Jean-Marc Daniel est professeur d’économie à l’ESCP Business School et chroniqueur aux Echos. Il a précédemment publié « Vivement le libéralisme ! ». Dans ce nouvel ouvrage, il propose de raconter et décrypter l’histoire économique du monde des origines à nos jours. L’ouvrage comprend un glossaire ainsi qu’une chronologie et une bibliographie.

Le projet

L’évolution de l’économie mondiale peut être une source d’inspiration pour affronter les problèmes actuels. Il faut se souvenir que jusqu’au milieu du XVIII ème siècle la vie économique est marquée par le manque et la pénurie. A partir de cette date les techniques agricoles s’améliorent. L’auteur fait le point régulièrement sur l’état mondial de l’économie en pointant les principales puissances selon les époques.

Du chasseur-cueilleur au paysan de l’Antiquité

Avec l’agriculture commence l’avénement des sédentaires. L’Etat structuré qui nait de l’installation de l’agriculture émerge dans des lieux très précis. La société antique n’a pas pour but la croissance économique. Rome rassemble sous Tibère un million d’habitants. L’Antiquité est marquée par l’esclavage.

Le Moyen Age, premiers budgets, premiers impôts

L’économie du haut Moyen Age tourne au ralenti et les hommes ne sont pas assez nombreux pour cultiver toutes les terres. Certaines innovations ont des conséquences importantes comme le fer et le collier d’épaule. Après Jean sans Terre et Philipe Auguste, la place grandissante des Etats dans l’activité économique a entrainé une multiplication des impôts et prélèvements. Le papier monnaie est inventé en Chine et il y circule depuis 1024. La banque et le prêt à intérêt ainsi que les débuts de la procédure budgétaire comptent parmi les acquis les plus marquants du XIII ème siècle européen.

Renaissance, Amérique et …banqueroute

En 1500, le PIB est 35 % supérieur à celui de l’an 1000. Ce qui progresse le plus au XVI ème siècle est la maitrise du temps. Entre 1550 et 1650, la quantité de métal précieux en circulation en Espagne est multipliée par huit.

Quand les mercantilistes soutiennent la science et l’industrie

L’Espagne est la puissance dominante du XVI ème siècle. A cette époque, les manufactures se développent. En 1600, la Chine des Ming représente 30 % du PIB mondial. La France du XVII ème siècle remplace progressivement l’Espagne. C’est aussi une époque de révoltes fiscales. L’auteur pointe quelques excès financiers de l’époque comme la tulipomanie ou l’époque de John Law. En 1715, la France est la troisième économie mondiale derrière la Chine et l’Inde.

Le monde anglo-saxon s’affirme, la Chine et la France s’effacent

L’auteur évoque d’abord le programme de Turgot puis Napoléon qui apparait relativement peu concerné par l’économie si on en juge ce qui est dit dans le Mémorial de Sainte-Hélène. Il parle également d’Adam Smith et de son texte devenu célèbre La richesse des nations. A la fin du XVIII ème siècle, ce sont aussi les débuts d’un futur géant à savoir les Etats-Unis. L’auteur pointe le rôle d’Alexander Hamilton qui supervise la création d’une monnaie et impose le protectionnisme pour créer un territoire national relativement unifié. Le chapitre se poursuit avec les relations entre le Royaume-Uni et la Chine. Lorsque le régime impérial disparait en 1912, le PIB par habitant du pays ne représente plus que 12 % de celui du Royaume-Uni.

Le capitalisme carbonifère et le modèle anglais

En 1913, la production annuelle de charbon du Royaume-Uni est de 294 millions de tonnes dont 96 millions sont exportées. Cette production représente 22 % de la production mondiale. L’auteur évoque aussi la révolte des Luddites.

L’essor de l’industrie et le partage de l’Afrique

Au XIX ème siècle, le libre-échange est anglais, le protectionnisme allemand et américain, le doute français et japonais. Bien que l’histoire ait associé les chemins de fer à l’Angleterre en 1913, 40 % des voies installées le sont aux Etats-Unis. En octobre 1884, la conférence de Washington crée les fuseaux horaires. L’auteur revient aussi sur la conférence de Berlin de 1884.

Le suicide de l’Europe : guerre et communisme

Le PIB mondial a doublé entre 1500 et 1700 puis de nouveau entre 1700 et 1820. Le livre contient aussi son lot d’anecdotes : à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Haribo est une PME performante de quatre-cents personnes. L’auteur revient ensuite sur le jeudi noir de 1929. Parmi les problèmes, il y eut l’excès de dettes, la passivité des responsables de la politique monétaire. Il faut aussi se rappeler que Roosevelt ferma les banques pendant huit jours.

Affirmation américaine ou le triomphe du consommateur alchimiste

Jean-Marc Daniel revient sur l’importance de la réunion qui met en place le système monétaire à Bretton Woods. Le dollar assure sa suprématie. Il parle également du choc pétrolier de 1973.

L’Europe résiste, la Chine se déploie, la dette publique explose

En 1979, les membres de la CEE se réunissent pour un sommet essentiel avec la mise en place du système monétaire européen. 1982 inaugure les reaganomics, cette version néoconservatrice du keynésianisme. Malgré les ravages liés aux guerres, le XX ème siècle a été marqué par l’envolée de la croissance dans les pays du G7. Le PIB par habitant entre 1900 et 2000 a été multiplié par plus de 7 en France, plus de 8 aux Etats-Unis. En 1972, le PIB par habitant de la Chine est à peine le double de celui de 1820 tandis que celui des Etats-Unis a été multiplié par 12. L’auteur revient sur la notion de Bric et s’interroge sur sa pertinence actuelle.

Ce livre permet donc une approche globale même si la part belle est faite à l’époque contemporaine.