Le 2 janvier 1893, l’Eure est un navire français qui aborde les côtes des îles Kerguelen. Une salve de canon marque la présence française sur ces îles battues par les vents.

C’est ainsi que commence la publication, par Bruno Fuligni, de deux récits de cette expédition.

A la gloire de Sadi Carnot

L’auteur rappelle que c’est à la fin du règne de Louis XV qu’Yves Joseph de Kerguelen a découvert des îles le 12 février 1772 à une époque où le royaume cherchait à redorer son blason après la perte de la Nouvelle-France. Ces îles ingrates, « terre de désolation » selon les propos de Cook, furent longtemps le domaine des baleiniers.

Dans le contexte de la défaite de 1870, la France de Sadi Carnot cherche à réaffirmer sa souveraineté sur l’archipel. Alors que la métropole est en plein scandale de Panama, le commandant de l’Eure plante le drapeau et installe un site de secours pour marins en détresse. Que faire de ces lieux ? On a même imaginé en faire une colonie pénitentiaire, plus saine que la Guyane et y extraire du charbon. L’archipel abrite aujourd’hui des scientifiques.

 

Aux terres de Kerguelen, îles de Saint-Paul et d’Amsterdam

Le récit de l’enseigne de vaisseau Charles-Etienne Mercié fut publié dans Le Tour du monde du 21 août 1897. Le texte montre la surprise de son auteur face aux très nombreux oiseaux, aux pingouins si facile à approcher. Il décrit cet espace où pullulent les lapins, apportés par une précédente mission. Son récit fait la part belle à la cérémonie du drapeau à la construction d’une pyramide destinée à indiquer le lieu du dépôt de vivres de secours dans ces mers dangereuses.

L’auteur, outre la description précise de la côte, a une bonne opinion de l’endroit qui lui paraît exploitable, au-delà de la collecte de la graisse de baleine. Il fait la comparaison avec les Malouines. Il évoque un possible boisement avec des sapins de Norvège, l’exploitation possible du charbon, utile sur la route maritime de l’Australie et une mer poissonneuse.

 

Carnet inédit de Louis Labeille

L’enthousiasme de l’enseigne de vaisseau ne se retrouve pas dans le journal du bord du marin Louis Labeille qui regrette en cet hiver 1893 la chaleur du foyer familial. Ce récit sobre est un témoignage sur la vie à bord d’un voilier dans la seconde moitié du XIXe siècle. On retrouve les même événements mais le marin est plus intéressé par la découverte des hauteurs et ne croit pas à l’utilité réelle du stock de survie de la pyramide qui lui a donné tant de mal à construire dans le vent et dans le froid.

 

Deux récits parallèles et pourtant différends, ils sont complétés d’un cahier de photographies et reproductions qui illustrent le récit.

 

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