Dans cet ouvrage, riche en illustrations, Bernard Briais nous offre un vaste panorama des fêtes et traditions paysannes françaises dont il nous révèle le sens et la diversité.Cet ouvrage, agréable à lire et très bien documenté s’adresse à un large public .
Dans cet ouvrage, riche en illustrations, Bernard Briais nous offre un vaste panorama des fêtes et traditions paysannes françaises dont il nous révèle le sens et la diversité.Cet ouvrage, agréable à lire et très bien documenté s’adresse à un large public .

Ce qui frappe,dès que l’on feuillette cet ouvrage, ce sont les illustrations abondantes et de qualité: des reproductions de cartes postales anciennes colorisées, des dessins issus de journaux d’époque ou servant d’illustrations aux romans du XIX° siècle tel celui d’Emile Zola (La Terre), de belles photographies pleine page du début du XX° siècle, des fusains de Léon Lhermitte, des chromolithographies de la fin du XIX° siècle, des images d’Epinal, des gravures, des reproductions de tableaux, de peintures du XVIII° siècle ….

Ce travail de recherche remarquable effectué par Bernard Briais nous permet de retrouver l’existence des hommes et des femmes de nos campagnes, au fil des saisons rythmées par les fêtes religieuses (Noël, épiphanie, chandeleur, carême, Pâques, les rogations, la fête-Dieu, l’Assomption, les pèlerinages) ou lors de réjouissances populaires (fêtes de mai, feux de la Saint-Jean, le 14 juillet, le couronnement de la rosière, assemblées de villages, fêtes du cochon).

L’auteur nous fait participer à cet hymne à la terre que représentaient les périodes de transhumance, la fin des moissons, les labours, les comices agricoles institués par la Monarchie de Juillet, les foires, les fêtes à l’issue des vendanges. Tous se retrouvaient pour célébrer les activités liées à la terre. Toutes ces fêtes étaient pour les jeunes gens, l’occasion de « se fréquenter », prélude obligatoire au mariage. Elles constituaient des repères dans le temps, des pauses le long d’une vie de dur labeur.

Au fil des pages nous découvrons les traditions rurales de nombreuses régions de France, aucune n’étant laissée de côté et c’est une autre qualité de cet ouvrage :
Les assemblées de villages dans le Morbihan, Les danses et chants du Massif central, les processions en Alsace, Noël en Savoie, marché aux oies en Normandie, traditions des Baux-de-Provence, chandeleur dans le Berry, montreurs d’ours dans les Pyrénées, fête des Rameaux à Toulon, Processions de la Sanch à Perpignan, bénédiction des blés en Artois, sans oublier la Saint Vincent tournante en Bourgogne….

L’ouvrage regorge de détails, de références. Bernard Briais nous explique en quoi consistaient ces traditions et ces fêtes et, au-delà de la simple description, nous en facilite la compréhension profonde en s’appuyant sur des sources locales fiables, en décryptant pour nous les symboles des danses, des costumes, des cérémonies.

Nous pénétrons dans l’âme paysanne. Nous partageons les craintes lors des grandes sécheresses comprenant ainsi mieux le recours à la foi lorsqu’un danger menaçait la communauté : épidémies, guerres, calamités climatiques. L’auteur réserve également quelques pages au pèlerinage des gitans aux Saintes-Maries-de-la–Mer.

Bernard Briais, professeur d’Histoire et Géographie, effectue dans ce livre un minutieux travail d’historien en recherchant l’origine de toutes ces traditions qui , pour certaines, se perpétuent encore de nos jours même si leur caractère religieux s’accompagne d’un aspect touristique de plus en plus marqué. Cet ouvrage pourra donc aussi intéresser ceux et celles qui, par leur profession, souhaitent comprendre et expliquer ces manifestations touristiques et surtout leur redonner un sens.

L’auteur réussit le tour de force de rendre compte d’un large éventail de fêtes et de traditions dans un tout aussi large éventail de régions en respectant le passage des saisons, point de repère indissociable de la vie paysanne, et le sens profond de ces manifestations selon la région concernée. La lecture en est aussi instructive que plaisante : c’est ainsi que pour les fêtes de Mai nous apprenons que les arbres de mai déposés devant la porte ou sous la fenêtre des jeunes filles revêtaient une signification selon la catégorie de l’arbre utilisé : les branches d’aulne soulignaient leur beauté, celles du cerisier leur caractère volage et les brins de houx aux feuilles piquantes leur humeur acariâtre…. Au cours de ces pages consacrées aux fêtes de Mai, l’auteur évoque également le sens actuel de cette fête, celle du travail, avec une photo du début du XX° siècle prise au village de Salles-d’Aude qui comptait alors un important syndicat de terrassiers de plus de 200 membres : on y voit leurs délégués avec musique, drapeaux et banderoles…

Ces manifestations conviviales qui réunissaient tout un village, ne pouvaient que renforcer la cohésion sociale et resserrer les liens entre habitants. Partager les mêmes plaisirs, la même culture, donnait le sentiment de faire partie d’une véritable communauté.

Aujourd’hui, ces fêtes qui s’offrent aux curieux avides de nostalgie, ces images embellies d’une ruralité d’opérette sont souvent très éloignées de ce qu’était la réalité d’autrefois, plus rude et guidée par la nécessité. L’ouvrage de Bernard Briais nous permet de relier le présent au passé, de découvrir des fêtes tombées en désuétude, de mieux comprendre celles qui perdurent encore.

Bernard Briais est professeur d’Histoire –Géographie. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la Touraine, de livres d’histoire générale et pour la jeunesse. Il collabore à différents magazines régionaux et à la revue Historia.

Noëlle Bantreil Voisin ©