« Population & Avenir, revue indépendante alliant rigueur et pédagogie, vous présente une analyse originale des enjeux actuels. Vous y trouverez une source d’informations, de réflexions et d’argumentaires amplement illustrés par des cartes, des graphiques, des tableaux, des schémas… »
Éditorial par Gérard-François Dumont
Géographie des médaillés olympiques français : Paris a-t-il brillé ?
Par ses performances sportives, Paris a-t-il brillé aux Jeux Olympiques de l’été 2024 ?
En considérant les lieux de naissance des 10 médaillés d’or individuels, s’affiche toute la diversité des territoires français. Les outre-mer français sont particulièrement bien représentés. L’Ile-de-France est aussi présente avec Saint-Denis, mais non avec son département central. Aucun n’est né à Paris.
En considérant les médaillés d’or par équipe, la géographie de lieux des naissances est également très diversifiée. C’est parmi les victoires collectives en or que l’on trouve 4 natifs de Paris parmi les 39 médaillés d’or de sport par équipe.
Grâce à la bonne organisation des épreuves, valorisant souvent son exceptionnel patrimoine, Paris a brillé aux Jeux olympiques et paralympiques de l’été 2024 ; mais les athlètes français ont brillé et fait briller Paris essentiellement grâce à des natifs de la grande variété des territoires français. Sans eux, issus d’une belle diversité géographique, les Jeux olympiques de Paris auraient certes été une réussite en termes d’organisation, mais une réussite limitée pour le sport français.
Dossier par Gil BELLIS, Jean-François LEGER et Alain PARANT
Environnement et petits états insulaires : des perspectives démographiques sous contrainte
La dénomination de Petits Etats Insulaires en Développement (PEID) apparaît pour la première fois en 1992 à Rio de Janeiro. Ils se distinguent notamment par des caractéristiques géographiques qui exercent une contrainte sur leur développement économique et par des risques liés aux changements climatiques. Au début des années 2010, la liste des PEID comprend 58 Etats. La partie néerlandaise de l’île de Saint-Martin est le dernier État à rejoindre les PEID.
Au total, ils s’étendent sur 1,193 million de km². L’espace maritime sur lequel ils bénéficient de droits souverains et économiques – la Zone Economique Exclusive (ZEE) – est lui aussi étendu : 35 millions de km². Ils comptent 74 millions d’habitants, soit un gain de plus de 25 millions depuis 1990. Globalement, le principal moteur de la croissance démographique des PEID est le mouvement naturel qui est systématiquement positif.
La baisse de la croissance naturelle observée depuis 1990 réside en premier lieu dans un déclin continu de la natalité. Le vieillissement démographique est par ailleurs une réalité bien installée dans les PEID. Sur sa seule dynamique naturelle et sous la double hypothèse d’une fécondité moyenne réduite de 10 % et d’une durée de vie moyenne majorée de 4%, la population des PEID pourrait s’élever à 87,3 millions d’habitants en 2050, soit un gain de 12,9 millions par rapport à 2023. Mais ces projections ont-elles du sens compte tenu des risques environnementaux liés au réchauffement climatique, notamment la survenue d’évènements météorologiques extrêmes et l’élévation du niveau de la mer, auxquels ces États devraient être de plus en plus confrontés.
A l’avenir, la montée en température des océans et la survenue de vagues de chaleur marine joueraient moins sur la fréquence des cyclones tropicaux que sur leur intensité. Pour y faire face, les PEID les plus exposés – dont la marge de manœuvre budgétaire et les capacités d’investissement peuvent s’avérer limitées – disposent surtout de mesures de prévention. 2 conséquences seraient alors à envisager dans le contexte d’élévation du niveau de la mer : la modification de surfaces occupées par les zones humides côtières, et le risque de submersion partielle ou totale de certaines terres émergées. Certains États ont d’ores et déjà envisagé un transfert partiel, voire une émigration totale de leur population vers d’autres pays d’accueil.
Dans un contexte de forte contrainte environnementale, le champ des possibles ne saurait donc se limiter à la seule prise en compte des comportements impliquées dans la dynamique strictement démographique ; y adjoindre les dimensions telles que la localisation spatiale et les effets prévisibles des changements climatiques gagnerait à la crédibilité des évolutions à venir, quand bien même celles-ci se traduiraient par un renversement des tendances observées jusqu’à présent.
Document pédagogique (libre de droits)
Les 58 petits Etats insulaires en développement (PEID)
Exercice pédagogique par Alexandre DUCHESNE
Lyon, les mutations d’une métropole européenne
Cette proposition s’insère dans le thème 1 du programme de Première technologique intitulé « la métropolisation, un processus mondial différencié ».
En introduction, les élèves découvrent la commune de Lyon et s’initie à la notion de marketing territorial avec le programme « Only Lyon ». Dans une 1ère Partie, les documents proposés traitent du nouveau quartier Géoconfluences et des débats qu’il suscite. Dans une deuxième partie, c’est la volonté de Lyon de développer son insertion régionale et sa dimension européenne qui est questionnée. En conclusion, un schéma est proposé pour rassembler les différents éléments étudiés et montrer leurs liens.
