Avec cette série d’atlas historiques dont plusieurs titres ont été présentés sur le site des Clionautes les éditions Autrement proposent une série de volumes particulièrement adaptés au centre de documentation des lycées et aux cabinets d’histoire. Rédigé par un spécialiste dont les travaux font aujourd’hui référence en histoire romaine cet atlas de Rome et des barbares est enrichi par la cartographie de Claire Levasseur. Cet ouvrage sera également très précieux en premier cycle universitaire, l’histoire romaine ayant pratiquement disparu des programmes du lycée. Il n’en va pas de même e collège par contre. Extrait du BOEN n° 6 du 28 août 2008 :
Programmes de l’enseignement d’histoire géographie éducation civique :
III. Rome (environ 25 % du temps consacré à l’histoire)
Dans le même temps les invasions barbares touchent la période du haut Moyen Âge est donc cet ouvrage permettra une actualisation des connaissances pour expliquer aux élèves et même aux étudiants du premier cycle universitaire les causes de cet effondrement de l’empire romain d’Occident tandis que l’empire romain d’Orient devait résister pendant près de 10 siècles.
Le découpage en six chapitres de cet ouvrage n’est pas à proprement parler chronologique. Le premier chapitre, la puissance de Rome ses limites et les crises situe bien évidemment le début des difficultés entre Rome et les barbares lors du règne de l’empereur Marc Aurèle entre 165 et 180 de notre ère. Après 166 une pandémie qui ravage l’empire et affaiblit la puissance romaine rend possible le premier franchissement du limes.
Dans le deuxième chapitre le pouvoir romain, les chrétiens et les barbares on retrouve dans de petits encadrés des synthèses très précieuses sur les relations entre Rome et les chrétiens entre 64 et 260 d’une part et entre 260 et 312 d’autre part. Dans cette situation troublée dans un empire menacé, la diffusion du christianisme a pu être pendant un temps un facteur d’affaiblissement – ce qui était reproché aux chrétiens – et en même temps avec le règne de Constantin facteur d’unité, permettant de maintenir l’empire, même si c’est au prix d’une division en deux. Les affrontements contre les barbares ont pu peser dans l’évolution religieuse de l’empire. Les Goths, convertis à l’homeisme se révoltent contre Valens vaincu à Andrinople en 378, ce qui permet à Théodose d’imposer la doctrine exprimée lors du concile de Nicée. Dans cet atlas et les amateurs de stratégie militaire pourront également apprécier la belle infographie de Claire Levasseur qu’elle réalise pour décrire la bataille d’Andrinople le neuf août 378. Cet ouvrage se révèle également fort précieux pour des étudiants en histoire romaine qui auraient du mal avec les successions et autres usurpations qui marquent le Bas empire.
Usurpations et assassinats
Comme il s’agit d’un atlas l’auteur a veillé à présenter des situations régionales à différentes époques. La situation dans les Balkans au IVe siècle, de la Gaule et les îles britanniques au Ve siècle, de l’hispanie entre 409 473 ainsi que l’Afrique sont du plus haut intérêt. En deux pages, historien et la cartographe dressent un bilan très complet de la situation. La migration des Huns, avec Attila et ses fils entre 439 et 470 ne peut être montrée correctement qu’avec l’aide de trois cartes. La première centrée au coeur de la plaine hongroise montre comment, entre la mer Noire et le Rhin ce peuple guerrier a pu se constituer une sphère d’influence continentale. La seconde carte montre les premières attaques contre l’empire romain d’Orient avec une pénétration jusqu’aux Thermopyles, tandis que la troisième présente la double offensive vers le nord, aux portes de Paris et vers le sud, jusqu’à Milan.
La dernière partie de l’ouvrage est consacré à l’installation des royaumes barbares en Occident, royaumes wisigoths et vandales à l’ouest, royaume Ostrogoth au sud-est, installation du Burgondes et des Francs en Gaule.
Pour terminer sur cette brève présentation qui le rend imparfaitement compte de la richesse de cet atlas, on mentionnera également la présentation historiographique du sujet et les vocations des problèmes de cartographie antique et moderne qui permette de situer avec les outils de l’époque la perception que les populations ont pu avoir de ses invasions qui ont construit pour quatre siècles l’histoire de l’Occident.
Bruno Modica