Australie, 1860 : l’impossible traversée

Comment connaître l’intérieur de l’Australie n’apparaissant sur aucune carte en 1860 ?

C’est pour répondre à cette question que la Royal Society of Victoria décide d’envoyer deux explorateurs, Robert O’Hara Burke et son assistant William John Wills pour tenter de traverser l’Australie du Nord au Sud avec 19 compagnons d’aventures.

Dans la collection Explora, Glénat publie des bandes dessinées retraçant les aventures des grands explorateurs. Après 16 volumes, dont un dédié à Albert Ier de Monaco et un autre dédié à Isabelle Eberhardt dont les comptes-rendus sont lisibles sur la Cliothèque, ce nouvel opus est dédié à l’expédition de Burke et Wills en Australie.

Le concept original de l’explorateur franco-suisse Christian Clot est adapté par une équipe de trois auteurs. Le scénario est signé par Nathalie Sergeef, les dessins par Fabio Pezzi et la colorisation est l’œuvre de Céline Labriet.

L’intérieur de l’Australie est largement inconnue dans les années 1850

Dans le Sud-Est de l’île, la ville de Melbourne est particulièrement florissante grâce à la vigueur des échanges avec le reste des possessions de l’Empire britannique. Une société savante, la Royal Society of Victoria décide alors de monter une expédition afin de mieux connaître le centre de l’île. Son objectif est clair comme le rappelle habilement Stéphane Dugast, secrétaire général de la Société des Explorateurs Français (SEF), dans sa postface.

« il s’agira, en effet, de cartographier de nouveaux territoires, d’y effectuer moult observations sur le terrain et de découvrir de nouvelles espèces. Cela étant dit, la dimension commerciale n’est pas oubliée. Cette exploration ne devrait-elle pas permettre d’ouvrir une nouvelle route, d’étendre la ligne télégraphique et peut-être même de trouver de nouveaux gisements d’or ? »

Burke et Wills – Australie 1860 : l’impossible traversée, Glénat, Explora, page 58.

En 1860, Robert O’Hara Burke est désigné comme étant le chef d’expédition à la suite d’un vote. Cet ancien soldat d’origine irlandaise a migré en Australie en 1853 et travaille comme policier. Pour le seconder, George Landells est en charge des dromadaires. Le troisième commandant est William John Wills qui officie comme géomètre et météorologue : c’est le seul à savoir calculer précisément un itinéraire pour atteindre le Golfe de Carpentarie depuis Melbourne en passant par Cooper’s Creek (avant-poste australien abritant l’une des dernières sources d’eau douce avant la plaine désertique). L’un des arbres emblématiques, le Dig Tree, est d’ailleurs toujours visible à Cooper’s Creek. Landells démissionnera rapidement. Le responsable des dromadaires importés d’Inde sera donc le jeune John King, âgé de 21 ans.

L’impossible traversée

En parcourant 1600 kilomètres, l’expédition atteint la côte nord de l’Australie depuis le Sud-Est en 4 mois. A raison d’environ 13 kilomètres par jour, les chariots, dromadaires, hommes et un cheval nommé Billy font face à plusieurs averses rendant le sol trop mou aux yeux des dromadaires indiens. Mais le plus difficile commence. L’honneur de Burke est en jeu. Un concurrent écossais, John McDouall Stuart vient de renoncer à sa troisième tentative de traversée de l’Outback australien. Burke sait que Stuart est sur le point de repartir pour une quatrième tentative. Le temps presse dans ce que la presse surnomme « la plus grande course australienne » (page 59).

En partant de Melbourne le 30 août 1860 avec « 23 chevaux, 26 dromadaires, 6 chariots, 19 membres d’expéditions – 5 d’origine anglaise, 6 irlandais, 4 Indiens sepoys, 3 Allemands et 1 Américain » (page 58), la troupe se scinde rapidement en plusieurs groupes. 4 hommes seulement (Burke, Gray, King, Wills) effectuent le trajet aller depuis l’avant-poste Cooper’s Creek jusqu’à la mer. Sur le chemin du retour, les 4 hommes espèrent que les autres membres de l’expédition, resté à l’avant-poste, les attendent toujours. En arrivant dans le camp, les 4 explorateurs remarquent que le camp est vide. En effet, les derniers résidents l’ont quitté le matin même. Parmi les 4 hommes, seul John King reviendra vivant après près de 5000 kilomètres (aller-retour). Burke et Wills meurent sur le chemin entre l’avant-poste et un poste de secours. Secouru par des Aborigènes, King est localisé par le cavalier Alfred Howitt, le 15 septembre 1861. Des funérailles nationales seront alors organisés en l’honneur de Burke et Wills, à Melbourne en 1863 à la suite de l’exhumation et du rapatriement de leurs corps.

Source : Burke & Wills, Glénat, 2020, pages 4-5

Colorisé et très agréable à lire, avec une teinte rappelant un western, la bande dessinée est un support particulièrement bien adapté au récit de voyages et d’explorations. Les auteurs ont fait preuve d’un important travail documentaire à partir de sources anglophones afin de reconstituer le trajet, les humeurs, les problèmes et les paysages traversées. Une réussite graphique au service d’un projet scientifique et didactique.

Une aventure éreintante sous des températures caniculaires entrecoupées de fortes averses au service des progrès de la cartographie.

Pour aller plus loin :

  • Présentation de l’éditeur -> Lien

Antoine BARONNET @ Clionautes