Auteurs : Bertrand Barré, Bernadette Mérenne-Schoumaker.

Editions Autrement.

Dépôt légal : Avril 2011. ISBN 978-2-7467-1486-1

96 pages – 19 €

Rendons grâce, en guise de préalable, aux éditions Autrement, qui poursuivent, à un rythme soutenu, les parutions géographiques du plus grand intérêt. Outre des sujets inédits, la collection Atlas/Monde met également à jour des ouvrages antérieurs. C’est le cas de cet Atlas des énergies mondiales, qui reprend et complète l’édition de 2007.

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Les auteurs sont bien connus de ceux que les thèmes liés à l’énergie intéressent. Bertrand Barré est un spécialiste du nucléaire et a publié notamment Les 100 mots du nucléaire, cosigné avec Anne Lauvergeon. Quant à Bernadette Mérenne-Schoumaker, professeur à l’Université de Liège et auteur prolifique, on se rappellera sa remarquable Géographie de l’énergie, qui constitue la lecture de base sur le sujet.

Leur propos tombe à point nommé dans un monde où les enjeux de l’énergie sont d’une acuité et d’une actualité plus prégnantes que jamais : volatilité des prix du pétrole dans le contexte du printemps arabe, interrogations sur l’avenir du nucléaire après Fukushima, décision de sortie du nucléaire prise par l’Allemagne, révolution des gaz et huiles de schiste… On ne dira jamais assez à quel point les problématiques énergétiques orientent aujourd’hui une grande partie de la géopolitique mondiale.

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L’Atlas commence par présenter les grandes notions de base : ce qu’est l’énergie, la complexité d’un bilan énergétique, l’essor de la consommation, les vecteurs et réseaux énergétiques, les différentes façons de produire de l’électricité ; le chapitre se clôt sur les usages captifs de l’énergie, qui limitent les possibilités de substitution, mais aussi l’énergie grise contenue dans les produits.

Les grandes ressources énergétiques sont ensuite passées en revue, en deux parties égales : les énergies fossiles, puis les énergies renouvelables. On regrettera peut-être un peu, dès cette 2e partie de l’Atlas, que les réserves de pétrole non-conventionnel n’aient (apparemment) pas été prises en compte dans la carte, alors que les États tendent de plus en plus – à juste titre – à les intégrer dans leurs réserves nationales. De même, on aurait aimé de la part de tels auteurs un peu plus d’audace sur l’avenir du pétrole, tel que le démontre le récent article de Daniel Yergin dans le Wall Street Journal, plaisamment intitulé There will be oil, dont les arguments leur sont certainement connus, à défaut de l’article, publié après l’Atlas. Concernant le nucléaire, quelques développements supplémentaires sur les solutions au thorium auraient été également bienvenus, tant les perspectives en sont intéressantes, mais sans doute le format réduit de l’Atlas ne le permettait-il pas. Au même registre des regrets, on déplorera la quasi absence de prise de position sur le sujet sensible des gaz (et huiles) de schiste… Mais brisons là !

Les rapports entre énergie et développement sont ensuite abordés, un peu rapidement peut-être : croissance de la consommation énergétique, géographie des échanges, typologie des consommations.

Les grands problèmes environnementaux liés à l’énergie sont détaillés : le réchauffement climatique, naturellement, les pollutions, la gestion des déchets ou la prévention des risques. Les auteurs font ensuite le point, de manière un peu rapide mais originale, sur quelques questions qui font débat : Le charbon peut-il être propre ? Le nucléaire est-il une solution pour l’environnement ? La voiture électrique est-elle propre ? Les énergies renouvelables sont-elles viables ? Peut-on développer les agrocarburants sans affamer la planète ?

Un chapitre très intéressant fait l’état des contraintes de choix, des données qui contraignent les stratégies énergétiques à venir : différences de potentiel selon les énergies, augmentation des coûts, diversité des acteurs, scénarios pour le futur, enfin, dont on s’étonne toujours de constater la variabilité et – parfois – le caractère irréel des ambitions face aux égoïsmes nationaux.

L’Atlas se clôt sur quelques réflexions qui constituent autant de pistes pour l’action, dont on se permettra de penser qu’elles ne sont pas toujours originales ni – toujours – réalistes : report des transports vers des modes moins polluants, projets d’éco-quartiers, consommation des appareils électro-ménagers, démarche négatep…

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L’Atlas des énergies mondiales – bien servi par une cartographie efficace – constitue au total un excellent ouvrage de base sur le sujet, dont on recommande énergiquement (!) la lecture.

Christophe CLAVEL

Copyright Clionautes 2011.