« Vous avez trop d’ennemis, et des ennemis trop puissants. Tel est l’effrayant pouvoir de la calomnie. L’acide de la rumeur, des clans qui intriguent dans l’ombre. Les attaques anonymes, la haine qui se répand sans limites et sans contrôle. » La cour clabaude…
Mercredi Ier janvier 1710, Philippe d’Orléans, fils de feu Monsieur, le frère cadet du roi, attend la visite d’un grand ami, Saint-Simon. Ce dernier a la lourde tâche d’expliquer au neveu de Louis XIV sa disgrâce prochaine et l’hostilité de la cour. Sa relation adultère avec la très jeune Mme d’Argenton mécontente fort Mme de Maintenon, qui s’est employée à moraliser le roi et sa cour.
Le mémorialiste décide de sauver son ami de la disgrâce : « Tandis que je mettais les fers au feu pour moi-même, je ne perdais point de vue la triste situation de M. le duc d’Orléans. Il était allé de Marly à Paris : ainsi je ne l’avais point vu, et, à Paris, je ne le voyais jamais. Frappé de la profondeur de sa chute, il ne se présenta à moi qu’un seul moyen de le relever, terrible à la vérité, et même dangereux à lui proposer vainement, très difficile à espérer de lui faire prendre, mais qui, tel qu’il était, ne fut pas capable de m’épouvanter : c’était de le séparer d’avec sa maîtresse pour ne la revoir jamais. » Saint Simon, Mémoires.
A partir de cette citation, Jean-Michel Delacomptée imagine le dialogue entre l’écrivain et le neveu du roi. L’ouvrage tente de restituer avec brio les arguments des deux hommes, amis depuis l’enfance, que tout oppose. Libertin, Philippe d’Orléans mène une vie de débauche au su de tous alors que Saint-Simon, mari irréprochable, coule une vie paisible près d’une femme parée de toutes les qualités. Comment persuader un prince de sang de se ranger comme le souhaite celle qui domine la cour royale ? Avec les pièces d’un jeu d’échec posé sur une table, l’éditorialiste avance des arguments qui persuadent lentement son ami de revenir à la raison. Il prépare une botte secrète, qui finalement évitera « l’échec au duc » …
Le romancier n’est pas à son premier essai. Portraitiste de nombreux écrivains et philosophes, Racine, La Bruyère, Bossuet, ou La Boétie, Jean-Michel Delacomptée, ardent défenseur de la beauté de la langue française, a su magnifiquement restituer « le beau discours » de l’honnête homme du XVIIIe siècle. On ne serait pas surpris qu’une belle pièce de théâtre mette en scène cet art oratoire si bien restitué.
Présentation de l’auteur par l’éditeur : https://www.lisez.com/livre-grand-format/cabale-a-la-cour/9782221250297