Professeur-documentaliste certifié à Tours. Titulaire d’une maîtrise d’histoire contemporaine intitulée « Les radicaux et les radicaux-socialistes en Indre-et-Loire (1928-1934) », soutenue en 1992, sous la direction de Michèle Cointet-Labrousse.

La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique »

La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique » – ou CHM pour les initiés – (publiée depuis 1982) sera désormais présentée par le service de presse des Clionautes, dans le cadre de la Cliothèque. Cette revue réunit des travaux de chercheurs français (pour la plupart) sur les évolutions historiques de la Franc-Maçonnerie française, liée à la plus importante obédience française : c’est-à-dire le Grand Orient De France ou GODF. L’abonnement annuel à la revue Chroniques d’histoire maçonnique comprend 2 publications par an expédiées en décembre et juin. Cette revue est réalisée avec le concours de l’IDERM (Institut d’Etudes et de Recherches Maçonniques) et du Service Bibliothèque-archives-musée de l’obédience du Grand Orient De France (GODF). L’éditeur délégué est Conform Edition.

« Chroniques d’Histoire Maçonniques » n° 72 (2013-3) : Brest et la franc-maçonnerie dans les ports

Ce numéro est composé de 7 articles et comporte les rubriques habituelles : Etudes (1 article), Dossier (3 articles), Portraits (3 articles).

ETUDES :

Le Siècle des Lumières, un roman maçonnique sur la Révolution française aux Antilles : (François Cavaignac)
Ce premier article, rédigé par François Cavaignac, étudie un roman qui fit date « Le Siècle des Lumières » de l’écrivain cubain Alejo Carpentier (1904-1980). Ce roman explore un épisode historique aux lourds enjeux. En effet, la Révolution aux Antilles et à Saint-Dominique fut, au seuil de la Révolution française, ce moment étonnant d’une confrontation entre le monde noir et le monde blanc. Le rapport de force (pour une fois incertain) pencha finalement à Saint-Domingue au profit des Noirs qui battirent les colons européens sur le champ de bataille et instaurèrent un Etat souverain.

DOSSIER : Brest et la franc-maçonnerie dans les ports

A l’occasion des 2 siècles et demi de la loge « Les Amis de Sully », Jean-Yves Guengant nous propose un dossier consacré à la franc-maçonnerie à Brest. Cette fresque sur 250 ans d’activités d’une loge (entre invariants et évolutions majeures) invite à une réflexion sur l’identité maçonnique au fil du temps. C’est l’occasion également pour Jean-Pierre Tandin de nous raconter un jumelage maçonnique singulier dans les 5 ports de guerre français (Brest, Cherbourg, Lorient, Rochefort et Toulon) de 1782.

« Les Elus (Amis) de Sully (1783-1944) puis « Les Amis de Sully, un nouvel atelier (1948-aujourd’hui) : (Jean-Yves Guengant)
Ce deuxième et troisième article, écrit par Jean-Yves Guengant, brosse le portrait d’une seule et même loge, née en mai 1783, qui depuis, sauf période de guerre (1914-1918) ou d’interdiction (1940-1944), n’a jamais cessé son activité maçonnique et associative. En 230 ans, plus de 1.800 maçons y ont été initiés ou affiliés, sur les 5.000 maçons qui ont travaillé à Brest, dont beaucoup dans des loges militaires. Forte d’une soixantaine de membres, elle aujourd’hui est la plus ancienne des loges brestoises et l’une des 4 loges du GODF à Brest. Son histoire est singulière, tant elle s’entrecroise avec celle de la ville de Brest. Elle est au cœur de la construction et de l’identité de cette agglomération, dont le destin fut si longtemps lié à la marine de guerre et à son arsenal, qui fit vivre une des plus importantes communautés ouvrières de France, pendant plus de deux siècles.

Histoire du jumelage des loges des 5 ports de guerre : (Jean-Pierre Tandin)
Ce quatrième article (écrit par Amaury Lorin) raconte l’histoire du jumelage des loges des 5 ports de guerre français (Brest, Cherbourg, Lorient, Rochefort et Toulon) dont les ateliers sont respectivement : Les Amis de Sully, La Solidarité Jean Goubert, Nature et Philanthropie, L’Accord Parfait et La Réunion, créé en février 1782. Cet article se termine par le règlement des 5 ports militaires de la France présenté à la tenue du 7 février 1872.

