Conjointement réalisé par l’Agence d’Urbanisme de Lille, l’INSEE et la Mission Bassin Minier (qui a déjà 10 ans) avec l’aide de nombreux autres partenaires (intercommunalités surtout), cet atlas de l’Aire Métropolitaine de Lille se penche sur ce territoire constituant une véritable réalité transfrontalière fonctionnelle de 3,5 millions d’habitants.
Cette édition 2011, fraîchement sortie en janvier 2012, se structure en 6 parties et offre un texte en 3 langues (français, néerlandais, anglais) idéalement présenté puisqu’il occupe 3 colonnes d’une page, le vis-à-vis restant réservé à l’illustration.
La première partie se veut cadrage général de cette « randstad » franco-belge. On y apprend sur des traits physiques, géologiques et paysagers communs, qu’à l’idée courante d’un territoire très artificialisé renvoie un pourcentage de terres agricoles supérieur à la moyenne française. 4 bonnes cartes sur l’évolution de l’urbanisation (1851, 1911, 1975, 2006) de cette « AML » interpellent sur la rapidité de la croissance et même sur la fulgurance du développement du bassin minier, aujourd’hui en taux de variation de population négatif.
La seconde partie s’arrête plus en détail sur la démographie de cet espace à la densité (521 hab/km2) supérieure à celle de la France (113 hab/km2) mais aussi de la Belgique (349 hab/km2). Si la première partie recensait beaucoup de facteurs d’unité franco-belge, la page 63 montre une différence de poids sur la question de l’âge : la part des moins de 20 ans est très importante dans le Nord et extrêmement faible côté belge (la carte montre même, à hauteur de la métropole lilloise, des écarts énormes entre les deux extrêmes de la légende). Des informations sur l’immobilier agrémentent également ce volet tout comme des données plus « attendues » sur la faiblesse de l’espérance de vie dans le bassin minier et la présence plus élevée de personnes seules en milieu urbain.
Transition entre démographie et économie, la troisième partie traite de la grande ressource humaine du territoire. L’emploi est en meilleure santé dans une Belgique moins touchée par le chômage quoiqu’en hausse. La typologie de l’emploi affiche un visage surtout tertiaire et l’offre en enseignement supérieur se veut abondante et variée même si les étudiants et jeunes diplômés se concentrent plutôt sur Lille.
La quatrième partie présente un tissu économique diversifié, autour de la logistique, de l’agro-alimentaire, du textile-habillement et surtout de la filière commerce-« distributique » (néologisme récent ?) lilloise et de quelques grands pôles de compétitivité. Les cartes montrent également que la création d’entreprises se porte mieux en France qu’en Belgique.
La cinquième partie traite de l’accessibilité. Bien placée sur tous les réseaux (surtout le TGV et sa ligne Lille-Paris si chère !), l’AML présente des potentialités sur l’intermodalité air-fer. Une superbe carte (p 142) explique, avec grand détail pour les locaux (!), la congestion permanente du transport routier, d’où la nécessité de parfaire le système de transport collectif métropolitain.
La dernière partie évoque les nouveaux atouts du rayonnement de l’AML : équipements sportifs, culturels, hébergement urbain ou « vert », mise en valeur et réhabilitation du patrimoine, industriel notamment.
A cela s’ajoute une vingtaine de pages d’annexes (notes méthodologiques et tableaux statistiques) et une belle collection de photographies prises de « points hauts » par Guillaume Bonnel.
Une belle réalisation dont on ne devrait pas se priver pour préparer ses cours tant il y a moyen de saisir la richesse d’un territoire et de chercher…et trouver « LA » carte ou « LA » problématique qui sort du lot et qui peut générer l’accroche en classe. La Cliothèque accueillera avec grand plaisir les publications de ces agences d’urbanisme, structures intercommunales et autres partenaires institutionnels de l’aménagement qui, comme ici, proposent parfois ce genre d’ouvrages accessibles au plus grand nombre.