Herbert Geschwind est un Juif autrichien né en 1930 qui a fui l’ Autriche avec ses parents en 1938.Médecin cardiologue, il est aussi docteur en philosophie .
L’ouvrage n’est pas à proprement parler une autobiographie. Il s’agit d’avantage de fragments de mémoires , d’une « mémoire épisodique », reflet du souvenir de l’exil et de la persécution qui empêche la constitution d’une mémoire trop structurée. L’auteur et sa famille proche ont échappé à la déportation, d’où le titre de l’ouvrage, mais son oncle a été exterminé par les nazis. Il s’agit surtout d’une méditation sur l’identité et l’antisémitisme.
Fragments autobiographiques
Herbert Geschwind est né à Vienne en 1930. Ses parents venaient de Galicie et avaient fui les pogroms liés à la Première guerre mondiale. Son père dirigeait une petite fabrique d’édredons. La pratique du judaïsme a presque entièrement disparu dans sa famille. Lors de l’ Anschluss en 1938 , il est victime de persécution : sa nurse l’avertit qu’il risque d’être mis à l’écart. A l’école, il est exclu des cérémonies glorifiant Hitler. Ses grands- parents parviennent à gagner l’ Angleterre. Ses parents fuient l’Autriche en 1938 et s’installent à Nice. Leur vie est difficile : difficulté de renouveler leur permis de séjour, travail précaire. La mère de l’auteur l’inscrit dans une école catholique et le fait baptiser. Elle même (mais pas son père) se convertit au catholicisme par lassitude face aux persécutions dont les juifs sont victimes. Herbert Geschwind et ses parents sont hébergés par la mère d’un jeune inspecteur de police, à la fois vichyste, mais aussi résistant et déporté à Buchenwald d’où il revient .
L’auteur parvient à sauver ses parents lors d’une « descente » des Allemands et de la Milice. L’exil, l’ isolement, le sentiment d’être différent de ses camarades de classe accroissent un caractère silencieux et introverti, à l’image de son père. Il est proche d’écrivains « silencieux « comme Albert Camus, Imre Kertesz, le poète Paul Celan ou Ruth Kluger, originaire comme lui de Vienne.
Après la guerre, il entreprend des études de médecine et devient cardiologue, à la fois en France et aux États-Unis. Sa curiosité intellectuelle, son désir de comprendre ce qui lui était arrivé, le conduisent à obtenir un doctorat en philosophie .
Une réflexion sur la persécution et sur l’identité juive
Sans apporter d’éléments nouveaux, Herbert Geschwind rappelle la folie de la barbarie nazie. Il montre les dangers du fanatisme et des politiques d’exclusion qui
conduisent aux massacres de masse. Il est sans indulgence pour la politique antisémite, xénophobe ( la politique de dénaturalisation) et collaboratrice de Vichy; ici il soutient les thèses de Marrus et Paxton développés dans leur ouvrage « Vichy et les Juifs ». ,Il est sans indulgence aussi pour ceux qui ont collaboré par idéologie ou surtout par intérêt. L’ouvrage est aussi une réflexion sur l’identité juive.
Le traumatisme lié à l’extermination, longtemps refoulé ressurgit. Il plaide pour la lecture et l’écoute des témoins. Longtemps refoulé, du fait de la sidération liée à la guerre, de la volonté d’intégration, mais aussi par la politique d’oubli plus ou moins « voulue » par la société française et le gaullisme, le souvenir du traumatisme vécu par les Juifs pendant la guerre, et la réflexion sur le judaïsme, méritent d’être mieux entendus