Les Éditions Autrement publient cet automne la deuxième édition de « l’Atlas du Moyen-Orient, aux racines de la violence », reconnaissable avec sa première de couverture centrée sur le Dôme du Rocher de Jérusalem, monument emblématique des tensions de la région. Les auteurs sont deux spécialistes de la question : Pierre Blanc, enseignant-chercheur en géopolitique à Sciences Po Bordeaux et à Bordeaux Sciences Agro, ainsi que rédacteur en chef de la revue Confluences Méditerranée ; Jean-Paul Chagnollaud, lui, est professeur émérite des universités et président de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée/Moyen-Orient (iReMMO). Claire Levasseur, cartographe indépendante et habituée chez Autrement, a conçu et réalisé les cartes de l’atlas.
L’ouvrage se divise, comme dans la précédente édition, en quatre grandes parties : une première sur les « héritiers et déshérités de l’histoire » permettant de revenir sur la situation géopolitique de la région à la veille de la Première Guerre Mondiale, une deuxième sur les « dérives idéologiques et politiques » faisant un point nécessaire notamment sur le sionisme, le nationalisme arabe mais aussi l’islamisme ; le troisième thème est davantage centré sur la géographie avec les ressources de ces territoires « entre abondance et rareté », enfin, la dernière partie met l’accent sur les tensions et conflits actuels, avec « les figures de la guerre ».
Dans l’ensemble, peu de nouveautés depuis la précédente publication : il est donc possible de se reporter au compte-rendu complet rédigé par Jean-Pierre Costille en 2016. On retrouve quelques titres modifiés, comme celui sur « l’islamisme d’État » en « Des interprétations rigoristes de l’islam au pouvoir », ainsi que celui sur « La richesse et le poids du sacré » qui est désormais plus axé sur l’aspect géographique et géopolitique (« Le sacré comme espace de conflit »). Les contenus de ces pages n’ont pas été changé. Par ailleurs, la bibliographie n’a pas été enrichie de nouvelles références. Toujours en ce sens, les cartes n’ont pas été actualisées. Un exemple flagrant, page 87, avec les estimations du nombre de réfugiés syriens dans la région : les données demeurent celles de 2015, comme dans la précédente édition, alors même que le site de l’UNHCR propose des chiffres datant de … 2018.
La véritable valeur ajoutée de cette réédition réside malgré tout dans la disparition du tableau récapitulatif des États du Moyen-Orient, pas indispensable, cédant la place à deux pages sur la situation actuelle au Yémen, « guerre oubliée » selon les auteurs. Les causes et enjeux de ce conflit y sont très clairement résumés. Mieux encore, P. Blanc et J-P Chagnollaud se positionnent en parlant « d’hypocrisie internationale » pour rappeler le rôle des grands acteurs internationaux, dont la France, dans ce pays de la péninsule arabique. Les cartes proposées pour accompagner ce propos, si elles semblent simplistes, s’appuient néanmoins sur des données forts récentes (« situation en juillet 2019 »).
Pour résumer, ce deuxième atlas du Moyen-Orient pêche parfois par la facilité d’une réédition où les données sont identiques à celles de 2016, manquant la plus-value de son actualisation. Néanmoins, c’est un ouvrage au contenu solide, au format idéal pour faire le point sur la situation géopolitique de la région et permettre de comprendre rapidement les enjeux de ces tensions. Les cartes, graphiques et schémas sont toujours aussi diversifiés, originaux et faciles à comprendre comme à utiliser pour les nouveaux cours liés à la réforme du lycée. En cela, cette nouvelle publication demeure un vrai plaisir de lecture et une bonne source de connaissances sur une région du globe en apparence complexe.