Les risques et les crises s’amplifient, notamment avec le réchauffement climatique. Ils touchent de plus en plus les populations et leurs installations. Selon l’ONU, 1,4 milliards de personnes sont exposées à un risque élevé de catastrophe naturelle. Incendies, inondations, tempêtes, séismes… face à ces aléas naturels, territoires et populations sont de plus en plus vulnérables. Ce nouvel atlas propose une riche synthèse sur les risques et les crises actuels, ainsi qu’un éclairage sur l’un des enjeux majeurs du XXIᵉ siècle : affronter des menaces bien réelles et trouver des solutions pour y remédier. Il est dirigé par Richard Laganier et Yvette Veyret, géographes, spécialistes des risques et auteurs de plusieurs ouvrages sur le sujet. Pour mener à bien cette étude, ils ont travaillé avec Jean-Marc Noailles et Marie-Laure Gâche, tous deux IA-IPR d’histoire et de géographie dans l’Académie de Nice.
La pandémie de Covid-19 a mis en lumière l’interdépendance des économies et la fragilité des organisations. Comme l’explique dans la préface, Anne-Marie Levraut, vice-présidente de l’association française pour la prévention des catastrophes naturelles et technologiques, « cet atlas a pour objectif de permettre au lecteur de se situer dans un environnement global et de réfléchir aux solutions en cours pour un véritable dialogue démocratique ».
Risques et crises dans le monde
Crises et catastrophes jalonnent l’histoire de l’humanité. Le XXIe siècle n’y échappe pas, avec des sociétés qui subissent de nombreux risques et crises liés aux mutations de la société, à des modes de vie nouveaux fondés sur les réseaux et sur l’informatique, dont les dysfonctionnements pourraient affecter une grande partie de l’humanité. Il en va de même pour les risques technologiques et notamment nucléaires. Les risques et crises d’origine naturelle sont toujours présents. Ils se manifestent sur des populations vulnérables, notamment dans les pays les moins développés, mal informées et peu préparées à faire face au danger. L’intensité des aléas météorologiques augmente avec le changement climatique qui s’affirme. Les grandes pandémies sont également étudiées, ainsi que leur impact sur les sociétés humaines.
Après un nécessaire rappel des définitions et un état des lieux des risques et des crises dans le monde (typologie, échelles et seuils de vulnérabilité, causes et conséquences sur l’homme et l’environnement), les auteurs se concentrent sur des exemples précis. En effet, de nombreux exemples, pouvant se prêter à des études de cas en classe, illustrent qui sont les acteurs de la gestion des risques et crises et ensuite de reconstruction. L’Arctique est l’un d’eux. « Nouvel eldorado », il attire de plus en plus les convoitises en raison des effets du réchauffement climatique qui entraînent une moindre extension de la banquise d’été et contribue à un accès plus aisé de cet espace. Cet accès et l’exploitation de ressources minières et énergétiques constituent autant de risques qui résultent d’abord des activités humaines.
Certains espaces sont particulièrement concernés par les aléas, comme les mégapoles. En effet, beaucoup d’entre elles sont soumises à divers aléas, sources de méga crises. Celles-ci sont vécues et traitées différemment en fonction de la situation économique et politique du pays dans lequel elles se situent. Plusieurs cas sont traités, comme celui d’Hô Chi Minh-Ville au Vietnam, construite en partie en dessous du niveau de la mer. La ville est soumise de façon récurrente à de graves inondations en relation avec la mousson et parfois aggravées par des typhons. La réponse proposée relève de la protection, comme le monde les cartes suivantes.
Enfin, cette première partie présente des exemples de mesures de prévention mises en œuvre pour réduire les effets des risques. Néanmoins, ces mesures destinées à maîtriser l’aléa pour atteindre le risque zéro ont montré leurs limites. Nos sociétés doivent donc apprendre à faire face et accroître leur résilience, ce qui nécessite des acteurs compétents, des financements suffisants, ainsi qu’une conscience claire du danger.
