Fruit d’un nouveau partenariat avec les Clionautes, la revue de récits de voyages « Bouts du monde » existe depuis octobre 2010. A travers de multiples croquis, photographies et récits, ce numéro propose une quinzaine d’expériences géographiques.

Ce numéro 25 débute par la photographie prise au Soudan, par Benoît Lucas, lors de son périple sur les traces du royaume de Nubie. A travers de courts articles, ce riche numéro nous entraîne sur l’ensemble des continents, Océanie et Antarctique exceptées. En quelques pages (de 4 à 8), agrémentées d’une abondante iconographie, ces journalistes-explorateurs permettent de saisir les permanences et changements actuels dans les sociétés visitées. A ce titre, ce numéro peut tout à fait être exploité au collège pour aborder les contraintes (en sixième), le développement durable (en cinquième). Court et facile d’accès, le potentiel didactique est vaste.

A la suite d’une série de réflexions de voyageurs regroupées dans la partie « Bloc-note », l’article de Léo Delafontaine se distingue par son originalité. Dans les « interstices du monde », l’auteur s’applique à décrire et analyser les micronations : du consulat de la Boirie (en France) à la principauté d’Hutt River en Australie, en passant par la république de Molossia (au Nevada), le Liberland et le médiatique Sealand.

Le second article de Nicole Morin aborde les modalités de « l’habiter » à travers l’exemple des piscines islandaises. Chaque village, même peuplés d’une centaine d’âmes, possède sa propre infrastructure. A titre d’exemple, le village de Raufarhöfn, 194 habitants possède sa propre piscine couverte.

L’article du chinois Li Kunwu est précieux pour la pertinence de ses dessins racontant la Chine des années 1950-1960, caractérisée par des ruelles étroites reliant des maisons basses faîtes de bois et de brique. Ces scènes ordinaires sont désormais des souvenirs peu à peu effacés par le frénétique développement urbain du pays.

D’une précision remarquable, l’article de Benoît Lucas s’intéresse au Nord du Soudan, notamment à travers la première ville qui apparaît lorsque le voyageur franchit la frontière soudano-égyptienne : New Wadi Halfa. L’aridité, la soif, le nomadisme, la colonisation britannique, et même la présence chinoise dans un pays riche en ressource sont décrits avec précision. Les français sont présents par le biais de la mission archéologique mené par Claude Rilly, spécialiste des langues méroïtiques. Sur un seul site du Nord-Soudan (nommé Sedeingahttp://www.sfdas.com/fouilles-et-prospections/autres-fouilles-francaises/article/sedeinga), les archéologues français dénombrent 400 petites pyramides (en comparaison, l’Égypte atteint le chiffre de 80). Un article d’une très grande valeur didactique.

Ce tour du monde se poursuit par un voyage dans le delta du Niger en abordant les relations entre l’écosystème, les sociétés nigérianes et les entreprises pétrolières (par Vincent Henry et Emmanuel Prost), les mutations de la société groënlandaises à travers l’étude du village d’Ittoqqortoormiit (sur la façade orientale de l’île) par Vincent Hilaire, suivi par le passionnant article de Cédric Gras, lauréat du prix Alphonse de Montherot 2015 de la Société de Géographie Cédric Gras, « L’Hiver aux trousses », Stock, 2015 qui insiste sur les relations extrêmement complexes entre les Chinois et les Russes autour du fleuve Amour. Les mariages mixtes sont rares dans les espaces frontaliers. La situation de déclin démographique est préoccupante en Extrême-Orient russe : « on comptait 8 millions d’habitants à la chute de l’URSS contre 7 environ au tournant de l’an 2000 et seulement 6 actuellement »page 120. La vision perpétuelle de la terre à conquérir est également mise à mal. « Le discours officiel veut que l’Extrême-Orient soit riche en ressources naturelles, difficilement exploitables en raison des contraintes naturelles mais aussi du manque flagrant d’investissement. Le potentiel de l’Extrême-Orient russe est un thème inépuisable depuis les premiers récits des explorateurs cosaques » page 125. Terminons ce compte-rendu par le récit d’Antoine Calvino de l’île de Socotra. L’ensemble du Yémen, et notamment le Yémen insulaire n’est pas infréquentable !

Malgré quelques petites coquilles typographiques, ce numéro est une véritable invitation à la déambulation géographique. A se procurer.

Antoine BARONNET @ Clionautes.