Ce numéro présente un article de notre collègue Dominique Chathuant sur la vie politique des années 30 et plus spécialement les positions de Gratien Candace à propos de la crise italo-éthiopienne.
On y trouve également, outre l’annonce de la naissance d’une nouvelle association d’histoire du monde caraïbe, la carrière d’un officier du génie, une défense de l’archéologie pour une meilleure connaissance des soubresauts révolutionnaires dans l’île, une étude de l’épidémie de fièvre jaune en 1804 et l’histoire du port de Basse-Terre.

Cette revue a déjà été présentée par Dominique Chathuant, en particulier les numéros 157 et 158.

Entre gauches et droites, entre Paris et Guadeloupe: polémiques autour du conflit italo-éthiopien

En spécialiste du parlementaire Gratien Candace, notre collègue propose ici de s’interroger sur le sens qu’on peut donner à sa position sur la question italo-éthiopienne en 1935 dans le contexte de l’époque: diplomatique, réalités des clivages gauche droite en métropole et dans le contexte électoral guadeloupéen. Il s’agit de sortir de l’interprétation mémorielle pour aller vers une analyse historique.
Il rappelle l’intérêt personnel que Candace porte à l’Abyssinie, son regard positif, peu courant à l’époque sur les civilisations africaines sans oublier les idées avancées entre les deux guerres sur une filiation entre le Négus et les rois mages de la bible.
Dans un contexte européen troublé de la montée des fascismes, l’auteur rappelle les éléments de base de la crise qui amène Candace à donner son avis sur une conquête coloniale en cours, une position modérée favorable à l’installation de l’Italie en Éthiopie pour éviter une guerre tout en affirmant l’existence d’une civilisation dans cette région du monde et ce dans un contexte de relative négro-phobie en métropole et de sympathie pour les Éthiopiens en Guadeloupe. Tous ces éléments expliquent tout à la fois une campagne électorale difficile et l’idée entretenue, à tort pour Dominique Chathuant, par la mémoire collective d’un Candace pro-fasciste.

Emmanuel Philibert: De la Grande Armée aux fortifications de Guadeloupe

Bruno Kissoun Animateur du patrimoine de la ville de Pointe-à-Pitre retrace la carrière d’un Bourguignon arrivé en 1816 à Basse Terre. Ce charpentier, engagé volontaire au siège de Lyon en 1793 fait une carrière militaire dans le génie. Sa biographie et les travaux de reconstruction des fortifications de l’île sont décrites. L’article montre aussi au-delà des ouvrages militaires l’œuvre accomplie en matière d’urbanisme.

L’habitation d’Anglemont révélée par l’archéologie

Une rapide introduction rappelle l’histoire de la Guadeloupe. Gérard Richard Conservateur du patrimoine – Conseil Général de Guadeloupe note le silence des archives sur deux personnages de l’histoire de l’île à l’époque révolutionnaire: Delgrès et Ignace et leur résistance face à l’autorité de la métropole qui se termine sur les terres de l’habitation d’Anglemont. C’est cette habitation caféière qui cartographiée à la fin du XVIIIè s. pourrait après de réelles fouilles renseigner sur les derniers combats de Delgrès.

Note sur le rapatriement des Indiens de la Guadeloupe (1861-1906)

Si un décret de 1852 et la convention franco-britannique prévoyaient le rapatriement gratuit des colons ayant terminé leur engagement de 5 ans, la réalité que décrit Christian Schnakenbourg Université de Picardie est bien différente: peu de convois, 28 entre 1861 et 1906 malgré les pressions anglaises, soit 20% seulement des immigrants. Les causes sont évoquées: enracinement dans la colonie, mort prématurée, mauvaise volonté des planteurs et pression pour un réengagement enfin une administration attentiste. L’auteur retrace également les conditions matérielles et les aléas du retour.

L’épidémie de fièvre jeune dans les rapports médicaux (1804-1805)

Jacques Adélaïde-Merlande Président de la Société d’ Histoire de Guadeloupe analyse à partir des rapports médicaux l’épidémie de fièvre qui décima le corps expéditionnaire envoyé par napoléon contre Toussaint Louverture. Ces rapports montrent à la fois la faible connaissance de la maladie, les avis contradictoires sur son caractère contagieux et le désir des médecins de trouver des remèdes bien aléatoires, semble-t-il : bains de pieds et autres décoctions.

Basse Terre et la mer

Après une étude rapide du site, Gérard Lafleur historien retrace l’histoire du port colonial de Basse terre, le rôle du gouverneur Charles Houël, port fortifié face à la menace hollandaise avant qu’ils soient accueillis pour développer dans l’île la transformation de la canne. L’auteur tente de faire percevoir au lecteur les ambiances, l’atmosphère de la ville entre périodes prospères et difficultés face au développement de pointe-à-Pitre. Quelques statistiques de 1787 viennent illustrer les réalités du commerce, l’article rappelle aussi les vicissitudes de la période révolutionnaire puis de l’occupation anglaise et retrace les évolutions plus récentes du XIXè s. jusqu’au développement du port bananier.

La lecture de ce numéro invite à explorer une histoire des Antilles et ses liens avec la métropole.