PORTRAITS :

Un maçon malchanceux, le comte Gustave de Damas : (Eric Burst)
Ce cinquième article (rédigé par Eric Burst) brosse un portrait du comte Gustave de Damas (1788-1842), mort à l’âge de 54 ans. Issu d’une des plus anciennes familles de la noblesse française, initié en 1808 à l’âge de 20 ans dans une loge militaire de Strasbourg, Gustave de Damas connaît une destinée à la fois exceptionnelle et malchanceuse. Malgré toutes ses tentatives et ses revirements politiques successifs (il épouse successivement la cause impériale, royaliste, libérale, républicaine puis à nouveau bonarpartiste) pendant près de 30 ans, il s’en sort toujours vivant mais sans jamais arriver à émerger des coulisses de l’histoire et à obtenir une reconnaissance sociale de ce qu’il devait être à ses yeux. Cet article se termine par la bibliographie de l’auteur sur son sujet.

Gustave Francolin, l’ « éminent éducateur » : (Eric Lebouteiller)
Ce sixième article, rédigé par Eric Lebouteiller, apporte la lumière sur Gustave Francolin (1835-1899), réformateur social oublié du XIXe siècle, faute de sources. Gustave Francolin est le prototype même de l’intellectuel qui émerge à la fin du 19e siècle. Comme pédagogue ou directeur de presse, il est un acteur culturel important de son temps, grâce à son champ d’action large. Préoccupé dès 1878 par la question sociale, il est d’abord un promoteur de l’éducation populaire (1869-1875) avant de jouer un rôle dans le pré-syndicalisme enseignant (1876-1893). En lien avec son activité maçonnique (1869-1899), il est aussi un militant politique actif aux convictions socialistes fortes (1872-1899). Son effort continu de vulgarisation scientifique l’amène, finalement, à céder à la « mode » sociologique de la fin du 19e siècle qui voit l’institutionnalisation des sciences sociales (1889-1893), avec la fondation de l’Ecole de sociologie, à Paris. Il meurt à l’âge de 64 ans.

Firmin Gémier ou le théâtre comme « religion laïque » : (Armelle Bossière et Pascal Bajou)
Ce septième article (écrit à 4 mains par Armelle Bossière et Pascal Bajou) raconte la destinée de Firmin Tonnerre dit Firmin Gémier (1869-1933). Né à Aubervilliers, formé à l’école du mélodrame, il interprète à ses débuts Courteline, Jarry, entre autres. Il reçut l’influence d’Antoine avant d’assurer la direction de plusieurs théâtres parisiens dont le Théâtre Antoine (1906-1922) puis de l’Odéon (1922-1930). Sa pensée dominante fut de créer un théâtre populaire mais aucune de ses tentatives (Théâtre national ambulant en 1911, spectacles du cirque d’Hiver en 1919, créateur du Théâtre National Populaire (TNP) en 1920, festival d’art dramatique en 1927) n’aboutit de façon durable. Il n’en demeure pas moins l’un des principaux artisans du mouvement théâtral français. Il appartint à la loge « La Clémente Amitié » (Orient de Paris) le 8 avril 1906 dont il est radié pour défaut de paiement et d’assiduité le 8 décembre 1907. Puis, il s’affilie à la loge « Ernest Renan » (Orient de Paris) le 16 octobre 1924, en devenant compagnon puis maître-maçon durant la même soirée. Il sera membre de cette loge jusqu’à sa mort, le 26 novembre 1933, suite à une crise cardiaque, à l’âge de 64 ans. Cet article possède en annexe le nom des Frères artistes de la loge Ernest Renan dans le domaine de l’art lyrique et dramatique, comme directeurs de théâtre, compositeurs de musique et chefs d’orchestre, auteurs dramatiques et réalisateurs de cinéma.

Jean-François Bérel © Les Clionautes