Explorer le monde grâce au service de la connaissance géographique
Depuis la première édition parue en 2021, « l’Incroyable Histoire de la géographie » s’est vendue à plus de 30 000 exemplaires. Un succès à l’origine d’une deuxième édition, de surcroit augmentée, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Cette bande dessinée est publiée par les Arènes, un éditeur dont l’expertise est reconnue en la matière avec une collection désormais fournie dont « l’Incroyable Histoire de la médecine », « l’Incroyable Histoire de l’argent« , « l’Incroyable Histoire de l’éducation » et « l’Incroyable Histoire des sciences « .
Cette bande dessinée retrace l’histoire de la discipline à travers la figure des explorateurs, écrivains, diplomates et géographes, à la fois en chambre et sur le terrain. L’objectif de ce livre est de raconter les grandes explorations à travers le monde depuis la révolution néolithique vers -8000 jusqu’en 2021, année du bicentenaire de la Société de Géographie.
La difficile tâche de résumer 200 ans d’explorations a été confiée à Jean-Robert Pitte (président de la Société de Géographie) et à Benoist Simmat (journaliste et auteur d’une partie des textes). Les dessins, particulièrement expressifs, drôles et colorés, sont l’oeuvre de Philippe Bercovici.
Sur les traces des explorations mythiques
Les personnages évoqués sont nombreux et dresse un panorama particulièrement large des grandes figures de la discipline depuis l’Antiquité. Les premiers géographes sont d’abord des marchands et des savants désirant en savoir plus sur la région voisine. C’est ainsi que Strabon, Eratosthène et Zheng He se retrouve aux côtés du militaire Ernest Doudard de Lagrée, de l’écrivain Sylvain Tesson, du journaliste Jamy Gourmaud, du naturaliste polonais Nikolaï Prjevalski, du navigateur Jean-Baptiste Charcot, du marcheur allemand Heinrich Barth, de l’historien Paul Vidal de La Blache et du géopolitologue Yves Lacoste.
L’approche retenue est chronologique. Les 80 nouvelles pages de cette édition retrace l’histoire de la géographie du Néolithique à la fin de l’époque moderne. Sur des rochers ou de l’argile, les premiers documents cartographiques apparaissent. Les savants mésopotamiens ont représenté plan de la ville de Nippur au IIe millénaire avant notre ère. Jusqu’au milieu du premier millénaire avant notre ère, l’objectif est alors simple : « connaître et revendiquer son environnement, et pouvoir se déplacer aux frontières des mondes connus » (page 22).
Outre les passages attendus sur la géographique grecque et latine durant l’Antiquité, cette bande dessinée n’omet pas les explorations chinoises en Asie Centrale avec Zhang Qian (IIe siècle avant notre ère) et Gan Yin (autour de 97), et dans le sous-continent indien avec le moine Faxian (IVe siècle). Lentement à partir du début du Moyen-Age en Europe, la géographie va devenir « l’instrument central de l’exploration de la planète et de son fonctionnement » (page 48).
Les héritages de Ptolémée sont étudiés à Bagdad à partir du VIIIe siècle. Al-Balkhi (IX-Xe siècle), Al-Istakiri (Xe siècle) et Ibn Hawqal (Xe siècle) vont représenter le monde tel que le rapport les voyages de découvertes effectués par les marchands du pays des Zanj (Tanzanie actuelle) à Ceylan (Sri Lanka actuel) en passant par le monde russe, le Soudan et l’Arménie. La reconnaissance du monde s’achève au XVIIIe siècle, à l’exception de quelques portions de montagnes en Asie (Tibet, Tian Shan), de l’intérieur de l’Afrique équatoriale (du Botswana à la Centrafrique actuelle) et de l’Antarctique.
L’expédition de Napoléon en Egypte en 1799 marque un tournant important. Il forme la première véritable expédition militaro-scientifique d’envergure. Les recueils effectués sur le terrain donnent de la matière à étudier pour plusieurs décennies pour les savants européens. C’est alors que l’histoire de la Société débute officiellement le 15 décembre 1821 lors de la réunion des 227 premiers membres (page 105). Elle ne cessera d’encourager, conformément à ses origines, de « concourir aux progrès de la Géographie » à travers le soutien à des voyages, des remises de prix, la publication de travaux inédits, la réalisation de cartes et la formation d’un réseau intellectuel avec les autres sociétés savantes. S’adaptant aux évolutions techniques et technologiques, la Société continue de publier une revue (« la Géographie ») et de soutenir tout ce qui contribue à l’accroissement des connaissances géographiques auprès de la communauté savante et du grand public (missions scientifiques dans l’espace, les abysses ou oeuvres littéraires à travers les figures de Chateaubriand, Julien Gracq, Jean-Paul Kauffmann, Sylvain Tesson).
En résumé, la nouvelle édition de cette bande dessinée est à nouveau une véritable réussite scientifique et graphique. Les dessins sont particulièrement riches en anecdotes et l’on se plait à chercher les références de chaque vignette.
Précise, parfois drôle et dépaysante, la déambulation géographique s’avère plaisante et compréhensible à partir de 10 ans. Son acquisition par les CDI des écoles primaires, collèges et lycées garnira le rayon des bandes dessinées et contribuera peut être à éveiller des envies d’explorations de la part des plus jeunes. Une nouvelle édition à ne pas manquer.
Pour aller plus loin :