La Grande-Bretagne envoie deux de ses meilleurs navires vers l’Arctique pour réaliser un vieux rêve de navigateur : réussir la première traversée du passage du Nord-Ouest. Mais, cette expédition tourna au drame.
Michel Durand, à qui l’on doit par ailleurs le diptyque « Ambre Gris », récit à bord d’un baleinier au XIXe siècle, entraine le lecteur dans cette histoire à la fois haletante et émouvante.
Une histoire vraie
L’album démarre par une visite des bateaux de l’expédition faite à son épouse. Cela permet de découvrir le personnel, le matériel et plusieurs personnages. L’album documentaire qui prolonge la bande dessinée permet d’ajouter quelques chiffres sur les aspects matériels d’une telle entreprise. En effet, dans chaque navire, ce ne sont pas moins, par exemple, de 8 000 boites de conserve, 24 tonnes de viande et 2 tonnes de tabac qui sont embarqués.
John Franklin
John Franklin est un capitaine reconnu mais vieillissant. L’auteur procède à des flash-back sur une précédente expédition qu’il avait menée. Vingt-cinq ans plus tôt en effet, il avait perdu plusieurs hommes dans une autre expédition. Au moment du voyage ici retracé, les deux bateaux se retrouvent coincés dans les glaces de l’Arctique.
Un destin tragique
L’expédition cherche des solutions. Elle se sépare finalement en deux groupes. Une partie des marins reste à bord, tandis qu’une autre tente de se diriger vers le sud. La situation à bord des navires se dégrade progressivement, que ce soit pour des raisons alimentaires ou par la promiscuité subie et prolongée des hommes. Sans trop dévoiler, on peut dire que les hommes seront conduits à des extrémités comme le cannibalisme.
Du côté de l’Angleterre
La bande dessinée ne se focalise pas uniquement sur l’expédition, mais évoque également la vie en Angleterre. On voit notamment le combat mené par l’épouse de Franklin. Celle-ci en effet tenta de mobiliser le gouvernement pour que l’on parte à la recherche de ces bateaux perdus.
Un dossier documentaire
Le dossier documentaire est très fourni et illustré pour mettre en perspective ce qui est une des plus grandes tragédies de l’histoire maritime. Il est réalisé par Stéphane Dugast, secrétaire général de la Société des explorateurs français. Il permet à la fois de comprendre l’époque dans laquelle s’insère cette expédition, mais surtout de livrer le fruit des dernières investigations qui la concernent. En effet, les épaves des deux navires ont été retrouvées il y a quelques années et ont permis d’en savoir plus.
En terme de réalisation, l’album n’hésite pas parfois à inclure peu de texte, ce qui ajoute à l’ambiance de solitude que purent ressentir ces hommes perdus dans les glaces. Un récit de grande qualité sur une expédition terminée tragiquement.