Compte-rendu établi par Jean-Pierre Costille, professeur d’histoire-géographie au lycée Jules Haag de Besançon. Ce livre est un recueil de contributions prononcées lors d’un colloque organisé à Nantes en septembre 2005. L’ouvrage s’intéresse à « l’art-science » c’est-à-dire au mélange de sciences et d’arts dans la peinture ou la sculpture. Il est organisé en quatre parties. Certains articles sont assez techniques et demandent quelques bases en mathématiques. Cela peut être, selon le niveau de chacun, parfois ardu et l’on aura profit à lire en parallèle le numéro que La documentation photographique a consacré récemment au sujet afin de cerner les fondamentaux de chaque question (comme la musique).

Architecture et sculpture

La première partie traite de la peinture de l’architecture et de la sculpture. Dominique Le Nen s’intéresse à Léonard de Vinci et réussit à y appliquer un angle original. Il lie le travail de dissection et la représentation graphique : le premier permet le second. Il choisit comme approche la question des mains et réexamine cette question avec deux siècles de recul. Les peintres dépassent la simple copie car l’anatomie permet aussi de mieux appréhender les volumes, les formes. Deux articles sont consacrés à la question de la perspective : il y eut une pluralité de méthodes aux origines de ce que l’on a nommé la perspective renaissante. Toujours sur la question de la représentation, Didier Bessot consacre un intéressant article aux anamorphoses ; il organise son propos autour de questions relativement simples mais essentielles : quoi, pourquoi, comment ? L’article reproduit certaines anamorphoses et l’on en découvre d’Erhard Schön. Dans celles-ci, on peut y voir par exemple plusieurs portraits de rois de l’époque et chacun est affublé d’une scène particulière (François Ier avec une scène montrant deux Turcs renvoie à l’instauration de relations diplomatiques entre le royaume de France et la Sublime Porte). Il peut y avoir là un document intéressant à montrer aux élèves. Il faudra néanmoins trier car certaines sont plus légères ! On aboutit à la question du pourquoi qui se révèle très ouverte. Pourquoi cacher dans certains cas ? L’auteur traite alors de la question des techniques possibles permettant d’arriver à un tel résultat.

Musique et sciences

La seconde partie s’intéresse à la question de la musique et des sciences. On a l’habitude de dire que la musique évolue profondément à cette époque et l’on souligne son lien avec les mathématiques. Là encore quelques connaissances musicales sont nécessaires pour bien suivre le raisonnement des auteurs. A cette occasion, on rencontre aussi des personnages moins connus comme Vincenzo Galilei le père de Galiléo. Tout comme pour l’ouvrage sur les Chifflet, cela permet de rencontrer des figures types de la Renaissance souvent moins connues. De la même façon donc, on peut construire, à partir des renseignements de l’article, une biographie dans laquelle l ‘élève devra retrouver en quoi il s’agit d’un homme typique de la Renaissance. François Baskevitch poursuit sur les académies à Florence, abordant aussi la découverte avec Vincenzo Galilei. L’innovation principale de ces académies est la transversalité des compétences et des connaissances.

Arts et mathématiques

La troisième partie traite d’arts et mathématiques : Pascal Brioist évoque aussi comment l’artillerie passe de l’art à la science : « la mathématisation d’une pratique conduit à lui donner le titre spécifique de science ». Le chapitre 11 s’intéresse à Jacques Peletier du Mans poète et mathématicien de la Renaissance. On peut se livrer là au même exercice de biographie évoqué ci-dessus. En plus Myriam Papin offre plusieurs tableaux récapitulatifs de ces ouvrages permettant de voir comment mathématiques et poésie évoluent ensemble.

Les images à la Renaissance

La dernière partie enfin traite des images à la Renaissance. En effet, avec le développement de l’imprimerie, le recours aux images se développe. Sylvie Renoud réfléchit à la façon dont elles sont utilisées dans les écrits : on est de moins en moins dans la symbolique et de plus en plus vers le réalisme. Elles deviennent des outils de communication et deviennent complémentaires du texte. Le dernier article s’intéresse au bestiaire d’Ambroise Paré. Le célèbre chirurgien s’est également intéressé aux animaux. Cela permet de relativiser une marche générale vers le progrès. En effet, Ambroise Paré considère comme certaine l’existence des dragons tueurs d’éléphants !
L’article se termine ainsi : « à la fois fantastique et réaliste, le bestiaire d’Ambroise Paré n’est que le reflet de son temps ; il nous enseigne que l’évolution des mentalités et de la pensée scientifique est une chose lente et laborieuse », morceau de synthèse que l’on pourra évoquer avec les élèves.

Au total, derrière ce titre un peu large, on découvre une suite d’articles, d’accès plus ou moins aisés et l’on tirera profit d’un tel ensemble, éventuellement par un travail croisé avec le collègue de mathématiques. On pourra ainsi construire une séquence intéressante. Ainsi il y a quelques années avec une de mes collègues, nous avions bâti un travail sur la Flagellation du Christ en l’éclairant sous l’angle historique et mathématique. A travers quelques-uns de ces articles, on pourrait trouver matière pour de nouvelles propositions du même type.

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