« Retour des fronts, essor des murs »

Après l’excellent « Atlas des frontières » réédité par les Arènes au printemps dernier, les éditions Autrement nous proposent un atlas dédié à la même thématique. L’écriture a été confiée à un duo bien connu des professeurs du secondaire.

Hugo Billard est professeur d’histoire-géographie en classes préparatoires ECG à Paris et l’animateur de l’excellente émission « Planisphère » sur Radio-Notre Dame. Il a principalement écrit les chapitres dédiés aux frontières contemporaines (hyper-lieux, frontière américano-mexicaine, le tourisme, le cyberespace etc.). Son partenaire d’écriture est Frédéric Encel, maitre de conférences à Sciences Po-Paris et spécialiste du Proche-Orient. Il est principalement l’auteur des pages sur les frontières à travers l’histoire (Guerre froide, décolonisation) et au Proche-Orient (Plateau du Golan, Israël, Palestine, Eretz Israël).

Après un premier chapitre permettant d’inscrire les frontières dans le temps long à travers des sujets classiques (le limes romain, la Grande Muraille de Chine ou les conséquences des traités de Westphalie de 1648), la suite s’attache à étudier les frontières sur le plan matériel (chapitre sur les discontinuités et sur l’affirmation) et immatériel (les représentations, l’espace vécu). Fidèles à l’esprit de la collection, les textes sont courts et illustrés de deux ou trois documents.

L’intérêt de ce type d’atlas pour les enseignants est très fort. Plusieurs documents seront utiles aux professeurs de collège et de lycée afin d’enrichir et d’actualiser leurs cours. Parmi de nombreuses possibilités, citons la frise chronologique des différentes capitales chinoises des pages 14-15 (chapitre introductif d’histoire en classe de seconde), la division de Berlin durant la Guerre froide aux pages 44-45 (troisième, terminale), l’infographie présentant les 20 plus vastes ZEE de la page 61 (terminale spécialité, terminale tronc commun), la situation mondiale du cyberespace qui est à la fois un espace d’échange et de menaces des pages 66-67 (thème sur la connaissance en terminale spécialité) ou encore les migrations du Nord de l’Afrique en direction des pays européens via la mer Méditerranée des pages 84-85 (seconde).

Source : Sommaire tiré du livre « Atlas des frontières » publié par Autrement, Septembre 2021, pages 4-5

Lors de la lecture du livre afin de préparer ce compte-rendu, deux petites coquilles ont été repérées. La première est située sur l’une des cartes de la page 30 : la capitale du Burundi est Bujumbura (et non Bajumbura). La seconde concerne la capitale du Bhoutan, Thimphou (qui devient « Thimbu », une écriture inusitée), sur la carte des enjeux frontaliers en Chine via l’exemple du Tibet (page 71). Plus embêtant, la Guinée se retrouve en lieu et place du Sénégal sur la carte des migrations de la page 84 !

En conclusion, cet atlas réussit habilement à associer la présentation de situations classiques (les frontières entre Israël et la Palestine, la péninsule coréenne, les ZEE) avec d’autres moins connus qui permettront de renouveler les études de cas en classe (les républiques de la Louhansk et de Donetsk en Ukraine, le cyberespace, la zone de coopération entre le Timor-Oriental et l’Australie). Le choix de la photographie pour la couverture est également une invitation à la rêverie et au voyage : il s’agit d’une route goudronnée au Karakorum longeant la frontière sino-pakistanaise.

Un ouvrage qui ne surprendra pas les spécialistes, mais qui plaira à un large public par sa capacité à expliquer clairement les enjeux de nombreuses frontières à toutes les échelles.

Pour aller plus loin :

Antoine BARONNET @ Clionautes