Analyse par Jean-Marc CALLOIS
Environnement : le facteur humain dans chaque territoire est déterminant
Le traitement des questions concernant l’environnement est souvent réduit à des considérations réglementaires ou, à la marge, à des actions éducatives et de sensibilisation. Ces règlementations relèvent soit de l’échelon national, soit de plus en plus de l’échelon européen, et ne prennent que rarement en compte la dimension territoriale. Or, cette dernière est cruciale en matière d’environnement car il est notamment caractérisé par des relations que les habitants entretiennent entre eux et avec leur espace de vie, et qui font système.
En France, pays à tradition centralisatrice, il est parfois difficile de concevoir que ces territoires puissent avoir des fonctionnements différents alors que leurs institutions sont officiellement similaires. En effet, les territoires ont des capacités d’organisation spontanée très différentes, qui influent directement sur la gestion des problèmes économiques, mais aussi environnementaux. Un des exemples les plus aboutis est la coopération très efficace qui caractérise la filière de production de comté dans le Jura. Cette capacité d’organisation se traduit dans la gestion des questions environnementales, et notamment sanitaires. Ainsi, depuis le début des années 1990, le Massif Central comme le massif du Jura, est l’objet de pullulations croissantes d’un ravageur des prairies, le campagnol terrestre. Or, la gestion de cette problématique est très différente entre les deux régions avec, d’un côté, un recours systématique aux produits chimiques de synthèse (toxiques donc progressivement interdits) et, de l’autre, une grande efficacité dans la prévention. Alors qu’en Franche-Comté existent des instances de dialogue entre acteurs agricoles et environnementaux pour se coordonner sur la lutte, des zones d’études pour diffuser les bonnes pratique…rien de tel, à ce jour, n’a pu être mis en place en Auvergne. La résolution des questions environnementales localisées, qu’elles soient ponctuelles ou diffuses, nécessite donc à la fois une capacité d’organisation collective pour mener des projets et une capacité de dialogue entre acteurs aux intérêts divergents.
En conclusion, il est essentiel de comprendre le fonctionnement des organisations humaines sur chaque territoire pour y résoudre efficacement les problèmes environnementaux. Le mélange idéal se compose de 3 éléments : un attachement fort des habitants au territoire, une capacité de coopération élevée et des interactions fréquentes entre acteurs aux intérêts variés. La gouvernance territoriale doit être adaptée selon ces caractéristiques, de même que les modalités de pilotage des projets environnementaux.
Le point sur… par Jean-Marc ZANINETTI
États-Unis : une forte recomposition du peuplement depuis la pandémie
La recomposition du peuplement aux Etats-Unis s’est-elle accélérée depuis la pandémie Covid-19 ?
On constate toujours un recul relatif persistant de l’ancienne « ceinture industrielle » du Nord-Est et du Midwest. Ces régions en dépeuplement contrastent avec les dynamiques de l’Ouest et surtout du Sud. Aujourd’hui, la Californie est l’État le plus peuplé des États-Unis avec un peu moins de 39 millions d’habitants sur 424 000 km². Après une croissance démographique continue, l' »Etat doré » a perdu près d’un demi-millions de résidents ces 3 derniers années sous l’effet principalement d’un puissant courant d’émigration à destination du reste des Etats-Unis, notamment vers l’intérieur de la région Ouest (vers notamment le Nevada, l’Arizona, l’Utah ou le Colorado).
Ce sont les régions du Sud qui jouissent aujourd’hui de l’attractivité la plus soutenue depuis les années 1970. Il s’agit d’une véritable revanche sur l’histoire, car le Sud a souffert d’un retard historique de développement. Les États du Sud associent une économie florissante en cour de forte diversification à une qualité de vie reconnue associée à des aménités résidentielles. La dynamique profite au Texas. La croissance du nombre des habitants équivaut à 35% de celle de toute la région Sud. L’expansion se concentre sur les régions métropolitaines du triangle texan : Dallas – Houston – San Antonio/Austin. La Floride aussi profite de cette attraction, notamment par l’arrivée de retraités. Orlando y connaît la croissance démographique la plus vive.
Par ailleurs, la pandémie Covid-19 a amplifié d’autres tendances préexistantes. Des retraités et des télétravailleurs ou encore des entrepreneurs indépendants du net ont émigré et émigrent des grandes métropoles jugées souvent trop coûteuses, davantage insécures, ou au niveau de propreté de l’espace public insatisfaisant, vers les quartiers résidentiels. Dans une économie tertiarisés, de plus en plus dominée par Internet et gagnée par le télétravail, la problématique des aménités territoriales rebat les cartes, redonnant du crédit à des territoires autrefois perçus comme marginaux. Enfin, la tendance de fond au lent déploiement de la population américaine des régions Nord-Atlantique et Midwest vers la région Sud se poursuit dans un contexte nouveau : la Californie ne fait plus rêver.