Cette nouvelle livraison de l’atlas de la mondialisation des Presses de Sciences Po présente, pour cette sixième édition, la même structure et les mêmes atouts que les versions précédentes que la Cliothèque avait eu l’occasion de chroniquer (2006, 2007, 2009, 2010).
Qualité première, les illustrations sont de très bonne facture. Sur la forme, on appréciera notamment les superpositions de frises d’histogrammes permettant de saisir d’un coup d’œil l’évolution de tendances sur des entités étatiques (origines des réfugiés p 30) ou par régions (actes de piraterie p 90).
Sur le fond, les exemples convoqués se révèlent pertinents mais aussi souvent originaux (remise des migrants vers leur pays d’origine p 29, censure d’Internet p 85 ou encore la double page, 94-95, consacrée aux « proliférations » d’armes). La cartographie des voyages officiels, qu’il s’agisse des papes (p 76) ou des présidents américains (p 133), permet de saisir autrement la mondialisation des phénomènes religieux ou politiques.
Le dossier spécial, ici consacré aux Etats-Unis, expose très bien la construction d’un territoire aujourd’hui en proie à de nombreux paradoxes, économiques, environnementaux…On se replongera d’ailleurs, après coup, avec grand intérêt dans les pages précédentes pour compléter l’analyse de cette hégémonie (impressionnantes données sur les Prix Nobel p 145) et montrer quelques éléments de déclin (diminution de la part des milliardaires américains dans le classement mondial, p 35), voire des absences (aucun élément de patrimoine immatériel classé à l’UNESCO, p 79).
Un lexique bien fourni, une bibliographie par chapitres et une séduisante étude des photographies introduisant les chapitres agrémentent la fin de l’ouvrage.
Mais c’est également toute l’analyse de la méthodologie cartographique qui apporte de solides « clés de lecture » à cet atlas. En démarrer la lecture après avoir rappelé l’importance de la discrétisation, du choix des variables visuelles ou encore des échelles apporte une indéniable plus-value. L’un des exemples les plus simples à saisir sur cet apport méthodologique réside sans doute dans la comparaison, classique mais pas inutile à rappeler, entre la cartographie, p 77, des musulmans en effectifs (plus nombreux en Asie) et en proportions de la population (plus nombreux en Afrique du Nord et au Proche-Orient).