La collection qui rend hommage aux 1038 Compagnons de la Libération vient de livrer son dernier témoignage avec ceux de Sein, ces 114 îliens qui embarquèrent pour l’Angleterre entre le 24 et le 26 juin 1940.
Ce huitième opus de la série Les compagnons de la Libération (après Général Leclerc, Philippe Kieffer, Simone Michel-Lévy entre autres) promue par l’éditeur Grand angle et l’Ordre de la Libération (Hôtel national des Invalides) est esthétiquement très réussi. Le travail de Brice Goepfert (Le fou du Roy et Le Lys noir, chez Glénat) est simplement magnifique, avec une mention spéciale pour ses nombreux plans larges et paysages. Quant à l’histoire, J-Y Le Naour – historien – a opté pour la rencontre de la petite et de la grande : celle du jeune Fanch, mêlée à celle de tous ces Résistants de la première heure, Sénans ou non, qui convergèrent sur ce petit bout de terre au large du Finistère. En filigrane, le rôle de la radio, le poids politique et moral du maire et celui du curé brossent un fidèle tableau du quotidien des Français des années quarante.
Le quart de la France ?
Rappelons aussi l’anecdote souvent convoquée à propos de ces premiers Français libres. Lors d’une revue militaire à l’Olympia Empire hall de Londres en juillet 1940, Charles de Gaulle s’étonna du nombre de Sénans présents parmi les troupes françaises présentées et déclara : “l’île de Sein, c’est donc le quart de la France”. Parmi eux, 18 ne reviendront jamais fouler leur granit natal. Dont le petit Fanch de cette bd.
Le choix du scénariste de s’arrêter à l’étape de l’embarquement pour l’Angleterre crée une petite frustration chez le lecteur. En effet, pour conclure l’ouvrage, J-Y Le Naour a choisi le mode elliptique en proposant un saut temporel entre l’embarquement de 1940 et l’année 1960, lorsque le Général de Gaulle vient inaugurer à Sein le monument en l’honneur des Français libres, le 7 septembre 1960. Une autre fin, relatant le devenir des Sénans dans les Forces navales françaises libres entre 1940 et 1945, dans la marine marchande de la France libre ou chez les fusiliers marins, était aussi concevable.
Enfin, et comme pour chaque album de la série, un petit cahier de huit pages richement illustrées et conçu sur le mode chronologique vient clore l’intrigue historique. Cet ouvrage convient particulièrement aux élèves de troisième qui pourront aisément s’identifier au jeune héros.