, à Roucadour, près de 500 figurations enchevêtrées. Après la description minutieuse de la galerie, l’auteur interprète des marques comme des symboles féminins associés à une gravure de femelle d’auroch. La grotte magdalénienne de Pergousset est comme un cheminement, comme une histoire de la création. Au fond il y a de l’eau et la gravure d’un poisson, comme point de départ de la vie sur terre. En se dirigeant vers l’entrée le regard croise trois représentations de vulves féminines associées à une différenciation croissante des espèces animales jusqu’à la tête de bouquetin, proche de l’entrée qui semble vivant (reproduction p. 79)

Symbolismes morphologiques des parois

Dans certains cas il y une anamorphose, le dessin s’intègre à la morphologie de la paroi comme à Cougnac, la paroi des mégacéros. Les concavités sont utilisées pour représenter les femelles et les protubérances pour les mâles. Une pratique qui se retrouve sur d’autres sites : Les Fieux, Marcenac, Pergousset.
À
Pech-Merle L’auteur parle de rimes plastiques pour une réinterprétation de formes à quelques siècles, millénaires d’intervalle. C’est le cas de la figure du poisson qui est transformée en cheval (p. 94). Plus étonnants, les animaux verticaux de Roucadour, peut-être un monde non advenu.

Symbolisme générateur de Pech-Merle

Deux espaces distincts dans cette vaste cavité invite à ce symbolisme. Les antilopes de la galerie du Combel représentent un monde en gestation. On y voit la parenté des espèces vivantes et une génitrice aux multiples seins (stalactites peintes du plafond). Alors que dans la grande salle il y a à la fois des signes au plafond et une représentation de « trois femmes et trois mammouths » dont l’auteur décrit à la fois les tracés et leur chronologie qu’il interprète comme scène de copulation symbolique. Enfin au sol le panneau peint des Femmes-Bisons comme un double du plafond.

Révérences à la vie et à la création

Les animaux de la grotte de Sainte-Eulalie (Espagnac) semblent en mouvement. C’est l’occasion de démontrer la grande finesse artistique des Magdaléniens. Cette finesse se retrouve, aussi, dans les scènes d’allaitement d’une biche et son faon à la grotte Carriot.

L’image de la femme évolue comme le montre la grotte de La Magdeleine-des-Albis.

Autres significations

Dans ce dernier chapitre l’auteur analyse quelques exemples et notamment les figures d’hommes blessés.

Conclusion

Pour Michel Lorblanchet, si ces représentations de l’art pariétal, associées à une culture orale, expriment la richesse de la pensée elles demeurent difficiles à déchiffrer.

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1 Cité p. 57

Présentation sur le site de l’éditeur