L’archéologue Isabelle Catteddu a dirigé la rédaction de ce premier volume consacré à l’Archéologie médiévale en France, intitulé « Le Premier Moyen Age (Ve-XIe siècle) ». Il appartient à la grande collection « Archéologies de la France » publiée sous l’égide de l’INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) par les éditions de La Découverte, qui aborde toutes les périodes de la Préhistoire à nos jours. Cet ouvrage fait la synthèse des nombreuses découvertes survenues depuis une trentaine d’années sous l’effet des progrès techniques à la fois dans les méthodes de fouilles et dans l’exploitation des renseignements recueillis. Il s’appuie sur la multiplication des fouilles préventives suscitées par de grands travaux d’aménagements collectifs, qui a permis le renouvellement des questionnements portant sur l’occupation de l’espace et les interactions entre les installations humaines et leur environnement.

Dans un premier chapitre, l’auteur présente la période étudiée, qui va du Ve au XIe siècle, dans son contexte politique et social. Les chapitres suivants constituent des présentations thématiques des principaux résultats obtenus par l’archéologie en dialogue avec les acquis de l’anthropologie, de l’archéozoologie, de la botanique, de la palynologie, de la climatologie de la géologie, désormais systématiquement mobilisés pour éclairer les progrès de la connaissance.

Les évolutions de l’habitat rural et urbain, l’empreinte de l’homme sur les paysages, les voies de communications, la diversité des modes d’inhumation et leurs évolutions sous l’effet de la christianisation et des brassages de populations, sont autant de sujets évoqués dans les chapitres suivants. Ils montrent que les sites occupés par les hommes connaissent une certaine permanence, mais opèrent des glissements spatiaux liés à de nouvelles activités ou de nouveaux besoins. Les transformations des productions et des techniques ont pu être étudiées grâce à l’analyse du matériel recueilli à l’occasion des fouilles, en particulier dans les milieux humides qui ont permis la conservation remarquable d’objets périssables, notamment en bois, ou des fragments de cuir ou de tissu. S’y ajoute l’étude anatomique des restes humains découverts dans de nombreuses nécropoles, qui permet une meilleure connaissance de l’état sanitaire des populations concernées.

Chaque chapitre est composé d’une mise au point synthétique et dense sur l’état actuel des connaissances. Des encarts sur une double page, soigneusement illustrés de façon suggestive et variée, s’intercalent pour présenter divers sujets en relation avec le thème étudié par la synthèse, en approfondissant un aspect du propos abordé succinctement dans le chapitre. Le texte principal et le « gros plan » des encarts consacrés à des sites remarquables ou des questionnements particulièrement novateurs se répondent en écho, et s’enrichissent ainsi mutuellement.

La bibliographie, fractionnée en suivant le plan des chapitres, apparaît à la fin de l’ouvrage. Elle renvoie à un riche corpus de monographies et d’ouvrages de synthèse, qui permet à ceux qui auraient été « mis en appétit » par leur lecture et qui voudraient en savoir davantage, d’aller approfondir leur réflexion sur les divers sujets abordés de façon forcément un peu rapide par le texte de ce volume qui se veut une initiation aux questions posées par les découvertes de l’archéologie médiévale.

Petit par le format, très maniable, ce manuel est une bonne introduction qui fait le point sur les nouvelles perspectives de l’archéologie médiévale, en dialogue avec l’histoire et les autres disciplines scientifiques. L’ensemble est instructif, tout particulièrement les passages portant sur l’évolution des climats et leur impact sur l’occupation des espaces humanisés et les paysages, les découvertes portant sur les conditions de la navigation fluviale et les ports, et les glissements progressifs des habitats et des nécropoles, que l’on avait du mal à appréhender auparavant. Les illustrations abondantes et soignées (petits objets, photographies et plans de sites, maquettes reconstituant les lieux fouillés…) permettent au lecteur d’avoir une vision concrète des découvertes et de l’environnement matériel de ce haut Moyen Age. On peut pourtant regretter que certains plans de sites, réduits pour les besoins de la publication, manquent de ce fait de lisibilité, mais cet inconvénient lié au format matériel de cette collection demeure néanmoins mineur, car l’auteur renvoie clairement aux publications originales les lecteurs intéressés par un approfondissement.

Cet ouvrage semble particulièrement destiné à des lecteurs déjà familiarisés à l’histoire médiévale et à l’archéologie, et désireux de s’informer de façon commode sur les nouvelles questionnements suscités par la confrontation des diverses disciplines intéressées par l’étude des sociétés et de l’occupation de l’espace au Premier Moyen Age. Les étudiants de Licence devraient aussi y trouver d’utiles jalons. Enfin, facilitée par les encarts sur double page présentant des sites ou des thèmes particuliers, une utilisation pour aborder le Moyen Age de façon concrète avec de jeunes élèves peut aussi être envisageable.

Noëlle Cherrier-Lévêque – © Clionautes