Après le convaincant Pinard de Guerre (2021), voici son petit frère qui avertit d’emblée : “On ne mourait pas au bagne, on y agonisait indéfiniment”. Présentations.

En pleine Première guerre mondiale, Ferdinand Tirancourt, ce colosse de héros, a été condamné à huit ans de bagne. Il se retrouve dans cette France équinoxiale carcérale, où le système du bagne est instauré sous la Révolution et perdure jusqu’en 1953. L’intrigue rappelle parfois celle de Papillon (1969) en particulier, mais également celle de tout prisonnier-bagnard imaginaire qui se respecte en général. Bagnard de guerre décrit une part du système pénitencier guyanais. Ainsi, les bagnes de Cayenne, de Charvein, ce camp forestier à la frontière de Surinam parmi les plus mortifères, ou ceux des Îles du Salut – où Dreyfus fut expédié – composent une toile de fond géographique assez riche. Elle donne également à voir un système marqué par les violences : celle des bagnards, entre règlements de compte, viols, harcèlements, celle des matons aussi ou encore celle de la  »Tentiaire » (l’administration). Au passage, le héros gagne en humanité, après un Pinard de Guerre (2021) marqué par l’ambivalence déconcertante du personnage.

Les relations entre prisonniers rythment efficacement ce nouvel épisode de la vie de Tirancourt où combines et chantages dominent les horizons de chaque détenu. Cet enchevêtrement social autorise ou non la quête de la liberté et fait de ce deuxième tome un agréable escape game. Les auteurs ont programmé une suite dont le décor sera de nouveau américain… Enfin, notons que cette BD peut être exploitée au lycée, en histoire pour la classe de première, afin d’illustrer les pratiques répressives de la IIIe République, qui de Poulo Condore (Cochinchine) à la Nouvelle-Calédonie, marquent l’épopée coloniale française contemporaine.

Présentation de l’éditeur : https://www.angle.fr/bd/grand_angle/histoires_de_guerre/histoires_de_guerre_-_vol_02__bagnard_de_guerre_-_histoire_complete/9782818980088