En Angleterre, au IXe siècle, Eivor, cheffe viking du camp de Ravensthorpe, kidnappe dans une abbaye anglaise de Readingum le jeune Edward, un moine copiste rebelle. Le jeune homme est repéré par Hytham, le représentant de Ceux que l’on ne voit pas (l’ordre des Assassins), qui le prend sous son aile. Animé par une ardente soif d’aventures et de liberté, il tente à plusieurs reprises de s’enfuir et de retrouver son frère, Ecbert, moine également. Il est systématiquement rattrapé par Niels, un jeune chasseur qui est tout son opposé…

Ce roman graphique n’est pas la première collaboration entre l Editions Glénat et Ubisoft. Ils proposent régulièrement des récits en parallèle des jeux vidéo, que ce soit les Lapins Crétins, Watch Dog ou les précédents opus de la licence Assassin’s creed. Ce récit indépendant a été écrit par Mathieu Gabella, un scénariste de BD passionné par l’histoire, la fantasy et l’univers des super-héros, et superbement dessiné par Paolo Traisci, un auteur et dessinateur italien.

Une aventure historique, teintée d’ésotérisme

L’enlèvement d’Edward n’est que le prélude d’un récit qui monte rapidement en puissance et d’un voyage initiatique pour Edward et Niels. Les personnages voyagent pour percer le mystère du suicide d’Ecbert, d’autant que parmi les documents du défunt, se trouvent d’étranges parchemins écrits dans une langue inconnue. Personne ne connaît la provenance de ces lettres à l’apparence occulte, mais Edward a déjà vu de tels signes, dans l’atelier d’Hytham. Ceux que l’on ne voit pas pourraient offrir des réponses à Edward, et garantir ses aspirations de liberté et de savoir.

Dans leur quête pour décrypter cet étrange langage et percer le mystère de la mort de son frère, les jeunes hommes rencontrent une mystérieuse guerrière de l’ordre de ceux que l’on ne voit pas. De l’abbaye de Wincestre au nord du mur d’Hadrien, ils découvrent l’existence d’une mystérieuse secte qui utilise cette langue hermétique pour transmettre le savoir, ainsi que le sort d’Ecbert. Dans leur périple, ils observent également une technologie ancienne et très avancée, pouvant aussi bien offrir un avenir radieux à l’humanité ou servir d’arme mortelle.

Mais, la violence des méthodes de Ceux que l’on ne voit pas, pour qui la mort est un prix acceptable si elle sert l’intérêt du plus grand nombre, n’est pas sans conséquence. Au prix d’un énorme sacrifice, l’ordre secret et leur cachette aquatique sont détruits, marquant à jamais les jeunes héros. Si Niels part en quête d’aventures solitaires, Edward, désormais rongé par la haine, change de camp.

Une adaptation en BD réussi de l’univers d’Assassin’s Creed Valhalla

Ce beau roman graphique propose une aventure historique, teintée d’ésotérisme. L’intrigue est bien ficelée, avec une narration dense qui ne laisse aucune place aux temps morts, ainsi que des personnages bien écrits, tout en nuances et pleins de contradictions. Si l’univers du jeu est respecté, notamment au travers des superbes graphismes qui rendent un bel hommage à l’univers d’Eivor de Ravensthorpe, les vikings sont mis de côté au profit de l’Angleterre et de l’ordre des assassins.

Ce récit indépendant vient enrichir un univers vidéoludique déjà très dense et travaillé, en jouant avec ses meilleurs aspects : l’action et la discrétion, incarnées par les deux personnages principaux, la camaraderie et les trahisons, l’Histoire et le mythe. Un des grands points forts de l’histoire est que la limite entre le Bien et le Mal est très floue, les différents camps ayant leur part de lumière et d’ombre.

C’est avec un réel plaisir que l’on suit les pérégrinations et les désillusions des héros, qui découvrent un monde bien plus vaste et complexe qu’ils ne l’imaginaient. Comme toujours dans Assassin’s Creed, la qualité des décors et du contexte historique laisse rêveur. Olivier Jalabert, directeur éditorial BD chez Glénat, résume parfaitement les possibilités infinies d’adaptation en BD de l’univers d’Assassin’s Creed : « La richesse visuelle et narrative d’une licence comme Assassin’s Creed offre un potentiel d’adaptations en BD quasi illimité. […] D’autant que l’univers viking – très graphique – est également particulièrement apprécié par les lecteurs de bande dessinée. » Force est de constater, en lisant l’album, qu’il a raison. L’ensemble est complété par quelques croquis de certains personnages et de quelques planches. Une belle lecture pour les amateurs de la licence.