Risques et crises en France
La deuxième partie de l’atlas est consacrée à la France, complétant ainsi l’Atlas des risques en France, déjà dirigé par Y. Veyret et R. Laganier, publié en 2013. Du 1er janvier 2011 au 31 décembre 2020, 1964 catastrophes naturelles ont été recensées en France et dans les territoires d’Outremer, soit en moyenne 92 événements par an. Comme dans le reste du monde, les conséquences des catastrophes technologiques et naturelles augmentent depuis plusieurs décennies, en raison de la vulnérabilité croissante des territoires exposés et de la concentration des populations dans ces derniers.
Dans un premier temps, les principaux risques qui menacent le territoire français sont exposés, chacun illustrés par des exemples à différentes échelles, avec les risques liés à l’eau (fleuves, rivières, crues en montagne et littoraux), les incendies, les canicules, les sécheresses et les risques rencontrés dans les territoires ultramarins. Par exemple, le risque d’inondation, illustré par le cas de la Garonne, est un des risques les plus importants en France. Il concerne 17 millions d’habitants et 9 millions d’emplois. Marquée par de grandes crues (1875, 1930, 1952, 1981 et 2021), la Garonne a fait l’objet de multiples travaux dans le but de réduire les effets de ces crises. Autre exemple, ces dernières années, et notamment à l’été 2022, les incendies ont connu une ampleur considérable, y compris dans des régions où ils sont habituellement rares. En moyenne, 15 à 20 000 ha partent chaque année en fumée, dont les trois quarts dans l’espace méditerranéen. Cela oblige à renforcer la prévision et la protection face au risque, avec la mise en place d’un important dispositif d’équipements de défense des forêts.
Ces risques font l’objet d’une politique de prévention et d’information du public. Ils nécessitent d’augmenter la résilience des territoires et des acteurs. L’exemple de Paris est très intéressant et peut facilement être utilisé dans de nombreuses séquences pédagogiques en collège et lycée. La métropole parisienne, fortement vulnérable, a vu son potentiel d’endommagement augmenter considérablement depuis le début du XXe siècle. Cette situation est liée à la transformation de l’espace urbain dans le cadre de la mondialisation. La vulnérabilité résulte notamment de l’interdépendance des réseaux techniques et du poids des infrastructures essentielles. Cette interdépendance est parfaitement illustrée par l’infographie ci-dessous sur les perturbations des réseaux à Paris en cas de crue. Cette vulnérabilité implique de nouvelles logiques de gestions fondées sur la résilience.
Des solutions sont proposées pour gérer les risques en ville, d’une part de pollution de l’air et d’altération de la santé, d’autre part aux risques d’inondation, en tenant compte des phénomènes passés, pour avoir « la culture du risque » (voir schéma ci-dessous). Tout au long du XXIe siècle, l’aggravation et la multiplication des aléas d’origine météorologique liés au réchauffement climatique feront des risques un des aspects majeurs à prendre en compte dans l’aménagement des territoires afin d’aller vers des modes d’habiter adaptés, résilients et durables.
Un atlas indispensable pour comprendre l’un des enjeux majeurs du XXIe siècle
Comme les autres Atlas Autrement, l’Atlas des risques et des crises se distingue par sa qualité et son accessibilité. Les auteurs nous proposent un ouvrage aux contenus précis, superbement illustrés, faisant un tour d’horizon des risques dans le monde et en France. En plus de permettre de faire une synthèse actualisée et un état des lieux sur les risques et les crises dans le monde et en France, il insiste sur les solutions proposées pour « innover, reconsidérer rapidement les moyens d’action et s’adapter pour faire face aux multiples inconnus qui apparaissent au cours de la crise », parlant d’un véritable « ménagement » du territoire.
La richesse et la diversité des illustrations (cartes, schémas, tableaux, graphiques, infographies) font de cet atlas une ressource indispensable pour les professeurs du secondaire. Ils peuvent être utilisés dans les programmes de géographie de cinquième et de seconde, mais également dans toutes les séquences concernant la France et ses territoires ultramarins. Les planisphères sont très riches, de même que les cartes à plus grande échelle qui permettent de concrétiser les connaissances théoriques par des exemples précis. Les infographies, graphiques et schémas rendent très accessibles des notions difficiles pour les élèves (comme celle de résilience) ainsi que la complexité des mécanismes à l’œuvre dans chacun des exemples proposés. L’ensemble est complété par une liste des signes, ainsi qu’une abondante bibliographie et sitographie.