Il est organisé en six chapitres. Certains sont chronologiques et d’autres ciblés sur les grands empires. Il structure son propos autour de deux idées fortes, à savoir les mouvements territoriaux incessants de l’époque et l’influence progressive de Rome dans ce jeu international.
Comprendre un monde complexe
Les sources sont en effet très variées, et parfois disproportionnée. Une carte synthétique pages 6 et 7 permet d’ailleurs de visualiser la répartition par quantité et par type de document. Les conclusions de chaque partie sont vraiment éclairantes et on ne saurait que trop conseiller aux lecteurs peu connaisseurs de cette période de commencer par elles avant de lire le chapitre concerné. En effet, l’auteur dégage des grands axes permettant ensuite d’entrer dans les cartes de la partie. Des repères, une bibliographie et des tableaux dynastiques très pratiques complètent l’ensemble.
L’empreinte d’Alexandre
Une première partie chronologique centrée sur Alexandre permet de retrouver toutes les grandes batailles d’Alexandre ainsi qu’une double page sur l’organisation de l’Empire. En une quinzaine de pages, le déroulé chronologique permet de savoir l’essentiel avec toutes les grandes batailles comme Gaugamèles (avec un petit schéma en trois étapes) et les grands événements comme la ligue de Corinthe. La dernière double page est plus analytique intitulée “Contrôle, structure et exploration de l’espace impérial”.
La seconde partie s’intéresse à un monde en mouvement. L’objectif est d’essayer de donner de la lisibilité à une époque confuse où les mouvements de territoires sont incessants. L’auteure reprend donc l’approche chronologique et propose des tranches avec des grandes tendances. A partir des années 220 av JC, le monde hellénistique est marqué par le développement constant de la présence romaine. Ce tableau d’ensemble dressé permet ensuite de s’intéresser à la destinée des différents empires.
Les Séleucides et leurs voisins
Il s’agit d’un ensemble très mouvant et très divers. La partie est structurée autour d’un déroulé chronologique avec des arrêts thématiques. Il s’agit de rendre compte des mouvements des combats, sans perdre le lecteur, mais sans gommer les mouvements incessants. Souvent, les cartes proposées sont accompagnées d’un bandeau violet qui est un véritable commentaire de la carte. Pour étudier la notion d’hellénisme est proposé un plan d’Ai Khanoun page 43. La double page 46-47 permet d’explorer cette diversité. En effet, les Séleucides ont gardé l’organisation du royaume en satrapies, héritées de l’époque achéménide, les satrapies étaient subdivisées en circonscriptions dont le nom et la nature varient selon les endroits. Un bon document monétaire sur une monnaie de Démétrios Ier page 53 est présent, mais malheureusement sans détail.
La thalassocratie lagide
Il s’agit de la plus longue et de la mieux connue sans doute des dynasties. L’auteure explique l’idée de thalassocratie et comme pour chaque partie on retrouve une double page intitulée “Administration, organisation et contrôle de l’empire”. Des points parfois moins connus sont abordés et permettent de montrer la puissance lagide. Ainsi, page 62, l’économie lagide est envisagée avec une approche très intéressante sur les différents types de banques. Sur le même thème, un flash est proposé portant sur l’oasis du Fayoum. Laurianne Martinez-Sève interroge également l’idée trop souvent rebattue de décadence. Certes, le royaume lagide connait un affaiblissement à partir du règne de Ptolémée IV. Pourtant, elle souligne que ce qu’on a appelé décadence peut aussi être interprété en terme de recompositions qui d’ailleurs favorisèrent l’apparition d’une “société nouvelle, dynamique et plurielle”. Une double page plus classique porte sur Alexandrie mais, avec des documents à quatre échelles différentes, la déclinaison est intéressante.
Le monde égéen
On retrouve aussi un passage d’analyse sur l’organisation du royaume antigonide. Comme dans le reste de l’ouvrage, les textes sont à la fois clairs et courts. Le monde des cités grecques est là encore à ne pas envisager uniquement selon le prisme déformant de la decadence, comme en témoigne ce verbatim de la page 76 : “ je n’établirai sous aucun prétexte ni une oligarchie, ni un tyran, ni un autre régime que la démocratie, et si un autre l’établit, je ne le laisserai pas faire, mais je l’empêcherai autant que je le pourrai”. Il s’agit d’un serment de Cos prêté par les citoyens. On retrouve aussi une approche par échelle autour du cas de Marseille.
De façon générale, le défi d’arriver à cartographier tout en restant lisible est en grande partie relevé. L’auteure ne cache pas d’ailleurs que beaucoup de cartes ne sont que des hypothèses. Pour celui qui veut en savoir plus sur la période, cet atlas bien construit rendra de grands services
© Jean-Pierre Costille, Clionautes.