Riche d’une quinzaine de titres, la collection « Les Encyclopes » de chez Milan Jeunesse s’ouvre à la Cliothèque avec ce volume sur les pôles rédigé par Richard Beugné.

L’ouvrage se compose de 11 chapitres pour quelques 200 pages et comporte de nombreuses informations intéressantes et qui sont surtout bien mises en lumière par les types de documents retenus pour les présenter.

Les impacts de la rigueur du froid sont évidemment dominants dans l’analyse: l’inévitable construction des igloos, le rôle vital des brise-glace mais aussi une double page qui traite de ces grands fleuves canadiens ou sibériens devenant de véritables « bulldozers » lors de la fonte des glaces.

Quelques idées reçues sont renversées: la banquise n’est pas si lisse qu’on ne le croit, la partie émergée de l’iceberg ne fait en moyenne qu’un cinquième à un huitième de sa masse totale, les esquimaux ont, eux aussi, des lunettes de soleil.

On apprend que le moral est affecté dans ce genre de milieu extrême qu’il s’agisse de visiteurs occasionnels (mal mystérieux dû à la longueur de la nuit entraînant la folie) ou des populations permanentes (sentiment d’injustice, malaise social et fort taux de suicides d’où une nécessité de la solidité familiale). Même le cannibalisme existe, tout comme le chewing-gum de baleine d’ailleurs.

Sont évoquées également quelques précautions nécessaires à tenir pour vivre isolé dans une station scientifique (état de santé irréprochable générant parfois des ablations « préventives » de l’appendice, séparation des différents bâtiments pour éviter l’incendie général).

Mais ce qui demeure probablement le plus intéressant réside dans toutes les pistes d’avenir que peut nous apporter le monde polaire: analyse des carottes glaciaires, remorquage d’icebergs pour apporter de l’eau potable, tremplin et champ d’expérimentation pour l’espace.

En regard, on peut demeurer inquiet au sujet des échanges économiques dissymétriques entre les pôles et certains pays peu scrupuleux, sur l’exploitation polluante de certaines énergies et surtout sur ce qui pourra se passer après 2041, lorsque l’accord liant les 7 pays voisins de l’Antarctique arrivera à expiration. La convoitise de l’Arctique est également abordé au travers des ZEE (comme celle présente page 18, une carte aurait été la bienvenue sur cette double page 208-209).

Un tour d’horizon très complet de ces territoires vers lesquels de plus en plus de regards se tournent y compris ceux des touristes. Les autorités du Groenland s’interrogent même sur l’idée de faire accompagner les touristes voulant chasser l’ours polaire par les populations locales contre rétribution afin de réduire le nombre d’animaux tués…Quoi qu’il en soit, un monde avec encore beaucoup d’inconnues à découvrir, avec émerveillement. Mais à l’image de la photographie page 212 montrant une horde de touristes photographie un malheureux manchot ébahi: « Qui du manchot ou de l’homme est le plus étonnant ? »