Un atlas original réunissant 30 spécialistes
Fidèle à sa réputation, Autrement publie un atlas fort original pour ce début d’année 2022.
Sous la houlette de deux directeurs d’ouvrage (Brigitte Faugère et Nicolas Goepfert), une trentaine de spécialistes, pour la plupart archéologues, ont contribué à la rédaction d’un atlas entièrement dédié à l’Amérique précolombienne. Parmi les nombreux auteurs, les lecteurs retrouveront avec plaisir une double-page sur les Incas signée du belge Peter Eeckhout, animateur-archéologue de l’excellente émission « Enquêtes archéologiques » sur Arte.
L’objectif de l’atlas est de dresser une synthèse claire et précise de l’Amérique depuis -8000 jusqu’au XVe siècle. Les Mayas, Aztèques, Olmèques, Incas, Toltèques, Taraques mais aussi les cités de Cuicuilco, Tikal, Teotihuacan et du Machu Picchu sont à l’honneur. La première partie, représentant la moitié de l’atlas, est dédiée aux civilisations mésoaméricaines. Suivent ensuite des focus sur les peuples andins, amazoniens, andins, antillais et même arctiques.
Les textes sont précis et les cartes originales. D’habiles petites bulles permettent d’apprécier les sculptures et les peintures mésoaméricaines, les différents types de pointes, les gravures de chasse des civilisations arctiques ou les différents motifs des vases antillais.
Les enseignants de la spécialité « Histoire, Géographie, Géopolitique, Sciences Politiques » pourront mobiliser la double-page de Stéphen Rostain à propos de la domestication des paysages en Amazonie (pages 83-83). Allant même jusqu’à utiliser l’expression « d’urbanisation de la forêt » (page 82), l’auteur explique que les interventions humaines depuis le premier millénaire avant Jésus-Christ sont massives sur la forêt (déboisement, plantation).
Les anciennes populations ont en plus changé la morphologie même de la région. Les Amazoniens ont creusé, retourné, transporté, surélevé et édifié des milliers de m3 de terre, remaniant ainsi le modelé de son territoire. Par exemple, afin de cultiver, les Amérindiens édifient vers 700-1000 de notre ère des milliers de buttes de terre au-dessus du nivaux d’inondation dans les savanes inondables du Venezuela, de la Bolivie et des Guyanes. Disposées selon un damier harmonieux, elles couvrent des milliers d’hectares.
Il faut également imaginer une Amazonie précolombienne traversée de chemins permanents et parsemée de tertres et de digues, de canaux et fossés, de bassins et réservoirs, de champs surélevés, etc. Ces terrassiers remarquables ont construit de prodigieux monuments de terre.
Atlas de l’Amérique précolombienne, Autrement, page 83.
Cet atlas est l’occasion de mettre l’accent sur des sujets rarement abordés dans un livre destiné à un lectorat non-spécialiste. Une double-page présente ainsi les « chasseurs du bout du monde » (page 86-87), pour reprendre l’expression de Marianne Christensen et Dominique Legoupil. Les auteurs distinguent les chasseurs terrestres tels que les Tehuelche, Selk’nam et d’Haush, et les chasseurs maritimes, connus sous le nom de Chonos, Alakaluf ou de Yamana, S’installant dans la région vers -9500 pour les chasseurs terrestres, puis vers -4500 pour les chasseurs maritimes, « ces populations ne furent sans doute jamais numériquement importantes dans cet espace géographique immense » (page 87). En contact avec des navigateurs extra-américains à la suite de la découverte du détroit de Magellan, les populations de chasseurs ont été décimées par des épidémies à la fin du XIXe siècle.
Source : Extrait tiré de « l’Atlas de l’Amérique précolombienne » publié chez Autrement, Janvier 2022, pages 26-27
En conclusion, un atlas original qui a le mérite de rendre accessible de nombreux travaux archéologiques sous la forme de courts textes et de cartes.
Pour aller plus loin :
- Présentation de l’éditeur -> Lien
Antoine BARONNET @ Clionautes